CGT : «Thierry Lepaon manœuvre très bien, il gagne du temps»
Encore une mauvaise nouvelle pour la CGT. L’organisation, fortement ébranlée par les révélations concernant le train de vie de son secrétaire général Thierry Lepaon, a rassemblé 23,1% des voix lors des élections professionnelles dans la fonction publique, soit 2,3 points de moins que lors du dernier scrutin (2008 et 2011). 20 Minutes fait le point avec Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail (IST).
Elle est significative en tout cas, même si la CGT reste la première organisation dans la fonction publique, devant la CFDT et FO qui ont mené des campagnes assez fortes.
Si c’était le cas, ce ne serait pas trop grave. Mais la baisse de la CGT dans ses bastions historiques, comme à EDF il y a un an ou à la SNCF en mars dernier, prouve que cet assèchement électoral n’est pas lié à ces polémiques. Ce qui explique le recul de la CGT, c’est son orientation, sa forme d’action, le fait qu’elle n’ait pas rénové son logiciel de fonctionnement.
C’est la grande question. Pour l’instant, Thierry Lepaon manœuvre très bien. Il veut gagner du temps et il y parvient. Son communiqué, dans lequel il écrit qu’aucun membre du bureau ne demande sa démission, est très habile: il laisse entendre qu’il est soutenu en interne, alors que dans les faits, les membres du bureau ne cessent d’évoquer sa démission à longueur de journée!
A l’IST, nous n’avons ni consigne, ni avis à donner à la CGT. Elle fait ce qu’elle veut. Ceci dit, l’affaire des indemnités pose vraiment problème. Si elles sont juridiquement légales, elles restent moralement difficilement acceptables.
Disons qu’il a un beau profil de fusible…
Qu’aucun syndicat ne réalise de forte poussée. Mais il faut noter que les deux hausses les plus fortes, respectivement +1 point et +1,2 point, sont enregistrées par l’Unsa et par la FGAF, soit deux syndicats autonomes. Il y a donc une montée du syndicalisme catégoriel au détriment du syndicalisme inter-catégoriel. L’autre fait à noter est le recul de la participation. Il y a soixante ans, elle atteignait 90%, elle a chuté à 70% dans la décennie 2000 et aujourd’hui, elle atteint péniblement 52,8%. Cette baisse est très préoccupante.