Un nouveau plan de rigueur avant le prochain ? En attendant, on souhaiterait un Etat modeste dans son train de vie

La multiplication des plans qui ne sont pas de rigueur (selon le Président de la République), mais sont quand même des plans de rigueur (selon le Premier Ministre) laisse interrogatif, tant ils traduisent, tant par leur enchaînement que par leur contenu un sentiment de complète improvisation.

Le Parlement discute d’un budget, préparé il y a quelques mois à partir d’un taux de croissance que tous les observateurs jugeaient à l’origine irréaliste, et qui n’en finit pas d’être rectifié à la baisse, avec probablement de nouvelles révisions à attendre, tant les mesures prises vont avoir des conséquences négatives sur la croissance à venir.

Habituellement déjà peu propice à des inflexions, même minimes, le débat budgétaire devient totalement irréel, les amendements gouvernementaux arrivant en séance, sans pouvoir être un tant soit peu examinés en commission,  ce qui suscite même la désapprobation contenue de Députés de la majorité, venant contredire sans vergogne l’argumentation précédente du Gouvernement.

Les mesures s’enchaînent, sans cohérence, autre que clientélaire : le cadeau fait aux restaurateurs avec une TVA à 5,5% est “raboté” à 7%, permettant aux responsables de la profession de se sentir déliés d’engagements en matière de prix, de conditions de travail et d’embauches qu’ils avaient de toutes façons bien peu tenus, la suppression du bouclier fiscal est liée à une baisse plus importante due l’impôt sur la fortune, l’exonération des heures supplémentaires continue, alors même qu’un rapport conjoint d’un député UMP et d’un député socialiste en a montré l’inefficience.

Il n’est qu’une constante, les attaques contre le pouvoir d’achat des catégories populaires : augmentation de la TVA, taxe sur les mutuelles, taxe sur les bossoins sucrées (pour financer, de façon parfaitement incohérente, les retraites agricoles !), augmentation de l’impôt sur le revenu à travers la non revalorisation des tranches, non revalorisation de la valeur du point de la fonction publique depuis 2 ans, quand l’inflation cette année dépasse 2%… Autant dire, qu’après la flambée attendue des fêtes de fin d’année, la consommation populaire ne pourra que régresser, et que la croissance en subira les effets

Pendant ce temps, il nous est annoncé, avec force trémolos, la stabilité du salaire du Président de la République et des Ministres, ce qui n’est en réalité qu’une conséquence de la stabilité de la valeur du point de la fonction publique selon laquelle ce salaire est calculé.

Par contre, les dépenses liées aux voyages pré-électoraux du Président de la République, aux frais de la République, continuent, inéluctablement à être facturées au contribuable, directement et indirectement par la gêne que cela apporte à l’activité économique (fermer l’autoroute entre l’aéroport et Strasbourg pour que le Président se rende à l’Université prononcer un discours devant des étudiants qui ne peuvent poser de questions, cela coûte combien à l’économie ? : voir sur le blog de Pierre Dubois ” Laurent Wauquiez “fait la claque” !”

Quant aux Ministres, nombreux, ils continuent, allègrement, à multiplier leurs déplacements, en France et dans le Monde, en en profitant parfois pour se payer des vacances aux frais de la République (voir Développement de l’apprentissage ou vacances en Guyane aux frais de la République ?)

 Dans ce contexte, où la rigueur est imposée aux salariés, aux chômeurs, aux malades…, il serait souhaitable que les responsables de l’Etat fassent montre pour leur part d’un peu de modestie dans leur train de vie quotidien. On attend davantage d’actes et un peu moins de discours !