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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
3 septembre 2014

Nadia, la femme derrière Copé

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Copé & Nadia 04

Les dernières révélations sur les comptes de l'UMP ont mis en cause Nadia Copé. Jusque-là très discrète, l'épouse d'un des hommes politiques les plus controversés du moment assume tout.

Elle préfère prévenir : «Je ne connais pas l'exercice, je vais chercher mes mots...» Assise à la table d'un café, à deux pas de la mairie de Meaux, Nadia Copé touille timidement son verre de jus de pomme pressée, laissant deviner qu'elle a certainement forcé sa nature réservée pour se prêter au jeu du portrait. Son visage, lui, est connu : un teint hâlé, des yeux très noirs, des pommettes rondes et les sourcils dessinés, un sourire éclatant. Mais pour le reste, on ne sait presque rien de l'ex-First Lady de l'UMP, toujours restée dans l'ombre de son mari.

«Nadia a un rôle de conseil»

D'entrée, elle dit «on» plutôt que «je» : «avec Jean-François, on partage tout», «on a décidé de faire ce parcours ensemble», «il avait besoin que je sois tout près». Tout près, elle le fut : d'humeur toujours égale, avenante, aussi affable que lui est sec et incisif en apparence, «Nadia» est omniprésente aux côtés de Jean-François Copé depuis qu'elle partage sa vie. Assise au premier rang de ses meetings ou à son côté dans un carré de TGV quand il discute en «off» avec des journalistes, toujours légèrement en retrait, juste ce qu'il faut... Une présence constante sur laquelle elle va devoir rendre des comptes : au début de l'été, au milieu du feu nourri des révélations sur les comptes de l'UMP sous la présidence Copé, son prénom à elle s'est retrouvé à la une, par deux fois. Coup sur coup, le «JDD» et Mediapart ont révélé que le parti, pourtant au bord du gouffre financier, a dépensé 24 000€ rien qu'en billets d'avion pour Madame, puis, plus gênant encore, qu'elle est rémunérée comme assistante parlementaire de son mari depuis six ans. Rien de vraiment illégal sur le papier. Mais la pratique, bien qu'assez courante au Palais-Bourbon, fait tache, surtout pour un Jean-François Copé dont le rapport à l'argent est régulièrement pointé du doigt et que la calamiteuse affaire Bygmalion venait de contraindre à la démission. La femme de celui qui est devenu le pestiféré de la classe politique n'a pas souhaité s'exprimer publiquement à ce sujet. C'est l'entourage de Copé qui s'en est chargé. «Nadia a un rôle de conseil», a-t-on fait savoir, simplement. Aujourd'hui encore, elle ne semble pas vraiment chercher à se justifier. Elle raconte ses moments passés à Meaux («presque une fois par semaine», affirme l'une de ses collaboratrices à la mairie) «au service de la petite enfance, des femmes battues, des seniors». Les visites, les coups de téléphone à des personnes seules, les conseils qu'elle donne à son mari sur ces sujets.

Elle assure n'avoir «jamais» douté de l'innocence de son mari

Nadia Copé ne hausse pas la voix. Ne montre aucune gêne particulière quand elle évoque ces semaines de déballage médiatique sur «l'ère Copé» à l'UMP. Elle lâche seulement, reprenant la première personne :«Ce qui m'a le plus choquée, ce sont les méthodes de délation...» Et se dit persuadée que ces révélations n'avaient pour but que d'atteindre son mari, dont elle assure n'avoir «jamais» douté de l'innocence. Quant aux sommes astronomiques indûment versées par l'UMP à l'agence Bygmalion et à sa filiale Event & Cie, créée par un protégé de Copé, elle dit les avoir découvertes en même temps que lui, par la presse. Et elle répète que son mari n'a jamais rien su avant cette date. Tant pis si elle est la seule à le croire. Et si son parcours à ses côtés était à refaire ? La réponse fuse : «Je referais tout pareil. Je ne changerais rien».  Alors on lui demande de se raconter. Nadia Ramama, de son nom de jeune fille, a grandi dans le 19ème arrondissement de Paris. Elle se dit «issue d'un milieu assez modeste». Son père, kabyle, a quitté l'Algérie des années 50 pour échapper à un mariage non consenti. Il a rencontré sa mère, française d'origine italienne, à Paris. L'un et l'autre travaillaient dans leur «petite entreprise de polissage de métaux». Nadia a un frère, Karim.

