Publier le nom des fraudeurs ? de tous ? On peut faire mieux !

Faute de pouvoir améliorer la situation de l’emploi, le budget qu’il a défendu ne lui laissant guère de marge de manœuvre, Xavier Bertrand, relaye la stratégie, éprouvée, séculaire, du bouc émissaire. A côté du sans papiers, du Roumain, et plus généralement de l’immigré de Claude Guéant, à côté de l’assisté de Laurent Wauquiez, il installe dans ce rôle le fraudeur aux allocations sociales.

Celui déclare en effet «Je pense que tout jugement devrait entraîner la parution dans la presse de l’identité des fraudeurs et de la nature de la fraude. Pourquoi ? Parce que je veux un effet préventif pour dissuader les fraudeurs. Il ne s’agit pas d’être dur pour être dur, il s’agit tout simplement d’être juste. Notre système verse des allocations à ceux qui en ont besoin mais on ne peut pas avoir des gens qui contournent le système de protection sociale».

Comme nous l’avons montré plusieurs fois, à partir de rapports tout à fait officiels, l’essentiel de la fraude en matière sociale ne vient pas des bénéficiaires (La fraude sociale est d’abord celles des patrons, mais le contrôle concerne plus les assurés sociaux et Une lutte contre la fraude hémiplégique, vis-à-vis des salariés, pas vis-à-vis des employeurs). Et il est possible de voir sur le terrain que la nature de la fraude est loin des fantasmes que véhiculent à loisir certains.

Il est difficile d’admettre que les fraudeurs (dont le tort est le plus souvent l’oubli d’une ressource dans une déclaration) soient, comme le propose le Ministre désignés à la vindicte publique. Mais il est inadmissible que seuls les fraudeurs aux prestations sociales soient ainsi désignés, pendant que les fraudeurs du fisc, pour des sommes considérablement supérieures, dont la fraude est reconnue publiquement, puissent garder leur Légion d’honneur. N’est-ce pas Liliane Bettencourt ?

C’est finalement un député UMP Bernard Debré qui exprime le plus nettement ce qu’il faut penser d’une telle proposition « J’apprécie Xavier Bertrand mais cette proposition est inacceptable, ajoute-t-il. On commence par les fraudeurs puis ce sera au tour des voleurs de pain, de poules (…) Je ne pense pas que stigmatiser soit une solution judicieuse. Il est vrai qu’il faut faire la chasse aux fraudeurs mais aller jusqu’à publier leur nom il ne faut pas abuser ! Mais dans quel pays vit-on ? Il y a déjà la police et la justice pour condamner ces gens»!

A moins que ce ne soit juste pour tenter de récupérer, par ce type de clin d’œil, les voix qui sont en train de délaisser le candidat Nicolas Sarkozy pour s’orienter vers Marine Le Pen. Ce serait pitoyable ! Mais, en ce cela il faut aller plus franchement, et nous formulons quelques propositions, à compléter bien sur : installer un pilori sur la place de chaque Hôtel de ville, marquer les fraudeurs au fer rouge, ou, mieux, leur couper la main, les lapider en place publique… Il est bien connu que quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limite.