Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
20 juin 2014

Quand Copé dissuadait Sarkozy de faire son dernier meeting sur le Champ-de-Mars

Logo Mariane

Selon nos informations, lors de la campagne présidentielle, Jean-François Copé a personnellement convaincu Nicolas Sarkozy d’organiser son dernier grand meeting en haut du Trocadéro plutôt que sur le Champ-de-Mars pour éviter de payer une facture à la mairie de Paris… L’argent était donc bien un sujet de conversation entre les deux hommes.

Le 1er mai 2012. C’était le dernier grand meeting de la folle campagne de Nicolas Sarkozy. Une nuée de drapeaux bleu-blanc-rouge envahissait l’esplanade supérieure du Trocadéro. Nicolas Sarkozy exultait devant des milliers de sympathisants. Les caméras le filmaient sous tous les angles devant la tour Eiffel. Le soleil était au rendez-vous, la fête aussi.

Et l’argent coulait à flot. Facture : 576 421 € pour Event & Cie, la filiale de Bygmalion, dirigée par des proches de Jean-François Copé. Environ 500 000 € pour Agence Publics, la société sollicitée par Franck Louvrier, le conseiller en communication de Nicolas Sarkozy.
 
Selon nos informations, la facture aurait pu être beaucoup plus salée. En effet, Nicolas Sarkozy aurait souhaité, dans un premier temps, organiser son dernier grand meeting sur... la pelouse du Champ-de-Mars. «Mon ami Johnny» y organise bien des concerts, alors…
 
LAMBERT, INCAPABLE D’ALERTER SARKO
 
Sauf… qu’il y avait un hic. Et de taille : pour réparer les prévisibles dégâts sur la belle pelouse, la mairie de Paris n’aurait pas manqué de présenter une belle facture à l’équipe de campagne de Sarkozy. Souvenez vous, en janvier 2013, la Manif pour tous avait dû ainsi payer une facture de 100 000 €, après que ses sympathisants aient piétiné le célèbre Champ-de-Mars.
 
Face à la perspective d’une telle dépense supplémentaire, le directeur de campagne, Guillaume Lambert, ancien chef de cabinet de Nicolas Sarkozy a pourtant été incapable d’alerter le président-candidat.
 
Comme nous le révélions dans notre enquête sur Bygmalion et la campagne de 2012 dans le numéro de Marianne de la semaine dernière, cet épisode révèle de nouveau l’incapacité de Guillaume Lambert d’assumer pleinement son rôle de directeur de campagne : « Il a été incapable de tirer la sonnette d’alarme, nous avait ainsi raconté un ancien du staff de campagne, de dire tout simplement "non" au président, ou de faire circuler les infos entre l’équipe opérationnelle située au QG de campagne et l’équipe stratégique qui se réunissait chaque fin d’après-midi à l’Elysée, avec les conseillers Patrick Buisson, Pierre Giacometti, et Franck Louvrier… Résultat, il était souvent contourné».
 
COPÉ EN... LANCEUR D’ALERTE
 
Justement, pour convaincre en douceur Nicolas Sarkozy de déplacer son dernier grand meeting sur l’esplanade du Trocadéro, le directeur adjoint de la campagne, Jérôme Lavrilleux, demanda alors, d'après le récit qui nous a été fait, à Jean-François Copé de jouer les intermédiaires entre l’équipe de campagne et le candidat-président — sa qualité de secrétaire général de l’UMP devait sûrement lui permettre d’avoir plus de poids face à un Sarko tout excité à quelques jours du second tour.
 
La prise de contact aurait eu lieu cinq jours avant le 1er mai. «Au final, ce fut l’un des plus beaux meetings de la campagne, se souvient un des membres de l’équipe de campagne. En plein air complet. Bien sûr, on a eu de la chance, le beau temps était de la partie, mais surtout, l’espace était beaucoup plus simple et rapide à remplir, et on a donc eu moins de TGV à affréter. Résultat, ce fut à la fois le plus beau meeting et le moins cher»…  De fait les deux précédents grands meetings — Villepinte et la Concorde — furent facturés par Event & Compagnie 1,8 million d’euros et 1,9 million d’euros, et par Agence Publics, environ 1,3 million d’euros et 900 000 €. 
 
En tout cas, la préparation du meeting du Trocadéro prouve encore une fois que l’argent était bien un sujet de conversation entre les deux responsables politiques durant la campagne présidentielle de 2012. Comme dans la fameuse lettre de Guillaume Lambert adressée au parquet, où figure le contenu éclairant d’un SMS envoyé par Jérôme Lavrilleux le 28 avril 2012 : «Jean-François ne vient pas à Clermont, il y est allé la semaine dernière. Louer et équiper la deuxième halle est une question de coût. Nous n'avons plus d'argent. JFC [Jean-François Copé] en a parlé au PR [président de la République]» .

L’ARGENT, LE NERF DE LA GUERRE
 
Bien sûr, ce texto ne permet pas de savoir si Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé ont ensuite été mis au courant de la mise en place d'un système présumé frauduleux pour maquiller les dépassements des frais de la campagne, et à en croire Jérôme Lavrilleux cité hier dans Libération il ne s'agirait «pas de l’argent des comptes de campagne. Ce SMS évoque le problème des banques qui veulent alors se retirer de notre pool bancaire, sentant la défaite approcher. Si la BNP ou la Société générale étaient parties, nous aurions été en cessation de paiement. C’est de ce sujet dont il a été question entre Copé et Sarkozy».
 
Néanmoins, c’est lors de cette discussion entre les deux hommes, que l’impossibilité d’un meeting sur le Champ-de-Mars aurait également été abordée.
 
En cette fin de campagne, l’argent devenait bien le nerf de la guerre. Début avril, Franck Attal, le responsable opérationnel d’Event & Cie rencontre l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy. Lors de cette réunion — en présence de Jérôme Lavrilleux et Eric Césari — aurait été décidé, comme nous le révélions dans notre précédente enquête, le versement d’1,5 million d’euros, via le chéquier de l’association de campagne, à Event & Cie, pour que la société puisse commencer à payer ses différents prestataires. Mais, début avril, il était déjà trop tard pour arrêter la machine.

Publicité
Publicité
Commentaires
Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 842 024
Publicité