Vermilion cherche de nouvelles réserves de pétrole

Y a-t-il encore de l'or noir dans le sous-sol du département ? La société canadienne Vermilion, qui exploité déjà une centaine de puits, y croit.

C'est un bien étrange convoi qui parcourt en ce moment les routes et les chemins de Seine-et-Marne. Entre Châteaubleau et Beautheil, en passant par Voinsles et Jouy-le-Châtel, sur une surface de 160 km², la compagnie pétrolière canadienne Vermilion est en pleine campagne d'acquisition de données géophysiques. Pour cela, elle utilise trois énormes camions vibreurs, qui avancent à une moyenne horaire de 10 km/h et radiographient le sous-sol jusqu'à 3 000 m de profondeur.

Le premier producteur d'hydrocarbures en France souhaite ainsi développer ses connaissances sur la concession de Champotran. Une parcelle prospère exploitée au début par Esso, à partir de 1988, et dont Vermilion est parvenu, ces dernières années, à tirer encore de nombreux barils en trouvant de nouvelles réserves. «L'extension de la concession au sud est confirmée, se réjouit Jean-Pascal Simard, chargé de communication de la société. Il s'agit maintenant de continuer à forer mais avec le moins de risques possibles, puisque peu à peu nous nous éloignons du cœur du gisement. Il faut donc que ce soit rentable économiquement».

Vermilion, qui réalise chaque jour un chiffre d'affaires de près de 1 M€ grâce au pétrolee, engage 3,5 M€ à chaque forage. L'entreprise spécialisée dans l'exploitation de puits matures a investi 50 M€ cette année dans le département, dont sept pour ces études sismiques. Elle est parallèlement en train de finaliser la mise en production de ses cinq derniers forages à Champotran.

La compagnie assure ne s'intéresser qu'aux réserves conventionnelles. Ce dont doutent un peu les anti-pétrole de schiste, même s'ils ne se mobiliseront pas pour l'instant. «Sur le court terme, je ne suis pas inquiète. Mais sur le long terme, oui, explique Isabelle Levy, du collectif Pays fertois. Ils préparent la suite. Grâce à sa campagne, Vermilion va pouvoir voir toutes les couches dont celles de schiste».

Dans la perspective d'exploiter au mieux Champotran, quatre-vingts personnes se consacrent donc jusqu'en octobre à cette campagne d'acquisition de données. «Nous n'avions que des plans en 2D avec des trous de 2 à 5 km, précise Virginie Picornell, la géophysicienne. Avec la 3D, nous aurons un maillage plus serré, avec des informations tous les 25 m».  Ce sont ainsi 200 km de câbles qui sont déployés à travers les champs, les forêts et les routes. Les camions s'arrêtent tous les 250 m durant plusieurs minutes pour envoyer leurs ondes. «On a même installé des portiques pour faire passer les câbles sur les routes fréquentées», avance la géophysicienne.

Tout en demandant une autorisation de travaux à la préfecture, Vermilion a rencontré les 150 agriculteurs concernés, afin de s'assurer pouvoir passer à travers leurs champs. Quelques-uns ont refusé. «On peut aller sur 97 % du territoire que nous étudions, se satisfait Jean-Pascal Simard. En cas de dommage, nous indemnisons les agriculteurs».  Quatre géophysiciens se consacreront ensuite, durant plusieurs mois, à leur analyse.