Européennes : Edouard Martin, l’homme de Florange, rallie le PS
Edouard Martin va finalement franchir le pas. Le leader de la CFDT à Florange sera tête de liste aux européennes dans le Grand Est sous l’étiquette socialiste. La droite et le FN l’accusent mercredi matin d’opportunisme...
C’est une belle prise pour François Hollande. Edouard Martin, le leader de la CFDT à Florange, l’homme qui, il y a un an, dénonçait la «trahison» du chef de l’Etat à propos de l’extinction programmée des deux hauts-fourneaux du site d’ArcelorMittal, sera candidat aux élections européennes de mai 2014 sous la bannière socialiste.
Il sera tête de liste dans le Grand Est. Il l’a annoncé samedi dernier à ses camarades de la CFDT. Et a officialisé sa décision mardi soir sur France 2. «Je m’engage dans une nouvelle mission», a-t-il déclaré, désireux de «poursuivre le combat» pour l’industrie sidérurgique française «à un autre niveau, le niveau européen».
Un ouvrier élu
Pour la CFDT, qui a fait un principe de son indépendance à l’égard du politique, ce ralliement risque d’être compliqué à gérer. Edouard Martin lui-même a d’ailleurs longtemps craint d’être considéré comme un «vendu».
Florian Philippot, vice-président du FN, l’accuse ainsi mercredi matin d’être «allé à la soupe». Sur i>TELE, le bras droit de Marine Le Pen a condamné la candidature du responsable CFDT d’ArcelorMittal : «Edouard Martin, c’est la trahison à Florange, celui qui avait formidablement bien accueilli François Hollande le 26 septembre» dernier sur ce site lorrain «alors que lui-même, quelques mois avant, considérait que ce que proposait le gouvernement, c’était de la trahison». «On voit bien qu’en réalité, il avait déjà négocié sa place aux européennes», a encore dit le candidat Front national à la mairie de Forbach. «Il a fait comme les autres, il est allé à la soupe».
L’ex-Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin a lui ironisé mercredi en lançant : «au moins un de recasé !». Sur i>TELE, le sénateur a lancé, en allusion au long combat en Lorraine pour les emplois dans la sidérurgie : «Il y a au moins un de recasé ! C’est assez spectaculaire». «Le type est de qualité et je comprends qu’il ait envie de faire de la politique», a poursuivi l’élu de la Vienne. «Mais enfin le passage du syndicalisme à la politique ne se fait pas en général dans un climat de grande sincérité».
Sollicité par le sénateur PS de Moselle Jean-Marc Todeschini depuis le printemps dernier, Edouard Martin, semble-t-il, décidé qu’après le retour de François Hollande à Florange le 26 septembre. Le chef de l'Etat avait alors annoncé la création d’un centre de recherche public sur la sidérurgie.
Edouard Martin a donné son accord au premier secrétaire du PS, Harlem Désir, lors d’un dîner le 13 novembre dernier. Voilà pourquoi, trois jours plus tard, la tête de liste dans le Grand Est lui a été réservée. Avant de se déclarer publiquement, le syndicaliste a pris le temps de sonder ses compagnons de lutte : «Fonce ! Pour une fois qu’un ouvrier peut être élu», lui a dit l’un d’eux.
Depuis la parution en avril de son livre «Ne lâchons rien» sur ses mois de lutte syndicale, M. Martin avait à plusieurs reprises laissé entendre qu’il pourrait s’engager en politique.
Mais jusqu’à récemment il se méfiait du PS, de peur d’être utilisé comme un «gadget» électoral.
Il n'y a pas qu'un âne qui s'appelle Martin !