Jérôme Cahuzac par ses mensonges publics met en danger la démocratie

A l’évidence l’annonce que Jérôme Cahuzac reconnait avoir été titulaire d’un compte en suisse, et être toujours titulaire d’un compte à Singapour est une mauvaise nouvelle pour la démocratie, surtout qu’elle intervient après de fortes dénégations publiques, confirmées devant l’Assemblée nationale.

Elle est aussi l’occasion de constater trois points qui, sans atténuer l’impact de cette annonce, montrent que le contexte doit aussi être pris en compte.

Premièrement, nous sommes bien face à une défaillance individuelle, et le seul reproche qui puisse être fait au président de la République et au premier ministre est d’avoir eu la faiblesse de croire dans les affirmations solennelles et réitérées, publiques et privées de leur ministre.

Deuxièmement, la presse d’investigation, Médiapart et Le Canard Enchainé, a pu conduire librement son travail. Si on se souvient comment les journalistes du Monde qui avaient suivi l’affaire Liliane Bettencourt avaient vu leurs contacts téléphoniques explorés, leurs  “fadettes” analysées au mépis de la loi, on ne peut constater que cette évolution va dans le bon sens.

Troisièmement, la justice a pu mener librement ses investigations, sans entrave du politique. Là aussi on peut se souvenir des obstacles créés pour que s’ouvre une instruction normale de la même affaire Liliane Bettencourt, en particulier au parquet de Nanterre, et apprécier la différence.

Pour autant la droite, en premier lieu Jean-François Copé, tente de faire oublier ses turpitudes passées et veut profiter de cette défaillance, incontestable, inadmissible,  pour se refaire, à très bon compte, une virginité dans un domaine où elle a beaucoup à se reprocher, et où elle a beaucoup à craindre dans les mois et années à venir d’une réelle indépendance de la justice.

Il est, malheureusement, à craindre que cette situation ne profite qu’au Front National, et que nous aurons prochainement une indication dans l’élection qui devrait voir les électeurs du Lot et Garonne désigner un représentant à l’Assemblée nationale, à moins que Jérôme Cahuzac ne décide de retrouver son siège de député, ce dont il a, juridiquement, le droit, droit qu’avait d’ailleurs exercé ceux qui avaient été exclus du gouvernement Fillon pour des pratiques fort contestables (voir Bon retour à l’Assemblée pour Alain Joyandet et Christian Blanc, en attendant Eric Woerth).