Le président du C.A. de Pôle Emploi devant les patrons de la métallurgie

Le poids de l'urgence

SUD-OUEST  15 juillet 2011

 Le président de Pôle Emploi fait valoir que la crise a perturbé le processus de fusion entre Assédic et ANPE.

 Dominique-Jean Chertier, secrétaire général du groupe Safran et président du conseil d'administration de Pôle Emploi, se trouvait récemment à Bordeaux à l'occasion d'un débat sur la formation organisé par la fédération métallurgique UIMM. Il répond aux jugements souvent critiques émis sur Pôle Emploi, né au début de 2009 de la fusion des Assédic et de l'ANPE.

« Sud Ouest ». Le rapport récemment publié par le Conseil économique, social et environnemental (Ceser) est plutôt sévère à l'égard de Pôle Emploi. Peut-on vraiment estimer aujourd'hui que cet organisme a permis d'améliorer le parcours des chômeurs ?

Dominique-Jean Chertier. Une fusion n'est jamais facile à réaliser. Mais les circonstances économiques ne nous ont pas aidés. À partir de la fin 2008, la France a connu une de ses trois récessions du dernier demi-siècle. Le nombre moyen des nouveaux inscrits s'est élevé pendant cette période à 3 000 par jour. Quand la création de Pôle Emploi a été décidée, on ne s'attendait pas à un afflux pareil. Nous avons dû faire face à l'urgence, tout en mettant la nouvelle organisation en place. C'était très difficile.

Mais est-ce que cela n'a pas jeté le discrédit sur Pôle Emploi ?

Tout n'a peut-être pas été parfait. Mais des missions essentielles ont été bien remplies. Ainsi, personne ne peut dire qu'il y ait eu, au cours de cette période, de raté majeur sur l'indemnisation des chômeurs, ce qui me paraît tout de même important. 

Sur l'accompagnement des chômeurs, le Ceser se trompe-t-il en pointant un gros décalage entre feuille de route et réalité ?

Les feuilles de route sont nécessaires, mais il y a des domaines dans lesquels il faut les adapter aux réalités. Sur l'accompagnement, les choses ont souvent été bien faites. Mais il y a des points sur lesquels, dans ce domaine, nous devons aller plus loin.

Sur quel autre point voyez-vous un écart entre feuille de route et réalité ?

Un des objectifs qui nous étaient assignés était de faire en sorte qu'il y ait un nombre important de salariés de Pôle Emploi susceptibles de traiter à la fois les problèmes de l'indemnisation et ceux de l'accompagnement du demandeur d'emploi. Mais, en fait, nous nous sommes aperçus que la mise en place de cette polyvalence était compliquée. Dans certaines agences, on y arrive ; dans d'autres, c'est difficile à réaliser.

Y a-t-il des domaines pour lesquels vous avez la conviction que les objectifs ont été atteints ?

C'est le cas notamment pour l'accueil téléphonique, où la situation est aujourd'hui satisfaisante. 

Une nouvelle convention tripartite doit être signée pour fixer les objectifs dans les trois ans à venir. Sur quel point, selon vous, l'institution devrait-elle évoluer ?  

Je crois qu'il faut coller d'encore plus près à la réalité régionale, car nous constatons de grandes disparités entre les régions en termes de chômage et de retour à l'emploi. Il faut aussi s'adapter de plus en plus finement à la situation des métiers en tension, où la demande d'emploi excède l'offre. Les impératifs de formation et de qualification du personnel sont par exemple très différents entre les métiers de l'hôtellerie et ceux de l'aéronautique, que je connais bien.

Recueilli par Bernard Broustet