UMP : Jean-François Copé sous pression pour un accord avant mardi

Certains amis du président contesté de l'UMP redoutent que le référendum des parlementaires précipite l'explosion du parti.

"La grenade est dégoupillée et il faut éviter à tout prix qu'elle n'explose". Pour quelques amis de Jean-François Copé, le compte à rebours est lancé : il faut à tout prix trouver un accord avec François Fillon avant mardi pour annuler le référendum des parlementaires UMP prévu ce jour-là. Selon eux, l'idée de l'ancien président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer de consulter les parlementaires sur la tenue d'un nouveau vote pourrait bien précipiter l'explosion du parti. "Comme la majorité des parlementaires sont fillonistes, ils se prononceront pour un nouveau scrutin avant l'été 2013. Ce serait un acte aussi fort que la création du groupe autonome filloniste à l'Assemblée nationale", redoutent la poignée de copéistes qui brandit le drapeau blanc pour mettre fin à ce duel mortifère. Malgré ses déclarations de matamore - "Je ne me sens pas conditionné par cela, c'est une opération filloniste" -, le référendum met le président contesté de l'UMP sous une grosse pression.

Côté Copé, les casques bleus s'appellent Christian Jacob (patron des députés UMP), Jean-Pierre Raffarin (sénateur de la Vienne), Luc Chatel (nouveau vice-président de l'UMP) et Philippe Briand (député). Depuis jeudi, ils discutent sérieusement et secrètement avec François Fillon et avec ses lieutenants François Baroin et Laurent Wauquiez pour trouver un accord sur l'organisation rapide d'un nouveau vote pour la présidence du parti. Pour l'heure, aucune entente n'a été conclue : le député de Paris plaide toujours pour un nouveau vote avant l'été 2013 alors que le député de Meaux ne l'envisage qu'après les municipales de mars 2014. Toutefois, des hypothèses "sérieuses" émergent avec la tenue d'un nouveau vote des adhérents UMP à la fin de l'été ou à l'automne 2013, la réforme des statuts du parti et l'installation d'une direction collégiale. "Je suis confiant. Copé comme Fillon savent ce qu'est la politique : c'est aller vers le haut. On peut avoir des positions fortes mais demeurer ouvert", expliquait vendredi l'un des négociateurs. Pour ces missi dominici, il est impératif qu'aucun des deux ennemis ne soit humilié.

"Les fillonistes sont dans un corner"

Jean-François Copé cèdera-t-il sous la pression ? Déjà, mardi matin, lors d'une réunion, une petite poignée de députés conciliants s'était opposée aux ultras, qui refusent de voir le président proclamé de l'UMP quitter son fauteuil. "Tu ne peux pas camper sur tes positions et rester en place jusqu'en 2014, il faut absolument trouver une porte de sortie acceptable pour toi et Fillon", avaient ainsi conseillé à Copé les députés Axel Poniatowski, Marc Laffineur et Philippe Briand.

Pas sûr que Jean-François Copé accepte de décrocher la nouvelle plaque de "président" qui orne depuis peu la porte de son bureau au siège parisien de l'UMP. Il est convaincu que les fillonistes sont animés par la "haine" et qu'ils ont pour objectif de le sortir de la vie politique. Mercredi encore, il semblait ne rien vouloir lâcher. "Ses amis lui disent de ne pas se laisser impressionner. Fillon, c'est l'histoire d'un mec qui n'a pas imaginé un instant pouvoir se faire distancer par quelqu'un comme Copé", explique-t-on dans son entourage. Les copéistes jusqu'au-boutistes martèlent que seuls les fillonistes ont intérêt à un compromis puisque leur champion a écarté la création d'un parti politique. "Avec le groupe R-UMP, les partisans de Fillon sont dans un corner, ils sont coincés", juge un soutien de Copé. Les "ultras" estiment aussi que leur champion bénéficiera de la trêve de Noël : "Puisque son image est totalement cassée, autant tenir bon". Dépité, un ancien ministre conclut en citant Herman Melville, l'auteur de Moby Dick : "Si tu gouvernes le requin en toi, tu seras un ange ; car tous les anges ne sont rien de plus que des requins bien gouvernés". Copé entendra-t-il ?