Pour le bien de l'UMP, que Copé et Fillon s'effacent tous les deux !

Nouvelle rencontre mardi soir entre Jean-François Copé et François Fillon, nouvel échec. Les deux rivaux s'opposent toujours, non plus sur le principe mais sur la date d'une nouvelle élection. Vous leur faites une suggestion : pour le bien de l'UMP, que Copé et Fillon s'effacent tous les deux !

À ce stade, c'est devenu la seule solution acceptable. Elle est forcément injuste pour l'un ou l'autre, puisque l'un des deux a gagné cette élection. Mais puisque Jean-François Copé et François Fillon se considèrent tous les deux comme vainqueurs, ils doivent avoir la magnanimité des vainqueurs : pour préserver leur parti du déshonneur - et eux-mêmes, du ridicule - ils devraient s'écarter avec panache, mettre leur ambition personnelle entre parenthèses et refuser toute fonction dirigeante. C'est mieux qu'une sortie de secours : c'est une sortie par le haut. Mais il est à craindre qu'ils soient tombés trop bas...

Autrement dit : c'est une solution idéale... à laquelle vous ne croyez pas !

Disons qu'elle fait appel à un sens des responsabilités que ni l'un ni l'autre n'ont manifesté depuis un mois. Mais leur duel fait penser à la lutte de deux hommes qui tombent dans la rivière et qui continuent à s'empoigner sous l'eau. On sait comment ça se termine : les deux vont se noyer. Les sondages qui défilent les placent déjà largement sous la ligne de flottaison (- 13 pour Fillon, - 20 pour Copé dans le baromètre du Point !). Et les résultats des partielles montrent qu'en plus, l'UMP se débrouille très bien sans eux. Donc quand ils auront écarté les solutions du pire, peut-être qu'ils choisiront la moins mauvaise.

Donc ça signifierait un nouveau vote - mais sans leur candidature. C'est presque ce que propose François Fillon, non ?

Ce serait trop simple ! C'est vrai qu'il avait annoncé son retrait. Mais ce matin dans Le Figaro, il parle seulement d'une élection "ouverte à d'autres candidats". Donc il ne s'en exclut pas forcément, mais il ajoute un nouvel ingrédient pour compliquer la discussion. Au passage, on se souvient qu'il était tout aussi hostile que Jean-François Copé à l'idée d'allonger les délais pour que Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire obtiennent leurs parrainages - c'est curieux qu'il veuille maintenant une élection élargie... Ça donne l'impression qu'il veut éviter un match retour. Ce qu'il faut relever aussi, c'est que son texte a forcément été écrit avant sa réunion avec Jean-François Copé. C'est dire qu'il y est allé dans un état d'esprit constructif...

L'ex-président de l'Assemblée Bernard Accoyer veut organiser mardi prochain un référendum chez les parlementaires de l'UMP (y compris les dissidents fillonistes). Est-ce que ça peut être une solution ?

C'est une pression de plus pour débusquer Copé de son bunker. La plupart des élus de l'UMP veulent qu'on revote au plus vite. Mais Jean-François Copé le refuse absolument. Ce qu'il veut, c'est tenir jusqu'aux municipales de 2014 : il fait le pari qu'avec l'affaiblissement probable de François Hollande et du PS, l'UMP peut les gagner - et qu'il y puisera la légitimité qui lui manque. Fillon veut l'en empêcher. C'est une pure bataille de pouvoir. Le reste - les dates, les statuts, les principes - n'est que de l'enfumage. Copé et Fillon peuvent avoir encore 50 tête-à-tête ; ça n'empêche que leur course se finira sur un tête-à-queue...

Hervé Gattegno

(Hervé Gattegno intervient sur les ondes de RMC du lundi au vendredi à 8 h 20 pour sa chronique politique "Le parti pris")