Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
18 février 2015

Loi Macron : Manuel Valls mauvais joueur

Logo Libération

Valls & MacronDÉCRYPTAGE - Sentant le vent tourner à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a engagé la responsabilité du gouvernement, mardi, sur le projet de loi pour la croissance et l’activité.

C’est arrivé. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve, un gouvernement de gauche a utilisé l’arme du 49.3 sur un texte économique contre sa propre majorité. Puisque cette dernière n’était «pas certaine», Manuel Valls a annoncé mardi après-midi devant les députés qu’il usait de cette disposition constitutionnelle pour faire passer en force la loi «pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques» portée par Emmanuel Macron : pas de vote des députés, la responsabilité de son gouvernement engagée. La droite et le centre ont déposé une motion de censure. Le débat aura lieu jeudi soir. Sans risque : les députés PS et écolos récalcitrants ne s’y associeront pas. Il faut remonter à 1993 et le gouvernement de Pierre Bérégovoy pour retrouver trace à gauche de l’utilisation de cette arme par laquelle l’exécutif peut tordre le bras du pouvoir législatif. Lionel Jospin n’a jamais osé en user. Et en 2006, lorsque Dominique de Villepin l’a dégainée pour faire passer le CPE, Hollande, chef du PS, dénonçait un «déni de démocratie».

Le Premier ministre a eu beau expliquer qu’une «majorité existe» sur ce texte, elle était au mieux ric-rac. La faute à une grande majorité de députés socialistes «frondeurs» et écologistes qui ont transformé leurs habituelles abstentions en votes contre. Résultat : à la surprise générale, il risquait de manquer une ou deux voix. Explications.

Un «esprit du 11 janvier»

Trop exploité

L’argumentaire était clair : «Nous sommes en guerre, ne pas voter ce texte, c’est affaiblir le pays.» Voilà ce que les ténors du PS ont reçu comme consigne, mardi, pour convaincre les troupes. Après les attentats, l’exécutif comptait sur l’union nationale pour éviter le clash annoncé sur cette loi Macron. Manqué. «Le 11 janvier est devenu une injonction au consensus silencieux», dénonce le député des Français de l’étranger Pouria Amirshahi. «Le leurre a été de croire que les choses avaient changé sur le jugement de la politique économique de ce gouvernement, enchaîne une ancienne ministre. Or les députés se font toujours engueuler sur le terrain.»«Ils se sont autoconvaincus que le risque politique était inexistant compte tenu du climat d’unité nationale», ajoute le frondeur Laurent Baumel, qui jure qu’à «tous les compromis, toutes les perches», il leur a été «opposé une fin de non-recevoir». Pour le député d’Indre-et-Loire, «quand ils se sont réveillés, c’était trop tard».

L’éblouissement Macron

Il n’a eu droit qu’à des commentaires laudateurs. Le jeune ministre de l’Economie, dont c’était le baptême sur les bancs de l’Assemblée, n’a cessé de louer sa «méthode» et les «compromis» acceptés via les «plus de mille amendements» à son texte qui offre, selon lui, «plus de libertés aux élus» et «plus de protections aux salariés». Mais un brio ne suffit pas à faire une majorité. «Une des forces de l’Assemblée, c’est qu’il faut savoir se taire», balance une ministre. «Ils nous ont survendus l’image du golden boy et sa magie du verbe, mais on n’est pas les perdreaux de l’année», raille un député PS frondeur pour qui «c’est comme si les rapporteurs du texte avaient vu la vierge dans la grotte de Lourdes». Pourtant, Macron lui-même avait vu les nuages s’amonceler. La semaine dernière, il a même demandé au président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, de voter pour s’assurer un vote de plus. Et, jusqu’au bout, il était contre l’utilisation du 49.3.

