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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
13 mars 2015

Départementales : dans le Vaucluse, le grand remplacement de l'UMP par le FN

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Impossible de suivre Aimé Gallo dans les méandres de la vieille ville d'Avignon sans s'arrêter chaque minute. Ici, il claque la bise à une commerçante; là, il prend des nouvelles auprès d'un riverain. Et pour cause : le candidat du FN dans le canton d'Avignon-2 a été successivement conseiller municipal et adjoint au maire au sein de la majorité de l'ancienne maire UMP de la ville, Marie-Josée Roig. Un transfert qui n'est pas un cas isolé dans le département. A ses côtés, sa colistière, Anne-Sophie Rigault, mère de famille tout juste quadra, est elle aussi passée par la case UMP, tout comme sa suppléante Andrée Buglioni. En 2013, Anne-Sophie Rigault s'engage à l'UMP pendant six mois. Mais se dit déçue. "Je souhaitais m'impliquer. Mais on ne m'a rien demandé. Il ne se passait rien à l'UMP à part les permanences du vendredi soir où j'étais la seule jeune", raconte-t-elle. Lors des municipales de 2014, "l'UMP a retoqué trois fois la présentation de sa liste. Moi, j'aime le travail propre, alors je suis partie... Marre des gens qui passent leur temps à se tirer dans les pattes".

A Avignon, c'est pourtant le passe-temps favori de la droite. Guerre de clans et porosité à l'extrême droite se confondent au point qu'on ne sait plus très bien laquelle a entraîné l'autre. Si la rivalité entre le sénateur UMP Alain Dufaut et Marie-Josée Roig est historique, elle éclate au grand jour aux municipales de 2014. Le sénateur tente de planter la candidature de Bernard Chaussegros, désigné par le parti comme successeur de la maire sortante. Il pousse alors la candidature de l'ancien adjoint UMP Frédéric Rogier. Laquelle échoue après que la presse révèle opportunément qu'il a rencontré Jean-Marie Le Pen à Montpellier en octobre 2013 pour négocier. Résultat: la droite est balayée de la cité des Papes en 2014, la gauche l'emporte. Le FN, avec 35,02% des voix, récolte plus du double des voix de l'UMP (17,5%) et devient le premier groupe d'opposition. L'UMP, exsangue, n'a que quatre élus municipaux.

A Avignon, un groupe de dissidents UMP avec des dissidents RBM

Nouveau coup de théâtre dans une ville qui est connu pour les apprécier : la moitié des conseillers municipaux UMP -Philippe Marcucci, numéro 3 de la liste, et Florence Duprat- forment en avril 2014 leur propre groupe avec... deux dissidents de la liste Rassemblement Bleu Marine (RBM). Appelé "Semper Fidelis", ce groupe bénéficie désormais du label UMP-divers droite. Malgré son alliance municipale avec des RBM, Florence Duprat est investie aux départementales comme candidate de l'UMP dans le canton d'Avignon-3. Christian Paly, élu sur la liste Chaussegros, se retrouve, lui, dissident de son propre parti à Avignon-2. Résultat de cet imbroglio : pas un canton sur les trois que compte Avignon où il n'y ait pas au moins une dissidence à droite. "C'est une minorité, c'est rien, tournons la page", s'énerve Alain Dufaut qui préfère mettre en avant son alliance avec l'UDI. Un parti pas à l'abri non plus des turbulences. Son ancien délégué départemental, Christian Meffre, porte aux départementales les couleurs de la Ligue du Sud, le parti d'extrême droite de Jacques Bompard, à Vaisons-la-Romaine. Quant à Fabrice Ligier, qui se présentait à Carpentras en 2014 sur une liste soutenue par l'UDI, il est désormais le candidat du FN à Valréas.

