Débattre, c’est opposer des idées, pas travestir les faits et les chiffres

Nadine Morano ment : ce n’est pas nouveau même si c’est lassant. Lors du débat organisé sur RTL ce 31 mars suite à l’intervention du président de la République, elle a, avec sa véhémence habituelle, affirmé que les moyens qui avaient été affectés quand elle était ministre pour financer les contrats d’objectifs et de moyens passés avec les régions pour financer le développement de l’apprentissage avaient été affectés aux emplois d’avenir (elle a dit comme beaucoup contrats).

Et c’est selon elle ce qui explique la baisse de 8 % du nombre de contrats d’apprentissage en 2013, ce qui est totalement faux. C’est le trop faible nombre de contrats signés par les entreprises qui explique cette baisse.

Nous pouvons admettre que l’annonce faire en juillet 2013 concernant les primes était inopportune et nous l’avons écrit en juillet dernier (voir Apprentissage : une annonce de suppression des primes inapplicable, incohérente et inopportune). Mais elle n’est pas, loin s’en faut, la raison principale de la baisse des effectifs.

Difficile de répondre à une telle affirmation totalement fausse, surtout quand elle est enrichie par un mensonge complémentaire, puisque l’ancienne ministre, qui quand elle était en responsabilté, n’avait pas permis l’augmentation du nombre de contrats, malgré des discours enflammés (voir Le quinquennat du recul de l’alternance), parle de 40 000 contrats en moins alors qu'en réalité la baisse est de 24 204 contrats, ce qui n’est quand même pas la même chose.

Mais on aurait aimé que Jean-Paul Huchon ne réponde à des affirmations fausses et des chiffres faux pas avec des chiffres faux. L’Ile de France est loin de représenter le tiers des contrats d’apprentissage signés au plan national alors qu’ils en représentent le cinquième. En en 2013 le nombre de contrats signé en Ile de France a baissé un peu plus qu’au plan national, 11% au lieu de 8 %. Même si c’est difficile, face à des affirmations fausses, il ne faut pas tomber dans le piège d’abaisser le niveau des débats pour se mettre au niveau de Nadine Morano.

Car comment s’étonner quand le politique dit n’importe quoi  avec assurance, le citoyen se désintéresse de la politique.