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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
21 septembre 2014

Sarkozy, champion de la communication ?

Com c'est bizarre

Le plan com’ du retour de Nicolas Sarkozy manifeste un grand professionnalisme. Ce n’est pas tant l’usage des réseaux sociaux qui en apporte la preuve que la capacité à maîtriser parfaitement la mécanique globale des nouveaux usages médiatiques. Face au déferlement continu de l’information et de sa mise en scène, l’émergence d’un message suppose de gérer trois facteurs qui en conditionnent l’impact et l’intérêt : la posture, le tempo et l’audience. L’ancien Président de la République, en l’espace de quelques jours préparés de longue date, a incontestablement réussi son exercice.

Une posture en décalage avec son image perçue

Premier élément décisif dans l’attention qui peut être porté au message d’un homme politique au passé chargé et discuté : une posture en décalage avec son image perçue. Peu importent les mots et leur mise en forme. La sémantique du message ne peut susciter que scepticisme de la part d’une opinion qui sait parfaitement décrypter le langage des élites. Ce qui compte, c’est le choix de se poser non plus en personnalité clivante de l’éternelle confrontation gauche-droite – qui lui avait valu sa défaite à l’élection présidentielle de 2012 – mais de chevaucher le sentiment impérieux d’un dépassement des frontières pour réenchanter l’action politique et trouver des solutions à la crise. La manœuvre est habile.

Deuxième facteur essentiel dans la réussite de l’opération : le choix et l’organisation du moment. Ce n’est pas un hasard si Nicolas Sarkozy prend prétexte du dépôt des candidatures à l’UMP pour annoncer son retour à la vie politique au lendemain même de la conférence de presse d’un Président en exercice, politiquement malmené et institutionnellement fragilisé. Ce faisant, il tue dans l’œuf la tentative de rebond de François Hollande auprès de l’opinion, détournant les projecteurs médiatiques des initiatives du Président en Irak ou, demain, à New York pour la préparation de la conférence internationale sur le climat à Paris en 2015. Car la gestion du tempo est méthodique : effet d’annonce le vendredi pour occuper les médias audiovisuels le soir même ; confidences distillées dans la presse du week-end ; longue interview au journal télévisé de 20h du dimanche soir pour relancer l’attention ; meeting et initiatives durant la semaine à venir. La tactique est solide.

La primauté du dialogue directe avec ses «fans»

Troisième pan du dispositif pour maximiser l’impact d’une annonce qui n’est pas de nature à surprendre les Français : l’articulation des audiences acquises ou à convaincre. De ce point de vue, le choix de Facebook pour poster son message de retour n’est pas qu’une concession à la mode des réseaux sociaux. Le million de fans qui suivent son compte constituent non seulement le noyau dur de son électorat potentiel mais, beaucoup plus important, une audience captive pour délivrer son message. Ce faisant, il privilégie une relation directe avec son public, court-circuitant la grosse caisse médiatique convoquée 48 heures plus tard pour le carrefour d’information le plus suivi de la semaine. Le clin d’œil du service public est la cerise sur le gâteau. Le métier est indiscutable.

Au fond, Nicolas Sarkozy fait siennes les recommandations des conseillers de Barack Obama ou de Matteo Renzi qui théorisent, désormais, la primauté d’un dialogue direct avec les citoyens par-delà la relation indispensable avec les médias. L’objectif est de laisser une trace dans l’opinion qui imprime plus que les nombreux commentaires et éditoriaux que suscite sa démarche. Donner le sentiment d’être incontournable dans le jeu politique et, en même temps, d’en modifier les règles et les usages, telle est l’ambition de l’ancien Président. C’est exactement la stratégie de rupture qui lui avait assuré une victoire confortable lors de l’élection présidentielle de 2007.

Reste à savoir si l’opinion lui donnera un blanc-seing pour voir ou lui opposera une fin de non-recevoir. Les premiers sondages tendent à montrer que les Français, à une forte majorité, ne souhaitent pas le retour politique d’un homme qu’ils ont décidé de remercier électoralement au terme de son mandat. Le pari est donc pour le moins risqué. Car si Nicolas Sarkozy entend bien surfer sur la vague profonde de défiance à l’égard du personnel et des partis politiques – c’est, du moins, le sens principal de son message – il lui faudra tout autant démontrer pourquoi lui n’en serait pas, finalement, une victime toute désignée… C’est la limite d’une communication savamment orchestrée !

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