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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
30 novembre 2014

UMP : «Pas de chèque en blanc» pour Sarkozy

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Dix ans après sa première élection à la présidence de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), Nicolas Sarkozy est revenu, samedi 29 novembre, aux manettes du parti. L’objectif reste le même : transformer l’appareil partisan en une machine de guerre électorale pour conquérir l’Elysée. La stratégie aussi : comme en 2004, il se pose en rassembleur du principal parti de droite. Mais son score est différent : il est près de 20 points inférieur à celui qu’il avait obtenu (64,5 % contre 85 %).

La victoire est là, mais on est loin du plébiscite espéré un temps par les sarkozystes. Le principal enseignement : l’ancien chef de l’Etat n’a pas tué le match à droite dans la course pour 2017. Sa petite victoire ne lui permet pas d’écraser la concurrence dans la nouvelle campagne qui débute, celle de la primaire de 2016 pour la présidentielle. M. Sarkozy n’a pas réussi à obtenir un score soviétique et à s’imposer comme le candidat naturel de son camp pour la présidentielle, comme cela avait été le cas il y a dix ans. Résultat : celui qui s’imagine comme le chef incontesté de son camp n’a pas les pleins pouvoirs. Le successeur de Jean-François Copé va devoir composer avec ses rivaux.

Et d’abord avec Bruno Le Maire, qui est l’autre gagnant du scrutin interne. En obtenant plus 29,18 %, le député de l’Eure a réussi son pari : il a émergé en portant le thème du «renouveau». Il a montré qu’il faudrait désormais compter avec lui à droite. M. Le Maire, qui entend «garder [sa] liberté» pourrait profiter de la dynamique pour se déclarer candidat à la primaire. En attendant, Nicolas Sarkozy a déjà prévenu de s’entretenir avec lui lundi matin, comme avec les autres responsables du parti.

Le nouveau président de l’UMP, qui s’exprimera dimanche lors du journal de 20 heures de TF1, pourra mesurer l’ampleur de la résistance à laquelle il doit faire face en interne. Ses trois rivaux déclarés pour la primaire ont montré samedi soir qu’ils n’entendaient pas mettre un genou à terre devant lui. Et comptaient bien le contraindre à participer à une primaire ouverte et transparente en 2016. Principal rival de M. Sarkozy, Alain Juppé lui a adressé ses «félicitations très amicales», sans oublier de préciser : «A lui maintenant de redonner à l’UMP l’élan qu’elle attend, et pour cela il faudra rassembler».  «Qu’il apaise, car il y a eu des tensions incontestables», a poursuivi le maire de Bordeaux. «Ce n’est pas dans le conflit interne que l’on peut faire évoluer les choses. C’est à lui de prendre l’initiative», a-t-il insisté, en mettant en avant ses propres revendications : «Je suis prêt à l’aider dans la ligne que j’ai indiquée, un large rassemblement de la droite et du centre». Sujet de clivage entre les deux favoris pour 2017.

Le résultat obtenu par M. Sarkozy ne lui donne «pas de chèque en blanc», a résumé le député, Benoist Apparu, qui soutient M. Juppé, dimanche sur France Info.

A son tour, François Fillon a montré qu’il ne se soumettrait pas à celui qui a été élu président de l’UMP et continuerait à faire entendre sa «différence». Dans un communiqué très offensif, l’ancien premier ministre a félicité «le nouveau président» de sa formation politique, sans citer son nom. «Je prends acte du choix des adhérents et j’invite au respect de toutes les opinions exprimées lors de cette élection», écrit-il, avant de lâcher : «L’union n’est pas soumission. Un grand parti moderne accepte la différence». Quant à Xavier Bertrand, il n’a même pas félicité le vainqueur. Cet autre candidat à la primaire a simplement constaté que «les militants ont choisi Nicolas Sarkozy pour présider l’UMP». En revanche, il a «salué le score élevé de Bruno Le Maire, qui confirme la demande de renouveau de nos militants».

LE DÉFI DU RASSEMBLEMENT

Le plus dur commence donc pour Nicolas Sarkozy, qui va tenter de rassembler un parti déchiré par les divisions internes et fragmenté en plusieurs écuries présidentielles. La mission paraît quasi impossible dans une formation qui sort d’une longue guerre fratricide de plus de deux ans et porte encore les stigmates de la bataille Copé-Fillon. Les Français ne sont guère optimistes sur ses chances de recoller les morceaux : ils sont 68 % à pronostiquer l’implosion de l’UMP, selon un sondage Odoxa pour i-Télé et Le Parisien, publié samedi.

Surtout, M. Sarkozy ne fait plus l’unanimité au sein de son propre camp depuis sa défaite à la présidentielle, à l’issue d’une campagne marquée par des dérives droitières. Beaucoup de parlementaires ne sont plus prêts à le suivre comme c’était le cas en 2004. «Quand un général est sûr de vous amener la victoire mais que vous ne l’aimez pas trop, vous suivez sans broncher. Mais quand vous avez des doutes sur ses capacités et que vous ne l’aimez pas trop, vous décrochez», analyse un député UMP, qui a pris ses distances avec l’ancien président de la République. Sa campagne brouillonne n’a pas été de nature à rassurer les élus sceptiques…

Le nouveau président va aussi devoir redresser les finances du parti, endetté à hauteur de 74 millions d’euros, et traîner le boulet de l’affaire Bygmalion dans laquelle il pourrait être entendu dans les mois à venir. Nicolas Sarkozy s’est aussi engagé à refonder le parti, qui est sans véritable corpus idéologique.

Dans l’immédiat, son principal défi reste de composer l’équipe dirigeante. La principale interrogation concerne la place de numéro deux. Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez visent le poste de secrétaire général, même si Luc Chatel pourrait finalement être maintenu dans ses fonctions. Seules certitudes : Frédéric Pechenard, qui a été directeur de campagne de M. Sarkozy, sera le nouveau directeur général de l’UMP et le député du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle va devenir trésorier du parti.

«IL A LA MACHINE»

Les sarkozystes, eux, font tout pour positiver. «Les militants ont fait un choix clair, net et précis», se félicite Brice Hortefeux, fidèle lieutenant de Nicolas Sarkozy. «Il a rassemblé près de deux tiers des suffrages et plus de 100 000 voix», souligne-t-il. Soit un socle électoral non négligeable dans l’optique de la primaire. Même si ce capital ne paraît pas décisif si la primaire réunissait près de trois millions de votants, comme le réclame Alain Juppé. Mais pour ses partisans, M. Sarkozy a l’essentiel. «Il a remis la main sur la machine. C’est le plus important. Désormais, il va pouvoir passer de la parole à l’action», selon l’un d’eux.

Pour ses soutiens, M. Sarkozy va désormais pouvoir monter en puissance en profitant de sa position à la tête du principal parti d’opposition : «Il va prendre toute la lumière en représentant l’UMP et va tirer bénéfice des bons scores attendus aux élections cantonales et régionales, en 2015».  Le nouveau patron du parti va en outre disposer des moyens financiers du parti, qui compte près de 80 permanents, et avoir la haute main sur les investitures. Des atouts de poids dans la bataille pour 2017.

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