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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
24 novembre 2014

La fuite d'un rapport prônant une modification des 35 heures irrite le PS

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Les hiérarques socialistes montent au créneau. Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, a assuré, lundi 24 novembre, qu’il n’y aurait pas en France de remise en cause des trente-cinq heures. Une réaction à des informations parues dans le magazine allemand Der Spiegel assurant qu’un assouplissement des trente-cinq heures et un gel des salaires sur trois ans en France figuraient parmi les propositions d’un rapport sur la croissance commandé par Paris et Berlin.

Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Jean-Christophe Cambadélis, s’est aussi démarqué du contenu supposé du rapport Pisani-Ferry - Enderlein. «Il vaut mieux se concentrer sur la relance européenne plutôt que de rogner les acquis en France» a-t-il déclaré, lundi 24 novembre, sur i-Télé. La veille, sur RTL, interrogé sur un éventuel assouplissement des trente-cinq heures, il avait répondu : «Les trente-cinq heures, je crois que le président de la République, et je suis certain le premier ministre, ont fermé la porte à leur assouplissement».

C’est jeudi 27 novembre que les gouvernements français et allemand recevront ce rapport réalisé par deux économistes, le Français Jean Pisani-Ferry et l’Allemand Henrik Enderlein. D’après le Spiegel, qui dit avoir eu accès au document, le rapport préconiserait «entre autres une flexibilisation du marché du travail en France, ainsi qu’un assouplissement des trente-cinq heures dans de nombreux secteurs. En outre, le document plaiderait pour un gel des salaires pendant trois ans pour rendre les entreprises françaises plus compétitives».

Côté allemand, le texte encouragerait Berlin à doubler ses investissements dans les infrastructures en Allemagne, encore selon le Spiegel. Un effort supplémentaire de 20 milliards d’euros d’ici à 2018 devrait être annoncé, au lieu des 10 milliards prévus jusqu’à présent, poursuit le magazine.

DES DÉMENTIS QUI NE DÉSAMORCENT PAS LA POLÉMIQUE

Ces fuites ont été démenties par les auteurs du rapport. «Les éléments du Spiegel ne reflètent pas le contenu du rapport», affirment-ils. «Nous avons davantage cherché à établir un certain nombre de priorités qu’à faire des propositions nouvelles», précise Henrik Enderlein, qui lundi matin insiste sur son compte Twitter.

Contacté par l’Agence France-presse, Jean Pisani-Ferry a assuré dans un texto que «le Spiegel n’a pas eu accès au rapport», avant d’ajouter : «Les éléments qu’il publie ne reflètent pas son contenu. Henrik Enderlein et moi ne souhaitons pas communiquer à ce stade».

Ces démentis n’ont pas totalement désamorcé la polémique naissante. D’abord parce que le ministre de l’économie français, l’un des demandeurs du rapport, multiplie depuis plusieurs mois les déclarations ambiguës sur les trente-cinq heures. Ainsi déclarait-il jeudi devant les députés : «On peut défendre les trente-cinq heures, et pour ma part je les défends, sans pour autant les mettre sur un piédestal». En fait, sans toucher à la durée légale du travail de trente-cinq heures, M. Macron se déclare régulièrement favorable à un élargissement des possibilités d’y déroger en cas d’accord majoritaire dans l’entreprise ou la branche professionnelle.

Concernant le gel des salaires, la proposition — difficile à appliquer, car on voit mal comment décréter un tel blocage dans les entreprises privées — renvoie plutôt au sujet de la modération salariale et à la baisse des coûts salariaux en France pour regagner en compétitivité. Un sujet qui agite également la France depuis des mois et qui a conduit le gouvernement à instaurer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), avec des premiers résultats.

Selon l’AFII, l’Agence française pour les investissements internationaux, «le coût horaire du travail pour l’ensemble de l’économie en France a stagné en 2013, alors que la zone euro progresse (+ 1,4 %), ainsi que l’Allemagne (+ 2,6 %), l’Autriche (+ 3,0 %) ou encore les Pays-Bas (+ 2,8 %). Seul le Royaume-Uni recule (- 3,2 %) et l’Irlande stagne».

La question d’une plus grande flexibilisation du marché du travail pourrait également une nouvelle fois reposer la problématique du salaire minimal de croissance et de son niveau. Trois économistes — Philippe Aghion, Gilbert Cette et Elie Cohen — avaient estimé nécessaire de repenser le rôle et la politique du smic, car, «un salaire minimum trop élevé peut nuire à la fois à l’emploi, à la confiance et à la mobilité sociale».

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