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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
13 mai 2015

A Gennevilliers, Mourad raconte Guantanamo et le jihad

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«Est-ce qu’à Guantanamo, c’est comme dans les prisons des films» ?  En cette soirée de rencontre avec Mourad Benchellali, ex-détenu du camp spécial et condamné en France pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, les questions des jeunes de Gennevilliers sont très concrètes sur la détention, la torture… Les adultes se montrent plus idéologues, mais aussi plus inquiets : «Si votre fils voulait partir demain faire le jihad, quels arguments utiliseriez-vous» ?

Patiemment, Mourad Benchellali raconte. Son départ, en juin 2001, pour un camp d’entraînement d’Al Qaida Kandahar en Afghanistan, sur les conseils de son frère. «Moi naïvement, je voyais ça comme une grande aventure. Je n’étais jamais sorti des Minguettes, mon quartier de Lyon. On était avant le 11 septembre. On ne connaissait pas Ben Laden».  Mourad est parti «pour le risque, pour me la raconter dans le quartier. J’étais jeune».  Il raconte les entraînements physiques le jour, les vidéos de propagande la nuit. «On essayait de nous faire croire que les attentats suicides font partie de la religion et du jihad». Il sera finalement arrêté dans les montagnes du Pakistan et transféré à Guantanamo. «Les cages, la tenue orange, les tortures, les interrogatoires du FBI, de la CIA, j’ai vécu ça pendant deux ans et demi».  Selon lui, de nombreuses raisons poussent les jeunes d’aujourd’hui à partir pour le jihad. La religion, mais pas seulement. «Défendre les Syriens, être un martyr, appartenir à un groupe, se sentir courageux… Et puis porter une kalachnikov avec de vraies balles, ça donne un sentiment de toute-puissance. Quand j’ai vu la vidéo des frères Kouachi sortant de la voiture armes à la main, j’ai vu ce sentiment de puissance»…

Dans la salle, pas un bruit. C’est à Gennevilliers qu’habitait justement Chérif Kouachi, c’est aussi là qu’il est inhumé. Après les attentats de janvier, la ville (PCF) a eu envie d’orienter l’une de ses rencontres mensuelles de citoyenneté à l’intention des jeunes sur la radicalisation religieuse. «Son histoire n’est pas claire, juge à chaud Myria, 25 ans. Mais c’est bien qu’il raconte. Je connais moi-même un jeune avec lequel j’étais au lycée qui est parti au jihad. Ça m’a fait un choc». Rayane, 18 ans, juge ce témoignage «convaincant et sincère». «Ceux qui ont vraiment décidé de partir partiront. Mais pour ceux qui hésitent, c’est mieux qu’un spot gouvernemental».

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