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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
3 décembre 2013

Contre la fermeture de leur usine à Dijon, ils manifestent… en Pologne

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TRWDes ouvriers de l’usine dijonnaise de l’équipementier automobile américain TRW ont passé trois jours sur les sites polonais du groupe où une partie de leur activité a été délocalisée. Une manière inédite de protester contre la fermeture de l'usine.

Ils sont rentrés de Pologne samedi 30 novembre. “Satisfaits”, résume Christophe Depierre, délégué CGT et membre de l'intersyndicale de l’usine de l’équipementier automobile américain TRW de Longvic, contacté par FRANCE 24. Mais qu’on ne s’y trompe pas : pour lui et la quarantaine de salariés du site en péril de l’agglomération de Dijon, ce déplacement n’avait rien de vacancier. Ils sont allés à la rencontre des ouvriers polonais de TRW, où une partie de la charge de travail du site de Longvic a été délocalisée. C’est la première fois, en Europe, que des salariés d’une usine menacée de fermeture manifestent leur colère devant les locaux des sites appelés à reprendre leur activité.

Mais on y allait absolument pas pour casser la gueule à ceux qui sont censés avoir repris nos emplois comme on a pu leur faire croire”, précise d’emblée Christophe Depierre qui accuse la direction de TRW d’avoir tenté de monter les ouvriers polonais contre eux. Les ouvriers français ont fait le voyage pour manifester, au contraire, leur “solidarité” avec les collègues polonais, assure le syndicaliste français. “Les employés polonais étaient surpris de nous voir dans de si bonnes dispositions à leur égard”, raconte-t-il. Leur message ? “Aujourd’hui, c’est en Pologne qu’on délocalise, mais qui peut dire si demain ce n’est pas dans un pays avec un coût de main d’œuvre encore plus bas comme la Roumanie”, prévient-il.

On voulait aussi leur dire qu’il n’y avait aucune raison qu’ils se fassent exploiter par TRW, une multinationale profitable”, assure Christophe Depierre. Un message d’autant plus important à ses yeux que la délégation française a été “choquée” par les conditions de travail de leurs homologues polonais. Ils vivraient, d’après lui, dans la “crainte d’être licenciés s’ils revendiquent une amélioration de leur situation”. Ils sont payés environ 350 € par mois, soit moins de la moitié du salaire moyen polonais (880 € par mois) et n’ont pas de mutuelle.

D’autres voyages en perspective

Mais au-delà de la volonté de dénoncer “l’exploitation des ouvriers polonais”, ce voyage de trois jours était aussi un moyen de mettre la pression sur la direction afin de faire avancer le dossier de l’usine française. “Demain, on a une réunion sur le plan de sauvegarde de l’emploi et on va voir comment TRW réagit à notre initiative”, affirme Christophe Depierre.

À Longvic, ce sont 148 ouvriers dont l’emploi est menacé par la volonté de la direction de fermer le site. Pour la CGT, cette décision, annoncée en mars dernier, est d’autant plus incompréhensible que l’usine est bénéficiaire et que TRW est l’un des équipementiers automobiles les plus rentables au monde. Contactée par FRANCE 24, Louise Colledge, porte-parole de TRW Europe, souligne être “consciente de l’impact de ces actions sur la vie de nos salariés et nous faisons de notre mieux pour les soutenir. Nous devons faire en sorte que chacun de nos sites soit compétitif afin d’assurer de nouvelles opportunités et de protéger l'emploi futur”.

Une déclaration qui ne risque pas de calmer les ardeurs des ouvriers de Longvic. Ils ont déjà prévu d’aller manifester devant l’usine de Shirley (au sud de Birmingham, en Grande-Bretagne), puis de retourner en Pologne avec leurs collègues allemands de TRW. Et si tout ça ne suffit pas, Christophe Depierre est prêt à prendre la tête d’une délégation qui irait crier sa colère sous les fenêtres de la direction de TRW aux États-Unis.

Seul frein à cette frénésie de voyage revendicatif : l’argent. Le déplacement en Pologne a été rendu possible grâce à une subvention du Grand Dijon, des dons privés et plusieurs actions de collecte de fonds de la CGT. Le budget du voyage en Grande-Bretagne est déjà quasiment bouclé. Pour le reste, les ouvriers de l’usine de Longvic comptent sur les dons privés.

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