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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
7 août 2011

Écologistes et agriculteurs bretons s'écharpent sur le dossier des algues vertes

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 Sanglier

 

La mort de 36 sangliers sur la côte Nord de la Bretagne a remis sur le devant de la scène la question de la pollution liée aux algues vertes. Problème de santé publique, la dangerosité des "laitues de la mer" suscite de nombreuses controverses.

 

Comme presque chaque été depuis trois ans, les algues vertes s'invitent sur les plages bretonnes. Après les décès suspectsde deux chiens à Hillion en juillet 2008, d'un chauffeur qui transportait des algues vertes à Lantic en juillet 2009 et d'un cheval à Saint-Michel-en-Grève en août 2009, la découverte de 36 sangliers morts à Gouessant, dans la baie de Saint-Brieuc (nord de la Bretagne), en juillet dernier, a relancé le débat sur la dangerosité de ces "laitues de mer".

Alors que la controverse se limitait jusqu'alors au seul cadre environnemental - comment réduire le rejet excessif de nitrates d’origine agricole, principale cause de la prolifération des algues vertes ? - ces algues vertes sont devenues un véritable problème de santé publique. A savoir : ces dernières qui, en pourrissant, dégagent de l’hydrogène sulfuré (H2S), un gaz mortel, peuvent-elles présenter un risque mortel pour l'homme ?

Les résultats des dernières analyses effectuées sur les sangliers se font toujours attendre, mais la réponse ne fait aucun doute pour Sauvegarde du Penthièvre et Sauvegarde du Trégor, deux associations écologistes bretonnes qui s’apprêtent à porter plainte contre l’État pour "mise en danger de la vie d’autrui". Leurs plaintes devraient rejoindre le millier d’autres -collectives et individuelles - déposé sur le bureau d'Anne-Marie Bellot, la juge d’instruction du pôle de santé publique du Tribunal de grande instance de Paris.

 

Hydrogène sulfuré, responsable ou pas ?

L'initiative n’est pas du goût de certains agriculteurs, qui ont reçu le soutien d'Eva Joly, la candidate à la présidentielle d'Europe Ecologie-Les Verts, en déplacement ce vendredi à Hillion. Ces derniers enjoignent les défenseurs de l'environnement à faire preuve de davantage de "prudence et de raison". Président de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, Olivier Allain doute ainsi du lien établi entre les algues vertes et le décès des 36 sangliers.

Si les résultats des premières analyses menées sur cinq d'entre eux ont mis en évidence la présence de H2S dans leurs poumons, il rappelle aussi que, chez l'un des animaux autopsiés, aucune trace du gaz mortel n'a été décelée. Celui-ci préfère privilégier la thèse d'un empoisonnement, l'un des deux sangliers analysés à cette heure présentant des traces de chloralose, un poison mortel, selon l'AFP.

A l’instar d’Olivier Allain, Stéphane, éleveur bovin dans les Côtes d’Armor contacté par FRANCE 24, estime que certaines associations écologistes vont un peu vite en besogne. "Je ne dis pas que les algues vertes sont hors de cause, je me demande simplement pourquoi d'autres espèces n'ont pas été touchées, d'autant plus que les sangliers sont des animaux robustes. C’est étonnant qu’ils aient été les seuls à mourir."

S'il reconnaît que l’hypothèse de l’empoisonnement n’est pas à exclure, Jean-François Piquot, le porte-parole de l’association Eau et Rivière de Bretagne, estime toutefois qu'elle ne peut expliquer, à elle seule, la mort des sangliers. "La quantité de poison retrouvée n’était pas suffisante pour tuer les bêtes. Peut-être y a-t-il eu combinaison entre le poison et le H2S...?", s'interroge-t-il. Une précaution dont fait également preuve Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l’Écologie, qui préfère attendre le résultat des analyses avant de se prononcer.

 

Les algues vertes n’affectent pas le tourisme breton

"Cependant, Olivier Allain ne peut nier une réalité indiscutable : la Bretagne concentre 60% des cochons et 30% des bovins français (…), reprend Jean-François Piquot, qui tient à rappeler le rôle de l’agriculture intensive dans la multiplication des "marées vertes". Une telle concentration sur un territoire grand comme la Bretagne est un non-sens... L’État est clairement responsable. Il a permis l’accroissement de ce cheptel sans tenir compte des dégâts qu'ils pouvaient causer sur l'environnement".

Reste une question : les algues vertes - qui ont terni l’image de la Bretagne - constituent-elles un danger pour l’économie locale ? "Seules quelques plages souffrent de marées vertes. Mais dans l'ensemble, il n'y a aucun impact négatif sur le tourisme", répond Michael Dodds, directeur du Comité régional du tourisme de Bretagne, sans pour autant fournir de chiffres sur l'évolution de la fréquentation touristique de ces deux dernières années.

Quoi qu'il en soit, le gouvernement a prévu, lui, dans son plan de lutte contre les algues vertes de février 2010, une réduction des fuites de nitrates de 30% à 40% vers les eaux de huit baies de Bretagne particulièrement touchées par le fléau vert d’ici à 2015. Une diminution suffisante pour faire retomber la polémique ? 

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