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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
26 mars 2014

A Villeneuve-Saint-Georges, le candidat de droite vend sa fusion «pragmatique» avec le FN

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Face à la maire communiste, le tandem espère l'emporter. Seuls deux candidats en France ont fait sauter le verrou de l'alliance avec le FN.

Philippe Gaudin, tête de liste divers droite de Villeneuve-Saint-Georges, est un candidat extrêmement ouvert et tolérant… Au point qu’il se refuse à stigmatiser son concurrent du Front national. Mieux, il va jusqu’à l’accueillir sur sa liste pour tenter de ravir la municipalité communiste du Val-de-Marne.

«Soit on prenait six ans de plus avec Sylvie Altman [maire depuis 2008] pour faire crever la ville, soit on se donnait les moyens pour gagner, justifie-t-il. C’est un choix clair, basique.» Décomplexé. «On avait un objectif commun, faire barrage aux socialo-communistes», confirme le frontiste Dominique Joly. A l'issue du premier tour, Philippe Gaudin accusait sept points de retard sur la sortante PCF (31,8% contre 38,9%). Dominique Joly, avec 26%, les poussait à une triangulaire. La mairie, que Gaudin brigue pour la quatrième fois, valait bien un accord, même avec le FN.

Lui a beau camper sur son équation locale, c’est Marine Le Pen en personne qui a annoncé le rassemblement, mardi. Ils sont deux candidats de droite, en France, à faire sauter le verrou de l’alliance avec le FN, à l'Hôpital (Moselle) et dans cette commune de 30.000 habitants, la plus pauvre du Val-de-Marne.

«Pour améliorer la propreté, on n’a pas besoin d’idéologie»

Pourtant, Philippe Gaudin et ses troupes font comme si on pouvait pactiser avec le Front national sans adhérer aux idées du parti d’extrême droite. «Regardez, on est une équipe métissée», avance un soutien de Gaudin. Ils sont une poignée de colistiers, pas encore quadra, noirs, métisses, blancs, attablés au local de campagne autour d’une pizza et d’un Coca, ils veulent «redresser» leur ville. Mais ils s’étonnent de l’émoi causé par la fusion avec le Front national. Ils invoquent «un mariage de raison»,«une question de survie face aux communistes»,«un pragmatisme de base»,«le bon sens». «Pour améliorer la propreté, on n’a pas besoin d’idéologie», réplique Marc Lecuyer. «On n’est pas porteurs des valeurs du FN, ça ne nous concerne pas. Il y a les étiquettes mais nous, on fait en fonction du terrain», assure Kristell Niasme, numéro deux sur la liste. Et Guillaume, un soutien, veut croire que «s’entendre n’est pas fusionner avec les idées de l’autre. On garde notre âme, nos valeurs.»

D’autres, dans l’équipe Gaudin, ont refusé l’alliance, dont le chef de file de l’UDI locale, Eric Colson, qui a quitté la liste, «atterré». L’UDI et l’UMP ont condamné «une initiative isolée» et retiré leur soutien au candidat. «Nous sommes totalement étrangers à l’aventure qu’il conduit», dénonce le sénateur (UMP) du département Christian Cambon. Philippe Gaudin, encarté nulle part, se fout pas mal du soutien des partis: «Je n’ai pas de compte à leur rendre, ils ne m’ont jamais aidé.»

«Un coup de semonce»

Son nouveau tract ne mentionne plus aucun logo, «pas même la flamme», et la liste qu’il a déposée avec Dominique Joly porte la dénomination «sans étiquette» - le ministère de l’Intérieur, lui, l’a classée dans la catégorie extrême droite (LEXD). Le candidat FN y figure en troisième position, avec dix autres des siens (sur 39 colistiers), et trois postes d’adjoints leur sont promis en cas de victoire.

«Il n’y a plus que Marine Le Pen qui les soutient, c’est une liste d’extrême droite», insiste Sylvie Altman. A la tête de la liste Front de gauche-PS-EELV-PRG, elle s’attache à dramatiser l’enjeu du second tour pour créer un «réflexe républicain» et mobiliser les abstentionnistes. Son tract appelle à «la mobilisation générale pour barrer la route à la liste du Front national et de la droite extrême», d’ailleurs elle veut croire que l’accord de ses adversaires ne sera pas du goût de l’électeur de droite bon teint, «républicain».

Pour mobiliser, la maire communiste a fait venir en renfort les présidents du département et de la région, Christian Favier (PCF) et Jean-Paul Huchon (PS), au pied de la médiathèque du Val-saint-Georges. Favier met en garde contre «le risque d’isolement» pour la commune. «Pour travailler ensemble, il faut partager des valeurs. On le fait très bien avec des villes de droite, mais le FN c’est autre chose. Je ne pourrais pas travailler avec cette confiance avec des élus qui véhiculent un discours de haine et d’exclusion», prévient le président du conseil général. «Une liste pratiquement FN qui risque de virer en tête dans une ville populaire qui se bat pour s’en sortir, c’est insupportable», réagit Jean-Paul Huchon. En Ile-de-France, Villeneuve est la seule mairie que peut gagner le FN avec la droite, du fait de cet accord. Pour le patron de la région, «c’est un signal d’alerte, un coup de semonce».

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