«Il m'a vite proposé d'être sa collaboratrice»

Son histoire avec Jean-François Copé, la femme éperdue d'admiration qu'elle est la livre volontiers. Leur rencontre en Corse. En vacances. Ils ont respectivement 18 et 20 ans. L'histoire des deux post-adolescents dure un an... avant que l'étudiant ambitieux qu'il était ne la «laisse tomber», comme elle le concède elle-même, étouffant un petit rire. Alors, chacun a vécu sa vie de son côté. Elle se lance dans plusieurs parcours d'études, sans trouver sa voie. Et rencontre son premier mari, très jeune. Ils ont treize ans et demi d'écart. C'est un psychiatre de renom. Elle se retrouve «propulsée dans une vie de femme» et abandonne les études. Eric et Nadia d'Alincourt vivront vingt deux ans ensemble et auront deux garçons. Fascinée par son métier, elle l'aide à son cabinet. Au point de se lancer, à 36 ans, dans des études de psychologie par correspondance à l'université Paris-B. Licence, master l, master 2. Jusqu'à ce que sa vie bascule complètement : «Mon mari est tombé malade, il a fait une dépression très grave. Il ne voulait pas se soigner. Il s'est suicidé en août 2008».  A l'époque, ses enfants sont âgés de 11 et 14 ans. C'est dans cette période douloureuse qu'elle croise de nouveau «Jean-François», son amour de jeunesse, dans un hall d'école. A l'époque, il est le fringant président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Leurs enfants fréquentent le même collège privé du 16ème arrondissement de Paris. Dès leurs premières retrouvailles, il lui est d'un soutien précieux. Lui-même sort d'un divorce éprouvant. «Il m'a vite proposé d'être sa collaboratrice», poursuit-elle. Nadia accepte et laisse tomber la psychologie. «J'avais fait un stage à la Maison de Solenn, j'aurais dû embrayer cette année-là, mais c'était trop difficile d'être dans la maladie mentale».  Les événements politiques et personnels s'enchaînent. Elle développe progressivement «une influence discrète et délicate» auprès du fougueux Copé, raconte l'un de ses plus proches collaborateurs. En 2010, à 44 ans, elle accouche d'une petite Faustine qui sera la sixième enfant de leur famille recomposée. Sa plus grande fierté. A la fin de l'année, Copé arrache le secrétariat général du parti. Un an plus tard, en décembre 2011, ils se marient à la mairie de Meaux. Les amis des affaires et de la politique sont là : le couple Raffarin, Charles Beigbeder...

«Lorsque j'épouse un homme, j'épouse ses convictions»

Ce n'est qu'en 2012 que les Français la découvrent vraiment. Copé se lance dans une campagne difficile pour la présidence du parti. Il est donné perdant. Nadia est présente dans la plupart des meetings. Près d'une centaine. Elle enchaîne les trains et les avions aux aurores, les courtes nuits, pourvu qu'elle puisse le suivre... Souriant aux mêmes petites phrases, applaudissant le même discours style «droite décomplexée» qui fit le succès du candidat auprès d'une bonne partie des militants mais contribua à en faire l'un des hommes politiques les plus détestés sur le plan national. A ce sujet, Nadia Copé assure n'avoir jamais eu le moindre désaccord sur le fond avec son mari. De mère catholique et de père musulman, non pratiquante comme eux, elle évoque spontanément l'anecdote du «pain au chocolat» pendant le ramadan, qui a été reprochée à Copé jusque dans les rangs de l'UMP. Pas de quoi fouetter un chat, selon elle : loin de chercher à stigmatiser une communauté, son mari n'a qu'une obsession, à l'en croire, lutter contre toutes les formes d'intégrisme. Tout juste concède-t-elle que l'anecdote ne gagne pas à être «sortie de son contexte». Mais elle assure, elle dont le père ne lui a jamais parlé arabe, par souci d'intégration, se reconnaître parfaitement dans ce discours. Et ajoutera plusieurs fois, sans ciller : «Lorsque j'épouse un homme, j'épouse ses convictions».  De la descente aux enfers de ces dix derniers mois, elle dit : «C'est une épreuve de la vie, mais j'en ai vécu beaucoup d'autres».  Pas un instant, Nadia Copé, qui dit attendre avec «confiance» que la justice fasse son travail, ne semble douter du retour en grâce de son mari. voire au sommet : «Il a un mental exceptionnel. Il se bat comme un lion. Moi, j'avais du mal à dormir. Lui, il était touché, blessé par l'injustice, mais il dormait. Aujourd'hui il a un rendez-vous avec l'humilité, la résilience. Il travaille sur lui. Mais il n'a aucun sentiment de revanche».  Puisqu'elle le dit...

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