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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
8 décembre 2013

Grandeur et petites misères des maires de France, ces élus "de proximité"

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De la banlieue rennaise à Calvi, les maires de tous bords, hommes ou femmes, novices comme vieux routiers de la politique, chérissent ce mandat électif "de proximité" qui leur vaut quelques belles satisfactions, mais aussi nombre de tracasseries au quotidien.
. Première élection : le "meilleur souvenir"
Quand on les interroge sur le "meilleur souvenir" de leur mandature, certains édiles citent spontanément le jour de leur première élection, comme c'est le cas d'Ange Santini, 54 ans, maire UMP de Calvi (Haute-Corse) depuis 1995.
Voire de leur réélection, comme pour Jean Leonetti, député-maire UMP d'Antibes (Alpes-Maritimes) qui se réjouit d'avoir été reconduit en 2001 "dès le premier tour".
D'autres, comme Joël Sérafini, maire DVG de Bédarrides (Vaucluse) depuis 2008, s'attachent à une réalisation particulière, comme l'inauguration d'une station de pompage dans sa commune de 5.213 habitants, sujette aux inondations. Il a fallu "vaincre des montagnes de fatalisme", se rappelle le jeune édile de 35 ans.
. Il y a aussi les mauvais jours...
Au quotidien, le pire reste les suicides et les accidents qu'il faut venir constater en tant que premier magistrat de sa commune.
"En août 2012, j'ai un jeune qui s'est tué à 03H00 du matin en scooter, c'était atroce", relate Gérard Dujarrier, maire DVD depuis 2008 du village du Horps (Mayenne). "Je venais d'être élue, j'ai dû aller sur un incendie de maison. J'ai vu un homme brûler, c'était une scène abominable", confie de même Marie-France Beaufils, sénatrice-maire PCF de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) depuis 1983.
Jean Leonetti, lui, se souvient d'une campagne particulièrement violente avant sa première élection en 1995: "On m'a tué mon chien, on m'a dévissé mes roues de voiture, on m'a fait 15 tracts diffamatoires dans une même journée"!
. La mairie "cour des miracles"
"Je ne peux pas descendre dans la rue sans que quelqu'un vienne me parler d'un petit problème", assure Michel Bihan, maire PS de Cesson-Sévigné, commune résidentielle à la périphérie de Rennes. A les écouter, les maires semblent en effet incontournables pour toutes les tracasseries du quotidien auxquelles font face leurs administrés.
"Dans ce monde de répondeurs téléphoniques, quand les gens ont un interlocuteur physique en face, ils aiment bien", analyse Mme Beaufils. "Ils s'adressent à nous pour des problèmes de voisinage... ou la météo!", constate lui aussi M. Dujarrier.
"On a l'impression que la mairie, c'est la cour des miracles", ironise Joël Sérafini.
Selon M. Bihan, "le maire a encore une bonne image auprès du public". "Nous sommes le lien de proximité par excellence avec les concitoyens", estime son homologue de Calvi.
. "Autorité certaine" auprès de l'administration
"Mes fonctions de maire de l'une des plus importantes communes de Corse me confèrent une autorité certaine", mais "paradoxalement", souligne M. Santini, cette autorité est "davantage respectée par les hauts représentants de l'Etat que par le reste de l'administration".
Et l'élu local est d'autant plus écouté s'il est par ailleurs député ou ministre, "qu'il soit dans la majorité ou l'opposition d'ailleurs", relève Jean Leonetti, qui fut lui-même ministre sous Nicolas Sarkozy.
Néanmoins certains maires se disent agacés par le fait qu'on ne les laisse pas forcément décider, par exemple sur "la question des rythmes scolaires", peste Joël Sérafini.
. "Un mandat d'action, pas un mandat du verbe"
"A l'Assemblée nationale, on fait le meilleur des mondes, mais c'est souvent désincarné", analyse Jean Leonetti, pour qui le mandat de maire est "un mandat d'action, pas un mandat du verbe".
Le plus gratifiant est donc pour ces édiles "la concrétisation" de leurs projets, souligne M. Sérafini.
Parfois, cependant, les maires peinent à imposer leur vision. C'est "l'autre rançon de la proximité", estime M. Leonetti. "La démocratie participative s'est installée partout" alors qu'"il y a 20 ans, pour réaliser un projet, on ne demandait son avis à personne", note l'élu azuréen.
. Casse-tête administratifs et juridiques
Selon lui, "chaque projet est une course d'obstacles, administratifs et juridiques". "Les collectivités croulent aujourd'hui sous le poids des normes : il y en a 400.000 en France!", s'insurge Ange Santini, pourfendant des lois "d'une telle complexité" qu'elles "en deviennent parfois inapplicables".
"Le nombre de normes avant de lancer un projet, c'est sûr que ça freine. Mais c'est comme ça depuis Napoléon...", tempère Michel Bihan.
. "Le maire n'est pas tout seul"
Heureusement, hormis dans les plus petites communes, les maires se sentent épaulés, notamment au niveau technique et juridique. "Le maire n'est pas tout seul", assure Marie-France Beaufils. Le maire est "un généraliste" qui ne doit pas "vouloir tout faire lui-même", estime Michel Bihan. Pour Ange Santini, le "rôle" du maire "est et doit rester politique".
Quid du risque pénal ? C'est "un risque important", estime l'élu corse, voire "un couperet au-dessus de la tête", selon Gérard Dujarrier.
Mais "si on est préoccupé par ça, on ne peut pas être maire", assure M. Bihan.
. Fonction "chronophage"
Le mandat de maire est dans tous les cas une fonction "chronophage", selon M. Santini.
Pour Mme Beaufils, "il faut que ce soit un choix de couple, sinon c'est destructeur".
Joël Sérafini essaie, lui, "de conserver le dimanche quand c'est possible".
Pour autant, les maires interrogés se disent "toujours joignables". "Moi, c'est 24 heures sur 24", assure Gérard Dujarrier.
. Faire campagne : "tout sauf une corvée"
"Pendant longtemps, j'ai vu (une campagne électorale) comme une étape obligée", avoue Joël Sérafini. Pour Jean Leonetti, c'est avant tout un "exercice démocratique nécessaire" alors que pour M. Santini, "c'est tout sauf une corvée" et "si cela le devient, c'est le signe qu'il faut arrêter la politique".
En tout état de cause, pour Mme Beaufils, "rencontrer les habitants, réfléchir avec eux, c'est plus intéressant que d'être derrière un bureau".
bur-cal/mfo/ed
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