Sur les ponts UMP-FN d'Avignon, l'extrême droite entend bien danser. "Des anciens UMP me contactent, on discute. Certains sont venus, viennent, viendront... ", sourit Philippe Lottiaux. Au café du marché de Montfavet, dans le canton d'Avignon-3 où il se présente, le nouvel homme fort du FN dans le Vaucluse, un département en tête des espoirs de conquête de l'extrême droite, rappelle malicieusement que son suppléant, Robert Favier, est lui aussi un ancien conseiller municipal de Marie-Josée Roig. La droite, Philippe Lottiaux la connaît bien. Cet énarque a été directeur général des services de Patrick Balkany à la mairie de Levallois-Perret pendant dix ans. "Il a pour lui de ne pas avoir trempé dans le marigot local", observe un militant FN de fraîche date. "Quand il parle, on dirait du Madelin ou du Pasqua. Son logiciel, c'est le RPR des années 80 et 90. Chez lui, pas d'excès, pas de propos sur l'inégalité des races...", glisse un cadre vauclusien de l'UMP. Qui constate : "On a ici un FN de droite, qui parle insécurité et impôts, et qui nous a piqué notre place. Aujourd'hui, aller au FN n'est pas plus transgressif que d'aller au centre".

"Le FN réussit son OPA sur l'UMP parce que nous sommes mauvais"

Philippe Lottiaux, ordre national du mérite au revers de sa veste, assume des "constats partagés avec l'UMP". S'il pointe du doigt les "problèmes de cohérence" entre le "discours local et national" de la droite, c'est sur le terrain des divisions qu'il préfère porter le fer. "L'UMP donne une image d'éclatement, de déchirement. Ce n'est pas une force de propositions". Dans le canton de Bollène, l'UMP ne s'est même pas donné la peine de présenter un candidat, laissant le champ de la droite aux seuls FN et Ligue du Sud. "C'est vrai que le FN réussit son OPA sur l'UMP, reconnaît un dirigeant départemental de l'UMP. Mais c'est avant tout parce que nous sommes mauvais et que nous passons notre temps à nous disputer". Le FN a également l'avantage de ne pas avoir "de sortants à gérer". "Il n'a donc pas de problèmes de parité et a su imposer une jeune femme médiatique à la tête de la fédération départementale". En l'occurrence, Marion-Maréchal-Le-Pen, "la blonde sexy qu'on a vue à la télé".

"Le FN a pigé le truc. Tourner toujours sur les mêmes têtes, c'est se paupériser électoralement", lâche Aurélie Agueli, ancienne collaboratrice parlementaire d'Alain Dufaut, devenue candidate dissidente -"frondeuse" préfère-t-elle- dans le canton d'Avignon-2. Sur fond de déroutes successives de l'UMP, "l'électeur de droite est désespéré, observe-t-elle. Et que lui propose-t-on ? Un monsieur de 71 ans", tacle-t-elle son ancien patron. Si la porosité FN-UMP existe, c'est la faute "aux successions" mal préparées. "Thierry Mariani était le patron ici. Depuis qu'il est parti aux Français de l'étranger [en 2012], l'UMP est mal", observe un acteur de la politique locale.

Des élus FN respectés

Les tensions au sein de l'UMP passées, le FN refluera-t-il ? "Non, veut croire la frontiste Anne-Sophie Rigault. Depuis un an que nous sommes élus au conseil municipal, nous faisons nos preuves, faisons avancer les dossiers". Comme celui, dont elle est très fière, de la défense des "merlons" du palais des Papes. "Les élus FN, on les respecte. Ils représentent beaucoup de monde", reconnaît un conseiller municipal Front de gauche. "C'est vrai que le FN, en ayant plus d'élus locaux, se notabilise, s'embourgeoise et a une voie directe avec les habitants..., glisse Christian Paly, le conseiller municipal d'Avignon, aujourd'hui dissident. A la droite de redevenir audible".

Vaste programme si l'on en croit Philippe Lottiaux qui pronostique une "recomposition prochaine" des partis politiques au niveau national et dont le Vaucluse serait le laboratoire. En attendant, le cadre FN n'enterre pas l'UMP et pronostique un "score serré" aux départementales. S'il ne veut pas d'une alliance de partis au troisième tour [pour désigner le président du département], il pense que certains élus UMP pourraient "en leur âme et conscience" préférer le FN à la gauche. Interrogé dans la presse locale, Alain Dufaut exclut lui aussi un accord de gestion avec le FN. "Après s'ils sont élus, ce ne sont pas des ennemis".

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