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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
30 janvier 2012

Rajeunir, diversifier, renouveler, féminiser : le contre exemple de l’UMP

Logo blog Michel Abhervé

L’exercice des investitures est difficile pour tout Parti politique. Il est d’autant plus difficile que les sortants sont nombreux, et très majoritairement désireux de se représenter, et se pensent, naturellement, les mieux placés pour conserver leur siège et que, par ailleurs, les chances de gagner de nouveaux sièges sont faibles.

C’est la situation à laquelle, en 2012, est confrontée l’UMP qui fait preuve de son incapacité pratiquement totale à rajeunir, renouveler, diversifier, et féminiser, ce qui est pourtant les quatre enjeux essentiels de l’avenir d’une organisation politique : nous allons en prendre quelques exemples.

A Paris, où la réduction du nombre de circonscriptions et l’arrivée de François Fillon compliquaient encore l’exercice, le résultat est clair ; dix huit circonscriptions, seulement six femmes investies, et toutes dans des circonscriptions de l’Est parisien où les chances de gagner sont bien faibles. L’UMP comptait trois députées, Martine Aurillac, Edwige Antier (suppléante de Pierre Lellouche) et Françoise de Panafieu : elle risque de ne plus en avoir aucune, alors que Bernard Debré, 68 ans et Claude Goasguen, 67 ans sont réinvestis. On comprend la colère des femmes parisiennes de l’UMP, annonciatrice de probables candidatures dissidentes, au delà du “cas Dati” dont la farouche détermination de la Maire du VIIème arrondissement et la médiatisation qui l’entoure obligeraient toute formation politique censée à trouver une solution.

Cette situation parisienne est, par ses excès et son côté symbolique, connue. Il y a à côté de nombreux départements où la situation n’est pas plus glorieuse.

Dans le Val d’Oise, huit sortants UMP, tous des hommes. Tous sont réinvestis, alors que leur moyenne d’âge sera, s’ils sont tous réélus (ce qui n’est pas le plus probable), en début de mandat, de plus de 63 ans. Parmi eux François Scellier 75 ans, et Jean Bardet, 71 ans. Deux femmes sont investies, une dans la seule circonscription de gauche, la VIIIème, celle qui avait élu Dominique Strauss Kahn en 2007 et la dixième, nouvellement créée, très favorable àla gauche. Un bel exemple de la capacité à envoyer des femmes se présenter dans les circonscriptions les plus difficiles.

Dans les Yvelines, onze candidats sont désignés sur les douze circonscriptions, la troisième, celle de Christian Blanc, qui, à 70 ans, a annoncé ne pas se représenter, restant en suspens. Sur ces onze circonscriptions, dix ont des députés UMP, l’exception étant la dixième avec sa députée verte Any Poursinoff, élue suite à une élection partielle, lorsque Christine Boutin a décidé de ne pas reprendre son mandat suite à son départ du gouvernement. Deux femmes seulement sont investies, Valérie Pécresse et Cécile Dumoulin, qui a remplacé Pierre Bédier, à travers l’astuce de la prolongation d’une mission, ce qui a permis de ne pas organiser d’élection partielle quand la condamnation de l’ancien Secrétaire d’Etat en charge des prisons est devenue définitive. Un poste permettait facilement le renouvellement, celui d’Etienne Pinte qui ne se représente pas. C’est le Maire de Versailles, un Enarque, François de Mazières qui a été investi.

Quant aux Hauts de Seine, département ô combien important pour la Sarkozie, l’UMP a 10 Députés sortants, les 3 autres étant communistes (avec pour ceux-ci 2 femmes députées sur les 3 sièges). Pierre-Christophe Baguet ne se représente pas, affirmant préférer se consacrer à son mandat de Maire de Boulogne-Billancourt et l’UMP a investi Claude Guéant, de 10 ans plus âgé, qui tentera de conquérir un premier mandat parlementaire à 67 ans. Par contre les trois députés septuagénaires, Jacques Kossowki, 72 ans, André Santini, 72 ans et Jean-Pierre Schosteck 70 ans ont été réinvestis. La seule femme députée, Joëlle Cecaldi-Raynaud, elle n’est pas réinvestie à 61 ans, la circonscription, qui est celle dont Nicolas Sarkozy fut l’élu, étant "réservée". On pourrait penser que c’est en raison de "casseroles", dont la Maire de Puteaux détient une remarquable batterie, mais en ce cas, comment expliquer que le député voisin, Patrick Balkany, qui, sur ce point,  tient aisément la concurrence soit pour sa part réinvesti sans problèmes à 64 ans ? Il y aurait dans ce département, sur 13 circonscriptions, une seule femme investie par l’UMP, Nora Djellab, dans la première circonscription, celle de Gennevilliers, fief communiste. Enfin il faut noter que dans la deuxième circonscription, l’UMP a préféré investir Manuel Aeschilman, député sortant, condamné en première instance à 18 mois de prison avec sursis, quatre ans d’inéligibilité et 20 000€ d’amende pour favoritisme dans l’attribution d’un marché public en 1998, peine réduite en appel à un an d’éligibilité en janvier 2011, de surcroît battu dans sa ville, Asnières, aux élections municipales de 2008, plutôt que Rama Yade, qui se présentera au nom du Parti Radical.

