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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
22 novembre 2014

A Bordeaux, Juppé hué par les partisans de Nicolas Sarkozy

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En cette fin du mois de novembre, il fait beau et doux à Bordeaux. Bras nus, les joggeurs, les promeneurs et les skateurs profitent de ces quais qu’Alain Juppé a profondément modifiés. Mais dans le Hangar 14, lieu du meeting de Nicolas Sarkozy, le temps est à l’orage. Arrivé en compagnie de l’ancien chef de l’Etat, le maire de la ville s’est fait siffler à plusieurs reprises par la salle. L’ancien président de la République n’a eu aucun mot de compassion pour son futur adversaire à la primaire de 2016. A une semaine du vote pour la présidence de l’UMP, la bataille de la primaire a officiellement commencé à Bordeaux.

Alain Juppé a fait face à l’hostilité d’une salle de partisans de Nicolas Sarkozy dès le début de sa prise de parole, lorsqu’il a évoqué la disparition de l’UMP voulue par l’ancien chef de l’Etat et prôné un vaste rassemblement avec le centre. «Je suis attaché à l’UMP pour des raisons sentimentales d’abord car j’ai été son premier président, mais aussi pour des raisons politiques car nous avons besoin plus que jamais d’un large rassemblement de la droite et du centre», analyse le maire de Bordeaux sous les huées des militants. Il assume : «Je répète, l’UMP s’est constituée sur l’union avec le centre, et je continuerai à militer pour cela».

La tension est très forte. M. Juppé évoque alors la perspective des primaires de 2016, dont l’organisation est un élément stratégique de la bataille à droite. «Nous comptons tous sur la nouvelle présidence pour organiser des primaires ouvertes», déclare-t-il, sous les nouvelles huées des sarkozystes, qui rêvent de voir leur favori adoubé par les militants plutôt que par les sympathisants. Le regard glacial, Alain Juppé fait face au public et déclare : «Je ne me laisse pas impressionner par les mouvements de foule», sans citer Nicolas Sarkozy. La référence au meeting de Sens commun, où l’ancien président de la République avait lâché le mot «abrogation» de la loi Taubira sous la pression des militants anti-mariage pour tous est évidente.

«Physiquement, ça ne se voit pas»

M. Sarkozy monte sur scène. Il prend le bras d’Alain Juppé en le croisant, mais n’a aucune parole pour calmer ses militants. Il parle du «talent» de son hôte, mais souligne qu’ils se sont rencontrés en 1975, «même si, physiquement, ça ne se voit pas». Plus tard pendant le meeting, le candidat s’étonnera qu’un militant donne son âge : «Vous n’êtes pas obligé».  Difficile de ne pas percevoir une allusion à un sujet qui obsède les proches de Nicolas Sarkozy. Ces derniers raillent souvent les 69 ans de son concurrent, qui en fait une arme politique en affirmant qu’il ne fera qu’un mandat en cas d’élection à l’Elysée. L’ancien président parle alors des sifflets de ses militants. «Moi, j’ai déjà été sifflé dans ma vie politique, je ne l’ai jamais quittée. Il y a de la vie ici, c’est bien, ça bouge», se félicite-t-il en fin de réunion.

Ambiance sur le fond des idées également. Alors qu’Alain Juppé est pour une alliance avec le centre, l’ancien chef de l’Etat exprime ses doutes. «Oui à l’alliance de la droite et du centre, mais un centre qui a choisi clairement», lance M. Sarkozy, qui critique François Bayrou, qui s’est exprimé publiquement en faveur d’Alain Juppé. Le président du MoDem avait également voté François Hollande sans donner de consignes de vote en 2012. «Comme je serais content qu’il veuille bien reconnaître qu’il s’est trompé. Que même à lui, ça peut lui arriver», déclare Nicolas Sarkozy. Acclamations des militants.

Nicolas Sarkozy a beau user de formules rhétoriques rassembleuses – «C’est le temps du collectif, pas des aventures individuelles (…) Nous aurons tous besoin les uns des autres. Alain aura besoin de moi, et j’aurai besoin de lui» –, personne ne s’y trompe. La tension entre M. Sarkozy et M. Juppé a grimpé en flèche samedi 22 novembre dans la belle endormie, Bordeaux. «C’est une grave erreur politique qui vient d’être commise. Alain Juppé n’avait pas besoin de ça pour être motivé, mais ça va encore renforcer sa détermination. Merci à eux», analyse un proche de l’ancien premier ministre.

Alain Juppé se prépare


Depuis quelques semaines, l’entourage de M. Sarkozy ne cessait de critiquer Alain Juppé, «candidat du système». Certains des proches de l’ancien président de la République soulignaient l’âge de l’ancien premier ministre, ou encore sa condamnation, en 2004, à dix ans d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris. Ces attaques annonçaient déjà une campagne dure, alors qu’Alain Juppé caracole dans les sondages et que les sarkozystes s’étonnent de sa détermination à aller au bout.

Du côté d’Alain Juppé, «la campagne a commencé dès le 21 août, quand il a annoncé sa candidature à la primaire», glisse Gilles Boyer, son principal conseiller. Le maire de Bordeaux se garde de toute critique publique vis-à-vis de l’ancien président de la République, mais il est très actif. Il s’est trouvé dès le mois d’octobre des locaux à Paris, où il consulte régulièrement des politiques et des personnalités de la société civile. M. Juppé, dont le réseau auprès des parlementaires est encore assez peu développé, ne cherche pas encore à débaucher des troupes. «Les soutiens s’agrégeront naturellement quand les élections arriveront», souligne M. Boyer.

Mais il soigne son image en multipliant les interviews dans les colonnes de Valeurs actuelles, à la rentrée, ou dans celles des Inrocks. L’occasion de marquer sa différence sur le mariage homosexuel en se prononçant en faveur de l’adoption pour les couples de même sexe, mais aussi d’affirmer une ligne libérale. Dès le mois de janvier 2015, il entamera une série de déplacements thématiques sans être accompagné de journalistes. Tout en surveillant la fondation du nouveau parti et la préparation de la primaire, qu’il espère la plus ouverte possible.

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