Dans l’Yonne les conseillers généraux de droite protestent au nom de la ruralité face à la perte de leurs privilèges

Sans faire un tour de France des protestations contre le nouveau découpage cantonal, nous allons après l’Aisne (voir Chronique du machisme ordinaire : la confiture dans l’Aisne) nous intéresser à l’Yonne.

Dans ce département, il y a 42 conseillers généraux dont 5 femmes, soit 12 %, ce qui est un peu inférieur à la moyenne nationale. Le canton le moins peuplé Quarré les Tombes, a 2221 habitants tandis que le plus peuplé, Sens Ouest en a 21 474, pratiquement dix fois plus.

A l’évidence, nous sommes dans ce département comme dans les autres dans un déni de démocratie et il s’imposait de corriger cette inégalité issue de l’histoire, qui voit la voix d’un citoyen compter dix fois plus que celle d’un autre citoyen. Et bien cela va laisser sur le carreau un certain nombre d’hommes qui ne seront plus que 21 alors qu’ils sont 37, et en particulier ceux qui sont élus aujourd’hui dans les cantons les moins peuplés, nécessairement regroupés.

Le président André Villiers, Nouveau Centre, organise, avec les moyens de la collectivité, la protestation contre le projet de redécoupage. mobilise les maires en leur demandant de venir à la séance du conseil général qui débat aujourd’hui de ce découpage avec leurs écharpes, n’hésitant pas à qualifier, avec un sens de la mesure tout a fait remarquable, cette opération de “stalinienne” comme le rapporte L’Yonne Républicaine.

Quant à  Guillaume Larrivé, député UMP, cette réforme n’est «que le prétexte honteux d’une manipulation politicienne, sans précédent dans l’histoire de notre République. Je dénonce solennellement cette tentative de hold-up électoral du Parti socialiste», assimilé par le député à des «tricheurs».  Il semble avoir oublié qu’il est élu député en bénéficiant d’un découpage astucieux réalisé par le Ministre de l’Intérieur de l’époque !

Est-ce la ruralité qui est défendue, ou un certain nombre de situations acquises ?

Nous reprenons volontiers le meo du député PS de la deuxième circonscription, Jean-Yves Caullet, qui cite Vauban, écrivant au roi : « Votre Majesté n’écoutera pas les criailleries de ceux qui protestent contre la réforme, tant il est vrai que ceux qui s’opposent au changement sont les mêmes qui profitaient des désordres anciens».