Sécurité nucléaire : "Du 'bla bla' à la française...

Contactée par leJDD.fr, l'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi réagit au discours de Nicolas Sarkozy, tenu jeudi matin à Tokyo au sujet du nucléaire.

Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi à Tokyo une réunion des autorités nucléaires du G20 à Paris, au mois de mai, afin de définir une "norme de sûreté nucléaire internationale". Quelle est votre réaction ?
C'est une bonne chose d'établir des standards à très haut niveau concernant la sécurité nucléaire dans le monde, mais le discours de Nicolas Sarkozy est incohérent. Ou alors, il faut qu'il nous explique pourquoi il refuse que les "stress tests" (tests de résistance, ndlr) décidés par l'Union européenne sur les centrales soient appliqués sur les installations françaises (les Britanniques ont également refusé, ndlr).

Peut-être parce que le nucléaire français est "le plus sûr au monde", comme il l'a déclaré…
Mais c'est faux et archi-faux. Il faut arrêter avec cette idée-là. Les installations nucléaires françaises ont été victimes de nombreux incidents. Bien sûr, il n'y a pas eu de catastrophe majeure, mais on ne peut pas, par exemple, laisser Nicolas Sarkozy dire, comme il l'a fait à Tokyo, que l'EPR (réacteur de troisième génération, ndlr) est le réacteur le plus sûr au monde, alors qu'il n'est encore qu'en phase d'expérimentation.

"Un référendum dans chaque pays qui choisit le nucléaire"

Critiquez-vous des effets de manche de la part du Président ?
Nicolas Sarkozy ne peut pas dire d'un côté: "On va établir des normes mondiales calquées sur celles de la France", et de l'autre refuser que les centrales françaises soient expertisées par des experts non-français. En outre, l'accident de Fukushima montre bien que tout ce que l'on nous disait concernant la sécurité nucléaire ne tient plus la route aujourd'hui. Nicolas Sarkozy ferait mieux de se montrer humble, au lieu de se mettre en avant et de se livrer à un "bla bla" à la française.

Que faudrait-il faire ?
Nicolas Sarkozy devrait réclamer à ses partenaires internationaux un référendum dans chaque pays qui choisit le nucléaire. Un accident entraîne une telle catastrophe humaine et écologique que les populations doivent être impliquées dans la chaîne de responsabilité. Dans tous les pays, une élite choisit pour l'ensemble des citoyens. Sauf que lorsqu'un accident survient, c'est bien la population qui est touchée. Le nucléaire ne doit pas échapper plus longtemps à la démocratie.