Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
8 juin 2011

Jorge Semprún, "combattant infatigable de la justice et de la liberté"

Logo_JDD_2

Jorge_Semprun

Jorge Semprún est mort mardi à Paris à l’âge de 87 ans. La disparition de l'ancien ministre espagnol de la Culture suscite beaucop de réactions, dans tous les milieux, culturels et politiques.

Martine Aubry, Première secrétaire du Parti socialiste, a salué mercredi en Jorge Semprun le "résistant, militant mais aussi ministre", "combattant infatigable de la justice et de la liberté", peu après l'annonce du décès de l'écrivain. "Pour tous ses lecteurs, il restera l'inoubliable peintre de la nudité métaphysique de l'homme, comme il aimait à la désigner", écrit Mme Aubry en exprimant "émotion et tristesse". "Jorge Semprun avait mis son génie d'écrivain au service de la description de l'horreur de la déportation. Plus que des livres, ses textes portent le témoignage ardent de la souffrance et la clameur muette de tous ceux qui ne sont pas rentrés", ajoute la Première secrétaire socialiste. "L'Europe, l'Espagne, la France, perdent un sage dont la voix manquera", estime-t-elle.

Son ami Costa-Gavras lui rend hommage. "C’était quelqu’un d’une très grande qualité humaine, de grand talent d’écrivain et de scénariste"

Il avait échappé à tout. Même au pire de ce que l’Humanité pouvait produire. Paradoxe déterminant pour un homme, rescapé du camp de concentration de Buchenwald, résistant, homme d’Etat, scénariste et immense écrivain qui a consacré sa vie à la défendre. On aurait pu le croire immortel. Son œuvre et sa vie, son engagement lui survivront. Jorge Semprún est mort mardi soir à Paris à l’âge de 87 ans. La radio Cadena Ser et El Mundo ont annoncé la mort de l’écrivain espagnol mardi soir, citant des sources familiales et au sein du ministère espagnol de la Culture. Au micro d’Europe 1, son ami Constantin Costa-Gavras a confirmé l’information. Ensemble, l’écrivain et le réalisateur avaient notamment signé Z et L’aveu. Des films engagés où l’individu est écrasé, brisé, assassiné par la collectivité totalitaire.

Sa vie durant, Jorge Semprún n’a eu de cesse de dénoncer cette folie tant humaine, trop humaine et de résister à l’écrasement de la différence, au diktat de la norme. Cette guerre, il l’a mené le plus souvent avec la plume, laissant le glaive à ceux-là mêmes qu’il combattait. Dans L’écriture ou la Vie, paru en 1994, Semprún raconte comment, dans le camp de Buchenwald, il a "vécu sa mort" et comment il a dû, un temps, choisir de ne pas écrire pour ne pas revivre, à nouveau, sa mort à chaque ligne. Avant, tout comme Primo Levi, d’écrire pour vivre et de vivre pour écrire, pour témoigner de l’indicible afin que l’on n’oublie pas.

Une vie de Combats

Né en 1923 à Madrid au sein d’une famille libérale et progressiste, Jorge Semprún doit quitter l’Espagne sous la dictature de Franco. La famille se réfugie dans les Pyrénées françaises, en Suisse, aux Pays-Bas puis de nouveau en France. La guerre le rattrape vite. Etudiant en philosophie à Paris, il entre en Résistance et adhère au Parti communiste espagnol. Son réseau opère en Bourgogne et Semprún est arrêté par la Gestapo en 1943 près d’Auxerre et déporté au camp de concentration de Buchenwald jusqu’en avril 1945 et la libération du camp nazi par l’armée américaine.

Il renonce à l’écriture. Les mots le renvoient vers Buchenwald. Il choisit alors "l’amnésie volontaire". Il épouse en Espagne la clandestinité, à nouveau, et lutte activement contre le régime de Franco. Le combat intime, il ne le débutera qu’en 1963, juste avant d’être exclu du Parti communiste espagnol qu’il sert pendant 20 ans. Avec Le Grand Voyage, le récit des cinq jours de train vers Buchenwald, débute l’œuvre de Semprún, axée sur son témoignage de l’horreur et son engagement militant pour la démocratie et les idéaux, auxquels, comme les personnages de ses films ou romans, il ne renonça jamais. Sa nomination au poste de ministre de la Culture du gouvernement de Felipe Gonzalez en 1988 l’illustre. Semprún voulait agir, lutter contre le fatalisme et "changer les choses".

Publicité
Publicité
Commentaires
Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 842 061
Publicité