Compagnon du devoir, apprenti voyageur sur les routes de France

Horaires difficiles, déplacements et rigueur, une "véritable école de la vie" : devenir compagnon du devoir exige des sacrifices à un âge où il est parfois difficile d'en faire, mais ces apprentis sont des symboles de l'excellence française en matière d'artisanat, explique Janny Thomas, le prévôt de Paris, responsable de la maison des compagnons dans la capitale.

Qui peut devenir compagnon ?

Ceux qui sortent du collège, les bacheliers, les décrocheurs universitaires, les DUT (diplôme universitaire technologique) notamment.

Il faut remplir un dossier de candidature, puis passer un entretien sur les motivations. Seuls 40% des dossiers sont retenus.

Divers métiers sont proposés : carrossier, forgeron, tapissier, jardinier, menuisier, ébéniste, tonnelier, vigneron, cordonnier ou encore boulanger. Pour les pâtissiers, les inscriptions sont closes dès mars pour la rentrée de septembre alors qu'on recrute encore des couvreurs (la profession la plus recherchée) au mois de décembre.

Combien sont-ils ?

Quelque 10.000 jeunes sont en formation chaque année. Parmi eux, seuls 30 à 40 % décident de partir en tour de France et la même proportion arrive au bout du tour. C'est difficile de tenir, avec des horaires difficiles quand on est loin de sa famille et qu'on change d'endroit tous les six mois.

Ils sont recrutés à partir de 15 ans et jusqu'à 22-23 ans. Les plus vieux ont 27 ans à la fin du compagnonnage. Avec de nombreux métiers de l'industrie et du bâtiment, les filles ne représentent que 20 et 30% des compagnons (la première femme compagnon a été adoptée en 2004).

Comment se passe un tour de France ?

Une fois l'année d'apprentissage terminée (un an minimum), le tour de France dure en moyenne cinq ans. Ils restent entre sept mois et un an par ville, et doivent faire une année à l'étranger. Pendant cette période, ils sont minimum au smic dès la première année et ont cinq semaines de congés payés.

Ils ont cours les soirs de 20 à 22h, et de 8h à 17h les samedis, et s'absentent également six semaines par an de l'entreprise pour leur formation.

Le tour leur permet d'acquérir les valeurs de voyage, l'envie d'apprendre, de transmettre et les responsabilisent dès le plus jeune âge. On insiste sur le principe de transmission des plus âgés vers les plus jeunes au delà des cours académiques. C'est une école de la vie, selon Janny Thomas.

A la fin du parcours, ils doivent réaliser un "chef d'oeuvre compagnonnique qui juge le niveau de métier et de d'adaptabilité du jeune".

Comment vivent-ils ?

Ils se répartissent dans la soixantaine de maisons des compagnons en France. C'est là qu'ils dorment, prennent leur repas du soir et leur petit-déjeuner, et leurs repas du week-end, en échange d'une pension.

Quel lien ont les compagnons avec la franc-maçonnerie ?

Nous avons les mêmes symboles, le compas et l'équerre, et des idées similaires, l'idée de s'épanouir dans la société, eux c'est par l'intellect, nous par notre métier, le manuel, selon elle.

mig/mra/jcc