Pour sortir de l’Île de France, allons dans les Alpes Maritimes, fief UMP par excellence : 9 circonscriptions (aux contours assez largement modifiés), 9 Députés UMP sortants dont 2 femmes. Tous les sortants sont réinvestis, sauf l’une des femmes Muriel Marland-Militello (Présidente du Groupe d’étude vie associative et bénévolat), victime à 68 ans du changement des limites des circonscriptions et de l’ambition d’un homme Charles-Ange Ginésy, qui fut député quand Christian Estrosi était Ministre et brûle d’envie de le redevenir. Une femme, Michèle Tabarot et huit hommes, dont Bernard Brochand 74 ans et Jean-Claude Guibal, 71 ans, sont donc investis par l’UMP. Nous avons ici un fort bel exemple de la féminisation et du renouvellement àla sauce UMP : celui-ci ne sera possible que grâce à la dissidence, annoncée.

Continuons par le Morbihan : cinq des six Députés sortants sont UMP. Le doyen de l’Assemblée, Loïc Bouvard ne se représente pas à 83 ans, et c’est son suppléant, François Guéant, le fils du Ministre de l’Intérieur, qui est investi : un peu de renouvellement, d’ailleurs contesté localement, puisque le député sortant soutient le Maire de Guer-Coëtquidan, Jean-Luc Bréher. Ailleurs, de façon consensuelle, Gérard Lorgeoux, 69 ans se retire et soutient Yves Bleunven 49 ans. Mais pour la féminisation, il y a mieux : une seule femme investie, Brigitte Melin, dans la circonscription de Lorient, fief de la gauche, qui depuis 1973 n’a connu qu’un député de droite, lors de la vague bleue entre 1993 et 1997.

Quant à la Loire, c’est encore plus simple, et la situation ne mérite pas de longues explications : six circonscriptions, six investitures UMP, toutes pour des hommes.

[Erreur de ma part : Selon Politique 42 , une femme, Alexandra Custodio, a été investie dans la deuxième circonscription, celle qui donnait en 2007 le meilleur score à la gauche avec 54 % des voix pour Jean-Louis Gagnaire, PS . Son élection n’est pas, loin s’en faut le cas de figure le plus probable, mais son investiture limitera les pénalités financières].

Nous pourrions multiplier les exemples, et peut-être reviendrons-nous sur la situation de certains départements, mais il est possible de tenter une première synthèse. Sur de nombreux points, cette procédure d’investiture traduit bien l’absence de stratégie d’avenir de l’UMP, et de ses dirigeants.

En arriver à peine plus d’un quart de candidatures féminines, comme il ya cinq ans, ou peu s’en faut, tout en ayant réservé à des femmes le "privilège" de concourir dans les circonscriptions où les chances de gagner sont infinitésimales, c’est voir tout à la fois un groupe parlementaire très masculin, et des dotations publiques en forte baisse, de plusieurs millions d’Euros. A propos qui déclarait “Je suis favorable à un renforcement très dur des pénalités financières pour les partis qui ne respectent pas la parité” ? Le Premier Ministre, un certain François Fillon. Mais cela date d’une éternité, Mai 2010 !

Avoir réinvesti nombre de septuagénaires, comme très probablement Louis Guédon, 77 ans en Vendée, Lucien Degauchy, 75 ans dans l’Oise, Hervé de Charette, 74 ans, dans le Maine et Loire, et bien d’autres, c’est une façon bien curieuse de préparer l’avenir. A moins que l’on ne compte sur les décès pour que les suppléants deviennent députés à leur tour. Il est vrai qu’avoir choisi pour présider la commission d’investiture, Jean-Claude Gaudin, 73 ans, parlementaire sans autre interruption que les fonctions ministérielles depuis 34 ans, c’était déjà une indication assez forte de la volonté de renouvellement de l’UMP !

Quant à la diversification, elle semble se limiter outre quelques candidatures de témoignage dans des fiefs de gauche, comme nous l’avons vu à Gennevilliers, à ce qui finira bien par être devoir trouvé comme solution pour Rachida Dati et à la circonscription de Roubaix pour la nouvelle étoile montante Salima Saa : peu de chances à ce que aboutisse à une représentation un tant soit peu à l’image du pays.

Si la défaite de Nicolas Sarkozy dans sa tentative dont nul ne doute à obtenir un deuxième mandat, hypothèse qui ne peut être exclue, se prolongeait par une catastrophe électorale pour la droite aux législatives, voisine dans son ampleur de celle qu’a connu la gauche en 1993, ce sera le fondement même de l’UMP, construite comme parti unique de la droite et du centre, outil de la victoire électorale par l’union, qui serait battu en brèche, cette tendance étant accentuée par cette incapacité à assumer, même à minima, la nécessité de renouveler, rajeunir, diversifier et féminiser.

La caricature de Daniel Hue

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