Les chiraquiens penchent pour François Hollande

La plume de Jacques Chirac, Jean-Luc Barré, a déclaré mardi que l'ex-président voterait pour le candidat socialiste. Une annonce qui intervient alors que plusieurs anciens chiraquiens ont affiché leur soutien à François Hollande.

AFP - Jacques Chirac et de nombreux chiraquiens penchent pour François Hollande au risque de déstabiliser le camp de Nicolas Sarkozy à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle.

En juin, Jacques Chirac avait déclaré qu'il voterait pour François Hollande lors d'une sortie publique en Corrèze avec l'actuel candidat socialiste, président du conseil général de ce département.

M. Chirac, qui a établi son fief électoral à Ussel dès 1967, avait corrigé le tir, parlant d'un trait "d'humour corrézien entre républicains qui se connaissent de longue date".

"Cela n'avait rien d'une plaisanterie", corrige à nouveau mardi dans Le Parisien l'historien Jean-Luc Barré, co-auteur des "Mémoires" de l'ancien président (1995-2007). "Il y a une dizaine de jours quand je l'ai vu, il m'a dit qu'il voterait François Hollande", a-t-il ajouté sur BFMTV.

Cette déclaration intervient alors que deux anciens ministres de Nicolas Sarkozy, Martin Hirsch et Fadela Amara, se sont prononcés en faveur de François Hollande et que de nouvelles personnalités chiraquiennes ont annoncé également leur soutien au candidat socialiste.

Le bureau de Jacques Chirac a livré une mise au point à l'AFP : "Personne n'est habilité à s'exprimer au nom de Jacques Chirac, qui ne fera aucune déclaration publique dans le cadre de ce scrutin".

A la matinale de France Inter, Nicolas Sarkozy avait jugé "triste" que certains essaient de "faire parler" son prédécesseur "dans les difficultés qui sont les siennes", allusion à ses problèmes de santé.

Conseiller spécial de François Hollande, Jean-Marc Ayrault a au contraire apprécié la position prêtée à Jacques Chirac: "cela signifie que beaucoup de personnes qui ne sont pas socialistes reconnaissent (...) des qualités d'homme d'Etat à François Hollande".

Déjà trois ex-ministres de Jacques Chirac, Corinne Lepage, Jean-Jacques Aillagon et Brigitte Girardin ont annoncé publiquement qu'ils voteraient pour François Hollande, voire contre Nicolas Sarkozy.

"Je suis tout à fait cohérente avec ce que j'ai toujours dit, à savoir que je ne veux pas la réélection de Nicolas Sarkozy", a déclaré mardi Mme Lepage, qui fut ministre de l'Environnement (1995-97).

"Souhaitant mettre fin à une politique qui, pendant cinq ans, a affaibli notre pays, a divisé les Français et a remis en cause la politique pour l'outre-mer que j'avais mise en place entre 2002 et 2005, mon vote personnel se portera sur François Hollande dès le premier tour, sans qu'il s'agisse d'un quelconque ralliement au candidat socialiste", écrit à l'AFP Mme Girardin, une très proche de Dominique de Villepin, qui ne s'est pas encore exprimé, lui, sur ses intentions.

Pour sa part, l'ex-ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon (2002-2004) figurait derrière François Hollande dimanche, au meeting du candidat socialiste sur l'esplanade du château de Vincennes.

Il n'était pas le seul. Ex-conseiller de Jacques Chirac, Hugues Renson a fait aussi le déplacement de Vincennes, tout comme l'ancien judoka Thierry Rey, père de l'unique petit-fils de Jacques Chirac.

A l'arrivée, seule Bernadette Chirac a apporté son soutien public à Nicolas Sarkozy, avec, bien sûr, les chiraquiens jouant encore un rôle de premier plan : Jean-François Copé, François Baroin, Christian Jacob.

Pour Claude Chirac, son époux, l'ex-secrétaire général de l'Elysée Frédéric Salat-Barroux ainsi que Line Renaud, les rumeurs d'un soutien à Hollande vont aussi bon train... Au point que la comédienne et chanteuse a dû préciser mardi à l'AFP "qu'elle n'a pas prévu d'apporter officiellement son soutien à l'un des dix candidats".