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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
3 mars 2014

Les questions auxquelles Copé ne répond pas

Jean-François Copé avait ménagé ses effets. Dans une déclaration aux accents solennels, le chef de file de l'UMP, a répondu lundi 3 mars au Point qui l'avait mis en cause, jeudi, pour les relations très étroites entre la société Bygmalion, dirigée par plusieurs de ses proches, et le parti. M. Copé a évoqué une nouvelle loi sur la transparence, la possibilité de mettre à disposition les pièces comptables de la campagne 2012 (qui sont déjà disponibles à la Commission nationale des comptes de campagne et pour des financements politiques - CNCCFP), demandé des déclarations d'intérêts pour les patrons de presse… Mais n'a pas répondu à un certain nombre de questions, qui auraient pourtant pu lever le doute sur les affirmations du Point.

  • Quel rôle joue Bygmalion à l'UMP ?

Le Point affirme disposer de pièces prouvant que la société Bygmalion fournit des prestations de service pour l'UMP au travers de plusieurs filiales, notamment Events & Cie, la société qui a organisé une quarantaine de meetings de campagne pour l'UMP et Nicolas Sarkozy.
Combien d'argent cette société a-t-elle touché de l'UMP ? Quelle part du budget du parti pour les événements est-elle attribuée à Events & Cie ? De quelles autres tâches se charge Bygmalion ? Autant de questions auxquelles M. Copé aurait pu répondre.

  • Cette société a-t-elle vu ses contrats augmenter depuis que M. Copé est à la tête du parti ?

Toujours à propos de Bygmalion, l'une des questions essentielles porte sur le fait que M. Copé ait, depuis qu'il est à la tête de l'UMP, favorisé Bygmalion, lui offrant de plus en plus de contrats. Là aussi, le patron de l'UMP aurait pu répondre, chiffres à l'appui, en donnant année par année le montant total des contrats passés avec Bygmalion et ses filiales. Il ne l'a pas fait.

  •  Quels liens exacts entretient M. Copé avec les principaux acteurs de l'affaire, Bastien Millot, Emmanuel Limido et Guy Alves ?

Autre question posée par les révélations du Point : les relations entre M. Copé et les principaux acteurs de Bygmalion et de la filiale Events & Cie, qu'il connaît depuis de nombreuses années.

Notamment : Bastien Millot, très proche de M. Copé, qu'il conseille ; Guy Alves, actuel patron de Bygmalion, qui fut son chef de cabinet au ministère du budget avant de passer par Centuria Capital ; Emmanuel Limido, actuel patron de Centuria Capital et ex-intermédiaire de l'Etat pour la vente de biens immobiliers au Qatar quand M. Copé était ministre du budget.

Jean-François Copé ne s'est jamais expliqué sur ses relations avec ces trois hommes.

  • Pourquoi M. Copé nie-t-il s'être chargé de ventes immobilières de l'Etat lorsqu'il était ministre du budget ?

Selon Le Point, outre Guy Alves et Bastien Millot, un troisième investisseur se cache derrière Bygmalion, Emmanuel Limido, à la tête de Centuria, «un fonds d'investissement de plus de 4 milliards d'euros largement abondé par les Qatariens». Ce fonds aurait notamment servi d'intermédiaire lors de «la vente de deux joyaux appartenant à l'Etat», quand Jean-François Copé était ministre du budget. Invité vendredi 28 février sur l'antenne d'Europe 1, le président de l'UMP a assuré n'avoir jamais eu connaissance des biens immobiliers dont l'Etat s'est séparé.

Or à cette époque, le président Jacques Chirac, dont c'était le second mandat, a lancé une ambitieuse politique de cession des biens immobiliers de l'Etat, afin d'alléger la facture en terme de gestion et, évidemment, de faire entrer de l'argent dans les caisses. Pour la seule année 2006, ces ventes ont permis d'engranger quelque 800 millions d'euros.

M. Copé était alors ministre délégué au budget ; à ce titre, il a piloté la politique souhaitée par le président Chirac et notamment installé le Conseil immobilier de l'Etat, agence qu'il a portée officiellement sur les fonts baptismaux en signant le décret. Etant donné les sommes en jeu – 799 millions d'euros pour la seule année 2006 – ainsi que la forte pression politique, M. Copé ne pouvait ignorer ces ventes.

N'ayant pas souhaité répondre aux questions de la presse, M. Copé n'a pas eu à y répondre, et a pu concentrer son allocution «solennelle» sur les propositions de loi qu'il entend déposer. Sans contradiction.

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