Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
23 mars 2015

Départementales : le festival d'intox du Front national

Logo Elections départementales 2015

Logo Libération

DÉSINTOX - Galvanisé par son score au premier tour des départementales, dimanche, le parti de Marine Le Pen en a perdu plus d'une fois les pédales.

Le Front national en tête dans près de la moitié des départements. Dimanche soir, le parti de Marine Le Pen a réalisé une poussée historique pour une élection locale. Alors qu’il ne comptait que deux élus à l’issue des dernières cantonales, en 2011, le FN a même réussi à faire élire huit conseillers départementaux dès le premier tour. L’occasion pour le parti frontiste de se gargariser de son score, quitte à enchaîner les intox. Désintox les passe en revue.

«Le Front national est le premier parti de France»

Lundi dans l’après-midi, Louis Aliot, vice-président du FN, a relayé une infographie signée TVLibertés (la chaîne télé identitaire ouvertement pro-Le Pen), présentant le Front national comme la première force politique au premier tour des départementales, avec 25% des voix, devant l’UMP et le PS.

Tweet Louis Aliot

Les chiffres sont bien ceux du ministère de l’Intérieur. Mais les présenter de cette façon, en isolant le score de l’UMP et du PS, n’a aucun sens : il exclut de fait le score des candidats des deux partis s’étant alliés au premier tour avec d’autres forces de leur famille politique. Or le nouveau mode de scrutin des départementales, par binômes mixtes, a favorisé ce type de candidatures, aboutissant à un éclatement du score de l’UMP et du PS sous différentes étiquettes : Union de la droite, Union de la gauche, Divers droite, Divers gauche… Le Front national, en revanche, n’a pas conclu d’alliance pour ce premier tour. Avec ses binômes étiquetés uniquement FN, le parti frontiste seul enregistre donc mécaniquement un score plus élevé que celui des deux autres partis. Le comptage en «UMP et ses alliés», «PS et ses alliés», ou «bloc de droite» et «bloc de gauche», même s’il associe des forces opposées (surtout au sein de la gauche), est bien plus pertinent, n’en déplaise au Front national. La seule addition des listes UMP et Union de la droite arrive largement devant le FN.

«Le Front national est le seul parti qui augmente ses voix par rapport aux européennes»

Invitée de Jean-Jacques Bourdin ce lundi matin pour débriefer les résultats, Marine Le Pen a, elle, tenté une comparaison hasardeuse entre le premier tour des départementales et les européennes de 2014, prétendant que son parti était le seul qui enregistrait plus de voix que lors du scrutin de mai dernier.

Ecouter la séquence à partir de 3’15'' :

Marine Le Pen 13

La présidente du FN a raison sur un point : son parti a bien attiré plus d’électeurs qu’aux européennes. D’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, le Front national a cumulé 5,1 millions de voix au premier tour de dimanche, soit près de 430 000 voix de plus qu’en mai 2014. Le parti frontiste avait alors enregistré 4,7 millions de voix. Mais contrairement à ce qu’affirme Marine Le Pen, la gauche et la droite ont également gagné des voix depuis les européennes de mai dernier. Même sans compter les listes d’Union de la gauche, c’est-à-dire les binômes comprenant un candidat PS et un candidat d’une autre force de gauche (PCF, EE-LV…), le Parti socialiste comptabilise (légèrement) plus de voix au premier tour des départementales qu’aux européennes (2,7 millions de voix contre 2,6 millions). En ajoutant les binômes étiquetés Union de la gauche, le PS et ses alliés cumulent au total 4,4 millions de voix. Même constat à droite, où la plupart des candidats UMP se présentaient en binôme avec un candidat d’une autre force de droite ou du centre. Les binômes UMP-UDI-Modem cumulent ainsi 4,2 millions de voix, qui viennent s’ajouter aux 1,3 million de suffrages récoltés par les binômes 100% UMP. Soit au total plus de 5 millions et demi de voix, contre à peine 4 millions aux européennes.

«Le bloc de droite n’a jamais été aussi faible dans toute la Ve République»

Quelques secondes plus tard (à partir de 3’30''), la présidente du FN en rajoute une couche dans l’intox, affirmant avec aplomb que la droite et ses alliés n’ont jamais été aussi affaiblis depuis 1958. Ce qui est tout simplement faux. Le bloc de droite pris dans son ensemble (UMP, UDI, Modem, Union de la droite, Union du centre, Divers droite) cumule 36,6% des suffrages exprimés. Récemment, rien qu’au premier tour des élections législatives de 2012 (où le PS avait obtenu la majorité absolue à l’Assemblée à l’issue du second tour), la droite et le centre cumulaient 36,4% des voix, soit quasiment le même score que dimanche. Les scores similaires ou inférieurs à celui de ce scrutin ne manquent pas, un rapide coup d’œil aux résultats des élections de ces dernières années suffit à le constater : on peut citer le premier tour des régionales de 2004 (34,5%) et de celles de 2010 (31,5%), le premier tour des cantonales de 2004 (37%) et de celles de 2011 (33%) ou encore, aux européennes de 1999 (37%).

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 842 179
Publicité