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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
30 juin 2014

Après Herzog et Azibert, Sarkozy devrait être bientôt entendu

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Thierry Herzog 01

L'avocat de Nicolas Sarkozy Thierry Herzog et le magistrat Gilbert Azibert ont été placés en garde vue, lundi 30 juin au matin, à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) de la police judiciaire, selon les informations du Monde. M. Azibert a été interpellé à l'aube à son domicile bordelais. Un autre haut magistrat, Patrick Sassoust, avocat général à la chambre criminelle de la Cour de cassation a également été placé en garde à vue, lundi.

Les trois hommes devaient être interrogés dans le cadre de l'enquête pour «trafic d'influence» et «violation du secret de l'instruction» menée par les juges d'instruction Patricia Simon et Claire Thépaut, du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris. Selon plusieurs sources, M. Sarkozy lui-même devrait être à son tour convoqué dans les locaux de l'OCLCIFF, à Nanterre, dans les jours qui viennent.

Comme l'avait révélé Le Monde le 8 mars, les enquêteurs pensent avoir mis au jour un «réseau» d'informateurs, au sein de la police et de la justice, susceptible de renseigner les proches de l'ancien président de la République dans les procédures judiciaires pouvant le menacer.

INTERCEPTIONS TÉLÉPHONIQUES

Les soupçons sont apparus au détour d'une information judiciaire pour « corruption » ouverte au printemps 2013 à Paris. Confiée aux juges Serge Tournaire et René Grouman, elle vise un éventuel soutien financier de la Libye à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2007. Dans le cadre de cette procédure, les enquêteurs ont placé sous surveillance téléphonique plusieurs proches de l'ancien chef de l'Etat, puis M. Sarkozy lui-même, à partir de septembre 2013.

Après avoir constaté que M. Sarkozy se montrait laconique au téléphone, ils ont découvert qu'il disposait d'un second portable, enregistré sous un nom d'emprunt, un certain Paul Bismuth. A son tour, cet appareil est placé sous surveillance, révélant alors des échanges avec un autre téléphone mobile acquis sous une fausse identité : en l'occurrence, le portable acquis tout spécialement par Me Herzog pour échanger en toute confidentialité avec son client.

Les interceptions téléphoniques ont révélé que M. Sarkozy et son avocat semblaient très bien renseignés sur la procédure Bettencourt, alors examinée par la Cour de cassation. Gilbert Azibert, avocat général près la Cour de cassation – il est affecté à une chambre civile – et ami de vingt ans de M. Herzog, est suspecté par les enquêteurs d'avoir joué les informateurs.

«SCANDALE D'ETAT»

S'il n'est pas directement lié à l'affaire Bettencourt, puisqu'il s'occupe de dossiers civils, M. Azibert a accès au service intranet de la haute juridiction. Tous les avis y sont consignés, notamment les travaux préparatoires aux débats. Les écoutes suggèrent que M. Azibert, en échange des renseignements qu'il délivre, aurait souhaité bénéficier d'un coup de pouce de M. Sarkozy pour obtenir un poste en principauté de Monaco.

«Ces communications mettent en évidence que ce magistrat aurait fait part à Thierry Herzog de son souhait d'être nommé conseiller au tour extérieur au Conseil d'Etat de Monaco et que Nicolas Sarkozy aurait assuré qu'il l'aiderait dans ce projet “avec ce qu'[il] fai[t]” (selon Thierry Herzog)», résumait ainsi, le 26 février, la chef du parquet national financier, Eliane Houlette, dans un rapport destiné au parquet général. Interrogé par Le Monde, M. Herzog avait dénoncé, le 8 mars, «une affaire politique».

«Cette affaire de pseudo-trafic d'influence, avait ajouté l'avocat, est en réalité un scandale d'Etat, mais pas au sens où on l'entend. Pour qu'il y ait trafic d'influence, il faudrait qu'il y ait ou qu'il y ait eu influence, c'est-à-dire des pressions d'un haut magistrat sur le président de la chambre criminelle de la Cour de cassation et les dix magistrats qui la composent ! Non seulement on ne peut exercer une influence que l'on n'a pas, mais M. Azibert ne siège pas à la chambre criminelle».

La révélation de cette affaire avait contraint M. Sarkozy à sortir du silence médiatique qu'il s'était imposé. Dans une tribune publiée par Le Figaro le 21 mars, l'ex-président avait dénoncé des «coups tordus» et des «manipulations grossières», mis en cause implicitement le pouvoir en place, et accusé la justice française d'avoir recours aux méthodes «de la Stasi», l'ancienne police politique est-allemande, réputée pour sa propension à placer sur écoute nombre de ses concitoyens.

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