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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
31 mai 2013

Ces militants qui vivent en banlieue mais vont travailler à vélo

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Le matin, vers 07H30, David L'Hôte enfourche son vélo à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Une bonne heure plus tard, après 22 kilomètres dont seulement 200 mètres sur piste cyclable, ce militant de la cause cycliste en banlieue arrive à son travail, après avoir grimpé une côte raide à Meudon (Hauts-de-Seine).

"C'est un tout petit peu plus court qu'en métro, mais avec la certitude d'arriver", plaisante ce professeur de design d'une quarantaine d'années. "Usage purement utilitaire", dit-il. "J'aime ça, mais ça me sert à me déplacer. C'est intégré au quotidien, pas un loisir, je ne vais pas faire du vélo au parc le dimanche matin".

David l'Hôte assure ne pas arriver devant ses élèves couvert de sueur, grâce à une vitesse constante ne nécessitant qu'un effort régulier. Parfois, il ne s'arrête que deux fois sur tout le trajet... et grille "bien évidemment", plus d'un feu rouge.

"Je comprends très bien que ça puisse énerver certains automobilistes. Moi, je n'ai qu'une chose à leur reprocher, c'est leur capacité à oublier qu'ils pèsent une tonne et qu'ils ne risquent rien quand ils vous frôlent".

"Quand on va travailler à vélo en banlieue, on est toujours un peu seul", constate aussi Philippe, adhérent de l'association Mieux se déplacer à bicyclette, qui organise ce dimanche 2 juin une "convergence" de cyclistes franciliens en plein coeur de Paris. Cette manifestation colorée et en musique doit "démontrer qu'on est nombreux" et inciter les élus à "accélérer les politiques cyclables timides entreprises çà et là".

"Une petite voiture dans la tête"

L'association Vélo à Saint-Denis, qui siège dans les instances de consultation de la communauté de communes, défend également la cause par des "marquages sauvages", au pochoir et à la chaux, de pistes cyclables sur la chaussée. Souvent dans des points névralgiques, où la circulation à vélo est dangereuse et où les autorités ne semblent pas vouloir prendre d'initiative.

"Nos premiers marquages autour de la porte de Paris", un axe incontournable de Saint-Denis, "ont donné lieu à la construction d'une vraie piste cyclable avec des bordures en ciment", se félicite son président Daniel Rigaud, qui va travailler à Paris à vélo en longeant le canal de Saint-Denis jusqu'à la porte de la Villette.

Sauf qu'il y a des "des trous dans cette liaison-là" : chantiers obstruant la voie, tronçons de voies non bitumés, non aménagés, obligeant les cyclistes à descendre de vélo, à le porter parfois.

"Quand on arrivait à Paris cet hiver, on avait forcément le pantalon crotté jusqu'aux genoux", soupire-t-il.

Et le contraste avec la capitale, qui a beaucoup investi pour accompagner le déploiement des Vélib, est saisissant. "Une fois que je suis dans Paris, c'est le bonheur. C'est pacifié, il y a les couloirs de bus, les pistes cyclables", constate Daniel Rigaud.

Depuis un an, des abris à vélo sécurisés, nommés Véligo, commencent à être installés dans des gares franciliennes, pour faciliter le déplacement à vélo puis en RER. Il y a aujourd'hui plus de 500 abonnés, pour mille places disponibles.

"S'il n' y a pas d'infrastructures, les gens ne pratiquent pas", martèle David L'Hôte, qui salue l'initiative et voudrait que les bailleurs sociaux construisent des locaux à vélo à La Courneuve.

"Les élus ont encore presque tous une petite voiture dans la tête", regrette M. Rigaud. En Seine-Saint-Denis, les budgets dédiés sont "ridicules" si on compare à Nantes ou Bordeaux, qui ont investi des millions d'euros, note-t-il.

axr/at/bg

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