L'autocritique du Directeur Général de Pôle Emploi
L'aveu de Christian Charpy : "certains choix n'étaient pas forcément bons".
Fusion : Pôle Emploi a dû décaler des priorités ou renoncer à des choix initiaux (C. Charpy)
Le Point/AFP le 07/07/2010
"Pôle Emploi a dû "décaler des priorités" de ,
voire renoncer à des choix initiaux "pas forcément bons" comme la
polyvalence totale, à cause de la crise mais aussi de "calendriers
impossibles" à tenir", a noté mercredi son directeur général Christian
Charpy.
Sur fond de hausse massive du chômage, "on s'est concentrés tout
au long de 2009 sur l'inscription et l'indemnisation et on a décalé un certain
nombre de priorités parce qu'on avait trop de travail et parce qu'on avait fixé
à Pôle Emploi des objectifs de calendrier impossibles à atteindre", a-t-il
expliqué lors des rencontres de la modernisation de l'Etat.
"Il était demandé par exemple à Pôle emploi "de fusionner en
l'espace de neuf mois toutes les anciennes agences ANPE (900) et antennes Assédic
(600)", ce qui était "matériellement impossible", a rappelé M.
Charpy, remarquant que le calendrier de fusion géographique des Direction
générale des impôts et Direction générale des comptes publics avait été
"un peu plus étendu.
"On a fait des sites mixtes (ex-ANPE avec ex-Assédic ndlr). On ne
peut pas dire que c'est l'organisation définitive, il faudra deux à trois ans
minimum pour régler l'ensemble des problèmes immobiliers", a-t-il ajouté
lors d'une table-ronde sur "Pôle Emploi à l'épreuve de la crise".
"Quant à l'entretien unique d'inscription et à l'interlocuteur unique
pour les chômeurs, qui étaient prévus "dans des délais très courts",
Pôle Emploi a renoncé "à l'expérience" à la polyvalence totale des
salariés issus de l'ANPE (accompagnement) et des Assédic (indemnisation)", a
expliqué M. Charpy.
"A l'usage, on s'est rendu compte qu'un certain nombre de choix
initiaux n'étaient pas forcément les bons", a-t-il ajouté, notant
qu'"il n'y a pas un service public de l'emploi au monde fonctionnant avec
une fusion totale des métiers", même pas en Grande-Bretagne ou en
Allemagne, mais qu'"en France, l'idée a couru un moment qu'on était
capable de tout faire".
"A l'expérience, on constate que la polyvalence est extrêmement
difficile à acquérir", que "même si tous les agents sont extrêmement
compétents (...) vous ne les rendez pas interchangeables" et qu'"il
aurait fallu 20 jours de formation par agent pour plus de 40.000 agents",
en pleine crise, a-t-il dit.
En revanche, a souligné M. Charpy, "il faut un socle de compétences quand les agents sont à l'accueil, au téléphone ou en agence, pour répondre à toutes les questions de premier niveau".