Malaise à Pôle Emploi : «450 chômeurs pour… un conseiller !»

Prise d'otages, menace de suicide, agressions et incivilités, une tension grandissante sévit dans les agences Pôle Emploi. Qu'en est-il de l'agence laonnoise ? 

AVEC 13 % de demandeurs d'emploi au second trimestre 2011, l'Aisne est le deuxième département le plus touché par le chômage en France, juste derrière l'Hérault.

Triste performance qui inquiète d'autant plus que l'on a constaté une hausse de 20 % des agressions à Pôle Emploi sur le plan national au 1er semestre 2011. Ceci ajouté aux récents événements survenus à Paris et à Tremblay-en-France (prise d'otages, menace de suicide). Une grande consultation a été annoncée à ce sujet par Christian Charpy, directeur général de Pôle Emploi. 

Au niveau de l'agence de Laon cependant, Isabelle Lecomte, responsable d'équipe, indique n'avoir encore reçu aucune circulaire sur la question. 

Les demandeurs d'emploi, à Laon, ont eux en tout cas des choses à dire : «Au bout d'un moment, il y en a marre», confie un homme qui ressort tout juste de l'agence laonnoise, «les gestes du preneur d'otages et de la personne qui a menacé de se suicider sont extrêmes, bien sûr, mais ce qui est sûr, c'est que trouver un emploi en ce moment est très difficile, surtout à Laon. Depuis 2007, je cherche dans le Laonnois, pour m'occuper des espaces verts, en attendant, je suis plongeur saisonnier dans les restaurants, un peu partout en France.» 

« Ça craque dans les agences » 

Un autre demandeur d'emploi tient à souligner : «On est très bien reçu à l'agence Pôle Emploi de Laon, mais je sais que les conseillers ont un portefeuille de personnes très chargé et que ça ne doit pas être facile pour eux de recevoir autant de gens, souvent en état de stress.»

Sabrina Mallet est secrétaire régionale Picardie du SNU (Syndicat national unitaire) Pôle Emploi, et conseillère à l'agence de Laon. Elle donne des chiffres alarmants : «Certains conseillers peuvent avoir jusqu'à 450 demandeurs d'emploi à suivre. Le chiffre idéal se situant entre 70 et 100», s'insurge-t-elle. 

Elle ne peut s'empêcher de confier «ça craque dans les agences, on fait ce qu'on peut, mais les dossiers n'avancent pas, ça se tend des deux côtés du guichet ». 

Manque d'effectifs, chômage important, à Laon plus qu'ailleurs, la situation à Pôle Emploi est tendue. Signe de cette tension, un appel à la grève a été lancé pour le lundi 14 novembre par le SNU… 

Thimothée LOPES