Si vous êtes inéligible, demandez à votre femme de se présenter et de démissionner deux mois plus tard : la pratique à Propriano

Les prochaines élections municipales vont être marquées par une importante progression du nombre de femmes élues dans les conseils municipaux.

En effet la loi a imposé que dans les villes de 1 000 à 3 500 habitants s’appliquent les règles qui régissaients ces élections dans les villes de plus de 3 500 habitants : obligation de présenter des listes complètes, interdiction de rayer des noms sous peine de nullité, répartition des sièges entre les listes à la proportionelle après attribution de la moitié des sièges à la liste arrivée en tête et surtout parité complète avec non enregistrement des listes où ne figueraient pas alternativement un homme et une femme, ou une femme ou un homme.

Dans ce contexte certaines pratiques ne peuvent que scandaliser, comme celle relevée en Corse du Sud dans l’importante station touristique de Propriano, et ses 3 509 habitants. Le maire sortant, Paul-Marie Bartoli, ne peut se représenter ayant été déclaré inéligible par le Conseil contitutionnel en raison d’irrégularités dans l’établissement de son compte de campagne lors des dernières élections législatives.

On aurait pu se contenter de déplorer que face à cette impossibilité le maire sortant ait demandé à sa femme de prendre la tête d’une liste à sa place. Mais l’artifice va au delà puisque la candidate déclare à Corse Matin «En acceptant de conduire la liste qu’aurait dû diriger mon époux, je n’ai qu’une seule ambition, permettre la poursuite d’une politique menée depuis 12 ans au service exclusif de l’intérêt général. Les Proprianais ont bien compris qu’en raison des circonstances, j’assumerai un intérim qui n’excédera pas 2 mois».

Se présenter pour annoncer qu’on démissionnera deux mois plus tard, quand l’inégibilité de son mari aura pris fin, c’est une offense à toutes les femmes qui peuvent ainsi se sentir réduites au rôle de chauffeuse de siège, et une offense aux électeurs à qui on imposerait une nouvelle élection deux mois plus tard pour une simple raison de convenance personnelle. Nous avions déploré cette situation lors de le fin de l’inégibilité de Pierre Bédier (voir Une élection pour convenances personnelles à Mantes la Jolie : Pierre Bédier méprise la démocratie). Pour écouter cette candidate de façade, on peut consulter la vidéo de FR3 Corse.

Sans connaitre la situation politique de cette ville, on serait tenté de suggérer aux électeurs, et aux électrices, de déjouer cette manoeuvre indigne en votant pour une autre liste que celle que conduit Catherine Bartoli qui annonce sans vergogne qu’elle n’a pas l’intention d’exercer le mandat qu’elle sollicite du suffrage universel.