Le retour de “l’intelligence de la main”, ou l’art de mettre l’apprentissage dans l’impasse

Ceux qui se posent en défenseurs résolus de l’apprentissage lui font beaucoup de tort en le liant dans leurs discours enflammés aux métiers manuels.

Nadine Morano, ministre en charge de l’apprentissage déclarait en juin 2011 « Il faut revaloriser l’intelligence de la main ». Pourtant tous ceux qui s’intéressent réellement à l’apprentisasge savent que son potentiel de développement n’est pas dans les métiers manuels en France comme en Europe (voir Apprentissage : le regard européen confirme que le développement ne peut se faire que hors des secteurs traditionnels)

Ce 18 juin, lors de la séance de questions orales à l’Assembéle Nationale, Olivier Dassault, député UMP de l’Oise (en photo), interroge le ministre à propos d’une vraie question, la baisse des effectifs de l’apprentissage,  en ces termes “pour valoriser la diversité des talents, sur l’apprentissage, sur cette intelligence de la main qui garantit un emploi rapide à l’issue de la formation“.

Comme si le lien était naturel entre apprentissage et travail manuel, alors que l’essentiel du développement de l’apprentissage s’est produit dans le tertiaire !

Face à une telle présentation, comment ne pas comprendre que le ministre réponde ”c’est que les entreprises parlent beaucoup de l’apprentissage comme d’une voie exemplaire – ce en quoi elles ont raison – mais ne prennent pas assez souvent des jeunes en alternance. Aujourd’hui, 4 % seulement des entreprises le font. En répondant à votre question, je lance un appel à l’ensemble des entreprises françaises : pas un jeune en CFA ne doit être hors de l’alternance au moment de la rentrée scolaire, en septembre 2014 – c’est en effet à ce moment-là que tout se joue”.

C’est en effet à la rentrée en septembre que nous saurons si les entrées en alternance, en baisse en 2013, et durant les quatre premiers mois de l’année 2014 (voir Nouvelle baisse de l’alternance en avril : - 14 % sur les quatre premiers mois de l’année) se redressent : vu l’atonie économique, ce n’est pas gagné.