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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
20 juin 2014

Nomination de Toubon : "Hollande ménage ses arrières"

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Mais qu'est-ce qui a bien pu motiver le choix de François Hollande pour nommer Jacques Toubon défenseur des Droits ? Sous la plume de la marquise de Sévigné, notre contributeur Hervé Karleskind raconte les dessous de l'histoire...
Scandale à la Cour ! Le roi s'est pris de conférer une charge, certes bien honorifique, à une sorte de fantôme. Vous me trouverez bien confuse, ma chère et tendre, mais souffrez que je vous conte l'affaire par le menu. 

Pour d'obscures raisons, le roi s'est donc entiché d'un courtisan à présent retiré de la vie de cour, à des fins de l'élever à l'état de Défenseur des droits : une charge un peu symbolique, ainsi que le royaume en cèle à foison. Il s'agit donc de Monsieur de Tout-bon, ancien féal de Jacques le Hardi. Il fut son garde des Sceaux, son ministre des Beaux-Arts et des Belles-Lettres. Il n'y brilla point. Mais il était un fidèle parmi les fidèles, un sbire, un prétorien que rien ni personne ne venait à arrêter lorsqu'il se prenait de défendre son maître. Sachant taire ses déceptions, il avait fait bonne figure lorsque son mentor décida de ne point le nommer ministre en lui confiant le secrétariat de la Ligue du Hardi. Son temps vint un jour: il connut petite gloire. 

Mais, par le diable, quelle mouche a donc piqué le roi ?

C'est un homme d'une pièce, pas faraud pour un sol. D'un tempérament épicé, il s'emporte aisément, proférant parfois des paroles qu'il regrette dans l'instant. L'âge lui étant venu, il a gagné en sérénité: ne mande-t-il pas lui-même qu'il est à présent rangé des carrosses ? 

Mais, par le diable, quelle mouche a donc piqué le roi de s'en aller quêter un homme si proche du Hardi, alors que sa Cour cèle à plaisir nombre d'impétrants qui auraient tout aussi fait l'affaire ? Ses courtisans s'indignent, tonnent, jabotent, glosent et parfois même s'esclaffent. D'aucuns persiflent: "Pourquoi pas le jeune Ribéry, privé de championnat de soule pour s'être blessé ?". Et ces mêmes d'ajouter, la mine illuminée: "il pourvoierait le roi en courtisanes".  

Un ancien ennemi comme nouvel allié

Monsieur de Tout-bon ne passe pas pour un zélote du roi : il n'est pas même sans culotte, et fut au reste, quand il était si prompt à porter le fer, un adversaire indéfectible de la coterie du Flou. 

Ce pauvre Monsieur Le Roux, toujours à lustrer les bottes du roi, éprouve bien de la peine à justifier une si étrange onction royale. Certes, Monsieur Tout-bon n'est pas ignorant des choses du droit, mais il fait un peu figure de mouche dans un verre de lait. 

Les langues se délient à la Cour au point qu'il se trouve des esprits assez faux, une denrée qui ne vient jamais à manquer, pour mander que ce pauvre Flou se prend de singer les manies de l'ancien roi Nicolas le Bref qui adorait débaucher des sans culottes à des fins de leur octroyer de prestigieuses charges. Ainsi de Monsieur de Couche-Nerfs, médecin malgré lui, nommé ministre des Affaires du dehors. Ainsi encore du baron Hirsch qui s'était illustré en semant une belle zizanie dans le sérail. 

Le Flou aurait-il été gagné par cette mauvaise fièvre ? Artois, qui a manqué tomber de sa chaise en apprenant cette stupéfiante promotion, eu cependant tôt fait recouvrer ses esprits en grinçant que l'élévation de Monsieur de Tout-bon était en fait une grâce rendue au Hardi lui-même qui, ainsi que vous le savez, avait déclaré publiquement son choix en faveur du Flou lors de la bataille pour le trône. Il s'agirait donc d'une sorte d'action de grâces. "Entre Corréziens, siffle cette commère d'Artois, on se comprend". 

Voici donc quel serait le secret de la résurrection de Monsieur de Tout-bon. Certes, le roi avait un temps songé à confier cette charge à la baronne Taubira dont il se mande qu'il l'aurait assez vue. Approchée, la guêpe, pas folle, dédaigna ce mauvais vinaigre. Le Flou songea alors au vidame Borloo: mais sa santé chancelante et son état de valétudinaire ne lui autorisent guère de paraître à la Cour. 

Le Flou "ménage ses arrières"

Le roi, toujours embéguiné de ses cachotteries, ne dédaigne pas prendre ses gens à rebrousse-poil : il s'en vint donc à choisir Monsieur de Tout-bon, provoquant ainsi un beau charivari dans sa maison. Il se mande ainsi que ces derniers féaux s'étouffent d'indignation! Même le comte Valls, qui a d'autres chats à fouetter, feint grimacer. Le roi, impavide, n'en fait qu'à sa tête et n'en démord pas. Le baron Mignard, qui est son ami, l'a enjoint de renoncer à cette lubie. En vain. Nombre de sans culottes signent des pétitions à tout va dans le dessein de le faire plier. Ha ! Ma chère et tendre, pour une fois, le roi ne cède pas : entend-il cesser paraître mou et versatile ? Ne craint-il pas de froisser ses derniers fidèles? Il n'en a cure : il est le roi et fait selon son bon plaisir. 

Artois, qui n'a aucun penchant pour l'angélisme, se souvient fort opportunément que le Flou a tout récemment remanié son cabinet en y faisant notamment entrer une banquière venue d'Outre atlantique: cette élévation fit là encore jaboter ceux qui rappelèrent que la dame avait voici peu encore vivement critiqué la politique... du roi! 

Ne serait-il point rancunier ? Serait-il oublieux des piques et des flèches dont il passe le clair de son temps à se défaire ? Point. Artois qui, comme souvent, a le mot de la fin, commente sobrement: "Il ménage ses arrières". Que pourrait bien celer cette ellipse ?  

La Caricature de Daniel Hue

JT

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