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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
15 février 2015

Fusillade à Copenhague : le récit de l'ambassadeur français, François Zimeray

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Présent au centre culturel de Krudttønden à Østerbro lors de la fusillade, il est encore sous le choc de l'attaque dont il a été le témoin et aurait pu être une victime.

Joint samedi soir à Copenhague par téléphone, François Zimeray, l'ambassadeur de France, est encore sous le choc de l'attaque dont il a été témoin et failli être la victime dans l'après-midi. Il a longuement été entendu par la police, a d'ailleurs remercié dans un tweet «les policiers qui m'ont sauvé la vie», et doit préparer la visite du ministre de l'intérieur qui doit arriver le lendemain.

Mais déjà, prévoyant de revenir sur les lieux pour «réfléchir» et mieux «appréhender» la façon dont l'attaque a eu lieu, il se remémore avec émotion l'instant où la fusillade a interrompu la première intervenante au débat et nous fait entendre, au téléphone, l'enregistrement sonore du moment : 40 à 50 tirs à l'arme automatique qui sifflent en rafale et durent une bonne vingtaine de secondes qui ont du sembler une éternité.

«Cela vous donne une idée de l'intensité et de l'horreur du moment». Il s'agissait explique-t-il d'un débat organisé au centre culturel Krudttonden visant à soutenir la liberté d'expression, quelques semaines après l'attentat ayant visé Charlie-Hebdo. Une discussion en petit comité (entre 30 et 40 personnes) avec des journalistes et le dessinateur suédois Lars Vilks, à laquelle l'ambassadeur avoue avoir un peu hésité à se rendre, mais qu'il avait finalement accepté d'introduire, comme invité d'honneur, encore bouleversé par l'immense solidarité manifestée par les Danois le soir et les jours suivant l'attentat parisien.

«Un souvenir stupéfiant, raconte-t-il. Vers 23 heures, ce 7 janvier, alors que je suivais les informations à la télévision, un coup de fil m'invitait à sortir et j'ai découvert, devant l'ambassade, presque 700 personnes, dans le froid, venues apporter des brassées de fleurs et des bougies pour manifester leur soutien à la France».

ARRIVÉ À VÉLO, REPARTI EN VOITURE BLINDÉE

C'est donc en toute décontraction qu'il se rend, ce samedi 14 février au centre culturel. «J'y suis arrivé en vélo, à la danoise ; et j'en suis reparti en voiture blindée. J'avais vécu un basculement de société». Il ne sent pas la menace, il n'est pas spécialement protégé. Le débat a lieu dans un espace-bistrot du centre, ou quelques tables sont installées sur une petite estrade. Et il prend comme convenu la parole pour évoquer Charlie, le choc, la réaction d'unité. Il affirme qu '«il faudra du temps, en France, pour comprendre ce qui s'est passé, l'émotion suscitée, la symbolique particulière de ce journal, ce à quoi on a touché».

Il ajoute qu'il «faut se garder des amalgames», et que «ce combat nécessaire, sera le combat d'une génération». Enfin, il rend hommage aux activistes présents dans la salle, tous ardents sur le thème de la liberté d'expression. Et il remercie les Danois pour «leur formidable solidarité avec la France». La parole est alors donnée à Inna Shevchenko, la chef des FEMEN d'origine ukrainienne que François Zimeray connait personnellement pour avoir lui avoir fait obtenir un visa français alors qu'il occupait les fonctions d'ambassadeur pour les Droits de l'homme à Paris. Elle a à peine le temps de commencer que les tirs crépitent et que tout le monde, spontanément, se jette sous les tables.

Chacun a le sentiment que les balles, tirées de l'extérieur par la porte vitrée, pénètrent dans la pièce. La vitre, de fait, est criblée d'éclats. Un homme a l'extérieur de la salle est tué, des policiers blessés. François Zimeray, ce samedi soir, n'en sait pas plus. Mais la similitude avec Charlie-Hebdo lui est apparue frappante.

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