Des «gestes» mal orientés

Pour les députés frondeurs, ce sont les «lobbys» et les «patrons» qui ont bénéficié des amendements. Pas eux. Parmi leurs «points durs» : la distribution d’actions gratuites, la privatisation des aéroports, le travail du dimanche… Pour tenter d’atterrir, l’ex-ministre Benoît Hamon assure avoir «évoqué» avec Macron, «dans la nuit de vendredi à samedi», un accord possible sur les compensations au travail le dimanche en proposant notamment «un plancher de rémunération». «Veto» de Matignon, suppose-t-il. «Ils n’ont discuté qu’avec les parlementaires d’accord avec eux», insiste Christian Paul, autre socialiste frondeur. Mais pour les proches du Premier ministre, tout cela n’est que «posture» d’avant congrès, notamment pour un Hamon candidat non-déclaré au poste de premier secrétaire. «Hamon est plus préoccupé par le congrès que par la loi Macron», dénonce une ministre.

Le pari manqué du centre et de la droite

«On sort les transats, les lunettes de soleil et on les regarde, fascinés», s’amusait, mardi après-midi, l’UMP Jean-Frédéric Poisson. Sauf que l’échec du gouvernement interpelle aussi la droite et le centre sur leur posture. Face à de nombreuses mesures qu’elle aurait pu proposer, la droite a préféré camper sur un refus. Le groupe UMP prévoyait de voter contre, à l’exception de quatre députés prêts à approuver le texte. Et l’UDI comptait en majorité s’abstenir ou voter contre. Pourtant, de l’avis d’un frondeur, les centristes n’ont pas été les plus mal lotis : «Le ministre a passé plus de temps avec l’UDI qu’avec nous.» L’opposition a beau jeu de pointer le refus de Macron d’intégrer ses amendements ou des concessions trop timides sur les professions réglementées et minimise l’impact du texte sur la relance de l’économie. Christian Jacob (UMP) dénigre «cette petite loi Macron qui n’a plus ni queue ni tête». Reste que lorsque l’hypothèse d’un vote très serré a commencé à circuler, droite et centre se sont raidis. Pas question de voler au secours d’une gauche en quête d’une poignée de voix. «Est-ce que vous voulez être du côté de la gauche conservatrice, idéologue, qui veut que rien ne change, ou est-ce que vous voulez faire avancer le progrès même si ça n’est pas suffisant ?» a pourtant imploré Frédéric Lefebvre, prêt à voter pour. En vain. A un mois du scrutin, «les départementales ont rattrapé la politique nationale. Certains ne voulaient pas franchir le pas d’une abstention ou d’un vote pour», rapporte un centriste.

Des écolos oubliés

Cécile Duflot, «la new gauchiste» selon un député PS, avait prévenu qu’elle comptait «mettre en échec» cette loi. Et si elle voulait prouver qu’elle était la patronne de son groupe, elle ne pouvait pas mieux faire : sur 18 députés EE-LV, 14 avaient l’intention de voter contre et 4 de s’abstenir. Dans les «contre», ses deux coprésidents, plutôt en défense du gouvernement, Barbara Pompili et François de Rugy. «François Hollande lui-même avait dit que ce n’était pas la loi du siècle, a tenté de minimiser Pompili. Les débats marquant l’appartenance à la majorité sont ceux qui portent sur les textes budgétaires ou la confiance.» Mais Noël Mamère prévient ceux qui seraient toujours tentés par un ministère : «Après ce fiasco et cet aveu de faiblesse du PS, s’il y a des écologistes qui veulent revenir dans le gouvernement, c’est de l’aveuglement ou une ambition individuelle».

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Voir : http://www.clefsdufutur.org/
Répondre
R
Avec ce commentaire cela fait beaucoup de monde qui a l'impression d’être floué:<br /> <br /> <br /> <br /> « La France : la politique ridicule du gouvernement rend la France peu crédible. Elle disparait dans l’abject et les magouilles. Il est temps que le Peuple se lève. Il le fera. <br /> <br /> Le Peuple de France est appelé à agir pour le Futur du monde. Le Changement est en cours. <br /> <br /> Ce n’est pas la situation en Europe qui fait le futur du monde, c’est la prise en compte de la Nécessité du Changement en tous domaines. Hâtons-nous !<br /> <br /> L’Europe est le phare, encore faut-il qu’elle agisse au nom de tous. C’est aux hommes à prouver leur bonne foi, leur volonté de Bien, leur unité dans le Plan. Clefsdufutur- Le 18.02.2015 »
Répondre
Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 842 202
Publicité