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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
3 février 2012

Comment Sarkozy, roi de l’intox, est devenu indéfendable pour Fillon

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LE PLUS. Triste prestation de François Fillon. Lors de son passage à l'émission "Des paroles et des actes", le premier ministre a été incapable de défendre Nicolas Sarkozy,qui a menti aux Français sur la gravité de la crise, sur ses cadeaux accordés aux plus riches, ou maintenant, en refusant de reconnaître qu’il est candidat…

C’était pathétique. François Fillon, visage triste de circonstance, costume terne de croque-mort, voix monocorde et sépulcrale, a enterré cinq années de sarkozisme, jeudi soir sur France 2, dans l’émission "Des Paroles et des Actes".

Car la démonstration de François Fillon, non seulement n’a pas servi le président Sarkozy, mais elle a démontré que ces cinq années auront été le théâtre de formidables mensonges de la part du chef de l’État : il avait promis la croissance, le pouvoir d’achat et même 5% de chômage. Or, il a commencé son quinquennat en favorisant les plus riches et il le finit en accordant des cadeaux aux entreprises et en plombant la consommation des plus modestes avec sa TVA "sociale".

Terrible bilan fondé sur la duplicité. Alors Martine Aubry, malgré sa grande précipitation à dénoncer l’intox du président de la droite, malgré ses bafouillages et ses colères rentrées, est parvenue, par contraste, à incarner avec naturel et combativité l’espoir d’une politique de vérité pour les cinq ans qui viennent.

L’authenticité et la sincérité

François Fillon a paru bien fatigué et peu convaincant jeudi soir, quand il s’est agi de présenter le bilan de Nicolas Sarkozy. Et tous les efforts de sincérité qu’il a tenté de déployer ont fait ressortir, de manière symétrique, la duplicité du chef de l’État.

Alors qu’il s'efforçait de défendre la politique fiscale favorable aux riches du président candidat, alors qu’il insistait sur "la plus grande crise que la France n’aie jamais connue", alors qu’il dénonçait "les contre-vérités de l’opposition", les Français, noyés sous une avalanche de chiffres, n’auront retenu que l’essentiel : Nicolas Sarkozy leur a toujours menti.

Et il n’auront pas manqué de noter avec quel culot inouï, dimanche dernier, le président Sarkozy n’a pas hésité à convoquer toutes les chaînes de télévision pour placer sa future campagne de candidat (qui n’a pas le courage de dire son nom), sous le signe de la "sincérité" et de "l’authenticité". On croit rêver !

C’est d’ailleurs François Fillon qui, bien involontairement, a révélé la plus grande intoxication de l’ère sarkoziste, celle qui consistait à nier la réalité de la crise et des difficultés que connaissait la France.

À la tête d’un État en faillite

La révélation de ce gros mensonge nous a sauté à la figure quand David Pujadas a rappelé les propos honnêtes et terribles du premier ministre : dès septembre 2007, il avait dit la vérité aux Français en se déclarant "à la tête d’un état en faillite", Nicolas Sarkozy, lui, leur a menti tout le temps, notamment quand, niant toute réalité de l’endettement français, il a interdit à son gouvernement d’évoquer les mots de "rigueur" et "d’austérité".

Devant l’évidence de l’intox, François Fillon a tenté de s’en sortir par une pirouette en évoquant "l’optimisme" de Nicolas Sarkozy qui lui reprochait "son pessimisme" et en laissant entendre, avec un sourire navré, qu’il aurait aimé se tromper.

Dès lors, le président candidat, qualifié "d’optimiste" (sinon de menteur) par son premier ministre contraint à sa demande de mentir aux Français sur l’ampleur de la dette et la gravité de la crise, apparaît sous un jour nouveau : celui d’un homme politique qui n’hésite pas à intoxiquer les Français en leur refusant la vérité et en les traitant comme des enfants.

Faux états d’âme et fausses confidences

Comment ne pas revisiter alors les derniers mois de ce quinquennat avec les yeux décillés ? Par exemple, ce faux suspense autour de la candidature du président… Cette manière de laisser entendre qu’il ne serait pas sûr d’y aller, qu’il hésite, alors que tous les Français le savent, il va briguer un second mandat, en profitant au maximum de sa double fonction de président et de candidat pour faire campagne sur le dos des contribuables.

Et que dire de ces faux états d’âme distillés en "off" auprès de petits groupes de journalistes pour laisser croire que Nicolas Sarkozy n’aurait plus le moral, qu’il envisagerait même, en cas d’échec, d’abandonner la politique. Que dire encore de ses fausses confidences, réservées à une poignée de parlementaires pour dire exactement l’inverse de ce qui précède, c’est-à-dire qu’il serait "le suicidaire le plus en forme de France".

Que penser enfin de cette ultime bravade lâchée mercredi soir auprès de sa garde rapprochée (Hollande a tiré toutes ses cartouches») et qui fait dire à l’UMP que c’est "le retour du mort-vivant" ?

Non, il n'a pas changé mais il est inquiet

Nicolas Sarkozy n’a pas changé. Cinq années d’échecs successifs, ni même la détestation dont il fait l’objet chez les Français, ni enfin ses mauvais sondages ne lui ont donné l’occasion de se remettre en cause. Le président candidat pratique l’intox, souffle le chaud et le froid au gré de ses humeurs et, bien caché derrière le rideau de l’Élysée, multiplie les attaques contre François Hollande.

Il raille son adversaire quand celui-ci se fait enfariner par une déséquilibrée, et il lance à ses basques sa meute de snipers pour tenter de l’abattre. Il n’hésite pas non plus à dénoncer les "mensonges" du programme de son rival  quand lui se vante de tenir aux Français un "langage de vérité".

Nul besoin d'être fin psychologue pour tirer une conclusion de tous ces épanchements intempestifs, de toute cette fébrilité permanente, de toutes ces intox distillées à sa demande : le chef de l'État est bel et bien inquiet à l'idée de ne pas être réélu.

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