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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
21 mars 2013

Spanghero : En quoi la “viande” d’agneau anglaise sert-elle les intérêts des agriculteurs du Sud Ouest ?

Logo blog Michel Abhervé

Nouvel épisode de l’affaire Spanghero : on a retrouvé dans les locaux de cette entreprise 57 tonnes (ce n’est pas un paquet oublié sur une étagère !) de ce qui a un lointain rapport avec de la viande d’agneau. Cela nous donne l’occasion de revenir sur un sujet que nous avons traité ici dès son affirmation publique (voir Les pratiques coopératives interrogées par l’affaire des lasagnes à la viande de cheval et Lur Berri : une coopérative agricole qui semble avoir échappé au contrôle des agriculteurs, Les interrogations se font jour sur la stratégie de la coopérative Lur Berri et Le groupe coopératif Lur Berri, propriétaire de Spanghero, a acheté une société néerlandaise et une société islandaise. Pourquoi ?)

Les explication du responsable Barthélémy Aguerre (voir Le conseiller général rural, andidote aux bandits de grands chemins) a un air de déjà vu, la négligence de l’entreprise et la tromperie du fournisseur, le trader néerlandais.

Mais il est un point qui n’a pas été relevé par les médias, c’est que nous sommes dans une logique différente de l’épisode de la viande de cheval rebaptisée en boeuf. Il s’agissait, selon les explications données, d’un simple transit, sans traitement, permettant d’amortir le coût de l’entrepot, puisqu’il était affirmé que l’activité négoce de viande ne sert “qu’à équilibrer les charges de base de l’entrepôt de stockage de Spanghero”, pour un volume financier affirmé comme  dérisoire, 3% du chiffre d’affaires de Spanghero, et 0,15% de celui du groupe (voir Lur Berri : la coopérative esquisse sa défense, en s’affirmant dans “l’économie solidaire”).

Avec cette nouvelle découverte, nous semblons bien être en face de produits destinés à être incorporés dans les merguez et autres produits de l’entreprise. Cela pose des questions sanitaires, liées au mode de préparation du produit carné, que les autorités sanitaires devront suivre de près.

Mais cela pose ausi le sens de cet achat par rapport aux agriculteurs coopérateurs, à qui on a expliqué que les achats successifs étaient effectués pour diversifier les débouchés de leurs productions. D’ailleurs le site du groupe Lur Berri n’affirme-t-il pas que les ”Approvisionnements qui sont à 90% français, le reste étant importé“.

Il est peu probable que cet nouvel épisode va redonner confiance aux consommateurs, et il faut craindre que la viabilité de l’entreprise soit menacée. On peut se demander qui est responsable de cette situation, les pouvoirs publics  qui effectuent leur mission de contrôle et de protection du consommateur (dont certains trouvent qu’ils ne l’ont pas fait assez tôt), ou les responsables de l’entreprise qui sont, au moins, coupables de négligence réitérée. Sans négliger un contexte où les responsables de la filière agro-alimentaire semblent avoir du mal à admettre le risque que court la filière avec la rupture de la confiance du consommateur.

Sur le site de Spanghero, à cette heure, on trouve seulement un communiqué du 15 février, protestant contre ce qui est qualifié de “retrait abusif d’agrément”, et assurant que toutes les procédures avaient été revues immédiatement pour “apporter les correctifs et améliorations nécessaires“.

Il semble qu’avec cette nouvelle alerte l’efficacité de la communication de crise déployée lors de l’épisode précédent, avec l’appui de Vae Solis Corporate, ait atteint ses limites. A moins que les dirigeants de la maison mère n’aient pris acte qu’il vallait mieux considérer que l’entreprise Spanghero était, avec la révélation de ce nouveau manquement, impossible à sauver et qu’il fallait mieux tenter de circonscrire la crise et d'éviter sa propagation à l’ensemble du groupe dont on peut s’interroger s’il doit continuer à être appelé coopératif.

AJOUT

La Dépèche du Midi fait écho dans un article “Scandale de la viande de mouton : Spanghero aurait encore été abusé“ des propos pertinents d’un ancien acteur de la coopérative.

Il n’empêche : pourquoi de la viande anglaise ? «Ici, en Pays Basque, il y a du mouton en pagaille», observe Panpi Sainte-Marie, un ancien de la coopérative Lur Berri, propriétaire de Spanghero. Ce responsable du syndicat Euskal Herriko Laborien Batasuna, rattaché à la Confédération paysanne poursuit : «Et que peut-on espérer à vendre une brebis ? 20€? 30€ ? Une misère ! Il y aurait pour Lur Berri un vrai marché ! Alors, de voir que l’on préfère acheter encore moins cher, frauduleusement, au détriment des paysans d’ici, cela me scandalise. On peut très bien faire des merguez avec les brebis d’ici, que je sache… On est loin de l’esprit d’une coopérative, née ici, avec des gens d’ici et créée dans le but d’aider et de servir les paysans d’ici».

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