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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
26 janvier 2010

"Vrais gens" ou "pauv'cons" ?

Sarkosy sur TF1 : "vrais gens" et soucis quotidiens au programme (Paris Match)

Nicolas Sarkosy dialogue avec les "vrais gens" sur TF1 (France Info)

11 "vrais gens*" comme les ont qualifiés certains journalistes (six hommes et cinq femmes, six de province et cinq de la banlieue parisienne) face au Président de la république Nicolas Sarkosy le 25 janvier 2010. Ces invités ont été sélectionnés par TF1.

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* "Les vrais gens", une expression disséquée

Si une autorité (président, ministre, etc.) se déplace en province, on nous dira, on nous fera savoir qu’il est allé à la rencontre des «vrais gens». De même, un documentaire précis, détaillé, recevra l’éloge d’avoir montré «les vrais gens», loin de toute fiction et de toute représentation factice ou stéréotypée.

Chacun comprend bien le sens de cette locution qui évolue selon les contextes de son emploi : dans un contexte politique, elle désigne les (simples) citoyens par rapport aux gouvernants : les «vrais gens», en ce sens, rappelle la notion maurrassienne de «pays réel» par opposition à celle de «pays légal» ; si l’approche est sociale ou sociologique, «les vrais gens», ce sont les travailleurs par opposition aux décideurs ; ce sont aussi les «obscurs», les «sans grade», «la France d’en bas», si chère à Jean-Pierre Raffarin. Ce sont les anonymes par opposition aux «célébrités», ceux que l’on appelle maintenant les «people», -à prononcer pipol ou pipeul.

Résumons-nous un peu : «les vrais gens» sont ceux dont on (= les medias, les rapports administratifs) ne parle pas, qu’on ne voit pas à la télévision, qui n’occupent pas le devant de la scène. En gros, c’est vous et c’est moi…

Que ces gens soient qualifiés de «vrais» mérite qu’on y regarde d’un peu plus près.

D’abord remarquons que, par rapport aux people, l'expression les «vrais gens» marque comme une réappropriation du mot : il n’y a pas, en fait, de gens (people, en anglais), que ceux que l’on dit tels. Et nous aussi, nous sommes gens et des vrais en plus!

Car cette locution constate, en creux, une vision tronquée ou incomplète, un mensonge, ou une illusion qui présenteraient de «faux gens» -termes dont notre mode courant d’expression ne se sert pas, curieusement. Des «faux gens», que faut-il entendre par là?

C’est ce qu’illustrerait l’anecdote célèbre de ces villages russes tout en trompe-l’œil qu’avait fabriqués à dessein Potemkine, amant et ministre de Catherine II de Russie parcourant son vaste empire. Le bon peuple avait des maisons (mais il n’avait fait construire que des façades!), le bon peuple aimait sa souveraine (mais il y avait des soldats chargés de convaincre les plus récalcitrants!): tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles…

Si Catherine II ne vit pas de «vrais gens», les chances d’en voir aujourd’hui sont-elles plus grandes ? Rien n’est moins sûr : Barack Obama sait-il qu’à Strasbourg il ne vit de foule enthousiaste et chaleureuse que celle dûment rameutée et chapeautée par l’UMP ?

Les «vrais gens» existent sans doute, mais il n’est pas sûr qu’on les rencontre à la demande et au moment où on le voudrait. Nicolas II a peut-être eu plus de chance que sa lointaine aïeule : il a dû en entendre parler quand les marins du Potemkine ont fait éclater la vérité en plein jour…

Signé Giorgione

"vrais gens", "faux cons", "vrais cons",

"pauvres gens", "pauv'cons",

Les journalistes nous les cassent...

il nous les casse !

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