Fillon et les religions : le malaise
Les propos de François Fillon sur les religions provoquent un malaise dans les communautés juive et musulmane. La gauche, François Hollande en tête, critique le Premier ministre et certains membres de l’UMP font entendre leur désapprobation.
Le débat sur la viande Halal s’est engagé sur une pente très glissante qui mène directement à la polémique. En évoquant hier cette affaire lancée par Marine Le Pen et alimentée par Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, François Fillon a achevé d’ancrer le malaise, si celui-ci n’était pas suffisamment arrimé dans la campagne.
Invité sur Europe 1, il a notamment affirmé que "les religions devaient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand-chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, de la technologie, les problèmes de santé". Une déclaration qui, au-delà du Halal, faisait aussi immanquablement penser à la circoncision pratiquée dans les religions juives et musulmanes et qui avait pour origine des questions d’hygiène.
Juifs et musulmans choqués
Le grand rabbin de France Gilles Bernheim estime que ce débat "n'a pas lieu d'être". Il se dit très "gêné" par les déclarations de François Fillon, dans une interview à la Chaîne Parlementaire.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Richard Prasquier se dit "choqué" par une déclaration "stupéfiante".
Quant à Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, il fait part de son incompréhension et refuse de voir "l'islam et les musulmans (servir) de boucs émissaires dans cette campagne".
Recoller les morceaux
Conséquence de l’aggravation de la polémique : François Fillon recevra demain le grand rabbin Gilles Bernheim et le président du Consistoire central Joël Mergui. En revanche, Matignon n’annonce pas pour l’instant de rendez-vous avec les autorités musulmanes.
Hollande met en garde
Dans la classe politique, le candidat socialiste appelle aujourd’hui Nicolas Sarkozy et François Fillon à la "retenue". Il leur demande de "ne pas froisser" des "consciences". "Evitons ces faux débats ces polémiques inutiles, ces querelles qui froissent". Et de rappeler les sujets qui doivent, selon lui, être au centre de la campagne : "chômage, vie chère, retraite, la question sociale et le logement".