Roms : La mise au point d'Angela Merkel
Contrairement à ce qu'a affirmé Nicolas Sarkozy, hier jeudi 16 septembre ,devant les journalistes, Angela Merkel n'a pas parlé avec lui, à Bruxelles, "de prétendus camps de Roms en Allemagne, et en aucun cas de leur évacuation", a fait savoir un porte-parole du gouvernement allemand dans la soirée. Sur le sujet, Berlin reste donc sur la même ligne que la Commission européenne, condamnant, toutefois, le "ton des propos" tenus contre Paris par la commissaire européenne Viviane Reding.
"Mme Merkel m'a indiqué sa volonté de procéder dans les prochaines semaines à l'évacuation de camps (…)
Je dois dire que j'ai été très sensible au soutien complet, total et
entier une fois encore d'Angela Merkel sur cette question comme sur
tellement d'autres." Ainsi parlait Nicolas Sarkozy, jeudi, à
Bruxelles, où le président français était venu justifier la politique
menée par Paris concernant le dossier Roms. Une politique décriée dans
les arcanes des institutions européennes et qui, en outre, a peut-être
provoqué un nouveau couac au sein du couple franco-allemand. En effet,
loin de conforter le locataire de l'Elysée, Berlin s'est fait fort,
jeudi soir, de démentir ses propos.
Dans un communiqué, un porte-parole de la chancelière allemande, relayé
par l'ensemble de la presse européenne, a ainsi fait savoir que les deux
dirigeants ne s'étaient jamais entretenus sur "de prétendus camps de Roms en Allemagne, et en aucun cas sur leur évacuation". "Ni lors du Conseil européen, ni lors d'entretiens en marge"
de ce rendez-vous européen, a précisé Berlin. Plus généralement,
outre-Rhin, les autorités allemandes s'en tiennent à la ligne défendue
par la Commission européenne. Celle-ci qui s'inquiète de toute forme de "discrimination"
dont des Roms pourraient être victimes de la part de Paris et défend la
libre circulation des personnes à l'intérieur de l'UE. Elle pourrait
même ouvrir une procédure en infraction contre Paris dans les prochaines
semaines
L'opinion française contre Bruxelles
Seul réconfort pour Nicolas Sarkozy, l'Allemagne soutient la France "en ce qui concerne les critiques sur la forme et le ton des propos de la commissaire européenne (Viviane) Reding".
Pour rappel, la commissaire européenne en charge de la Justice, des
Droits fondamentaux et de la Citoyenneté avait comparé la politique
française vis-à-vis des Roms aux heures sombres de la Seconde guerre
mondiale, avant de s'en excuser, mercredi soir. L'Elysée avait pris
acte.
Quoi qu'il en soit, au lendemain de sa virée bruxelloise, et malgré le ton de fermeté adopté,
Nicolas Sarkozy ne semble pas être parvenu à éteindre le feu des
critiques. A plusieurs reprises, le climat aurait même été houleux au
cours des discussions, notamment entre le président français et José
Manuel Barroso, président de la Commission européenne. "S'il y'en a un qui a su garder son calme, c'est bien moi", s'était défendu le premier en conférence de presse. La réponse du second ne s'est pas fait attendre: "C'est
vrai que dans la passion du débat nous avons entendu des commentaires
exagérés. La vice-présidente de la commission l'a elle-même reconnu hier (mercredi) D'autres devraient penser à faire de même…", a-t-il estimé, grinçant. Invité vendredi matin sur Europe 1, Bernard Kouchner s'est, lui, fait fort de minimiser les différends, reconnaissant toutefois que le ton a été "particulièrement vif", jeudi, à Bruxelles.
Au final, dans le duel qui oppose Paris à la Commission européenne,
c'est dans l'opinion… hexagonale que Nicolas Sarkozy trouve le plus de
soutiens. Selon un sondage OpinionWay, publié ce vendredi par Le Figaro, 56% des Français désapprouvent
en effet les menaces brandies par Bruxelles. Ils sont notamment 83% à
le penser parmi les sympathisants de droite, contre 61% qui, au
contraire, soutiennent la Commission européenne parmi les sympathisants
de gauche.