Charles Dumont : "Ma mère m'a mis au monde, Edith Piaf m'a mis dans le monde"

"Ma mère m'a mis au monde, mais Edith Piaf m'a mis dans le monde" a coutume de dire Charles Dumont. Le "crooner" de 86 ans ouvrait vendredi soir les 31e Francofolies de la Rochelle qui rendent hommage à "La Môme". 

"Sans elle, je n'aurais jamais fait tout ce que j'ai fait, ni comme compositeur, ni comme chanteur", assure cet infatigable interprète de l'amour en recevant l'AFP dans son appartement parisien du VIe arrondissement, quelques jours avant les "Francos". 

Auteur de certaines des plus belles chansons d'Edith Piaf, dont "Non, je ne regrette rien", "Les amants" ou encore "Mon Dieu", Charles Dumont, 86 ans depuis mars, devait évidemment mettre ses standards à son tour de chant. Avec ce concert et le spectacle de samedi de Clotilde Courau ("Piaf, l'être intime"), le festival rochelais marque le centenaire de la naissance de "La Môme".

La scène, qu'il retrouve six mois après un concert à l'Olympia, permet de "ne pas vieillir", explique le natif de Cahors, membre des glorieux "octos et plus" de la chanson française avec Charles Aznavour (91 ans), Juliette Gréco (88 ans) ou encore Hugues Aufray (85 ans, né comme lui en 1929).

"Tous les gens qui vieillissent, même les plus cachotiers, ont des faiblesses de plus en plus redoutables, de plus en plus effrayantes. Quand vous revenez devant un public, qui vient vous voir comme il venait il y a 20, 30 ou 40 ans, et vous fait le même accueil, alors il vous redonne vos 20 ans", ajoute Charles Dumont. 

L'âge n'empêche pas le trac : "Il n'y a rien à faire... C'est ce sentiment de responsabilité. Je suis toujours admiratif de ce public qui quitte son canapé et sa télévision, où il n'a rien à payer, pour aller payer sa place et écouter des chansons. Quelle responsabilité !" D'autant qu'il y a "la voix, cette garce, est-ce qu'elle sera bien là ce soir-là ?" Et les éventuels "trous de mémoire" dont il faut se prémunir en rejouant tous les jours la quinzaine de chansons prévues au programme. 

- "Intimiste, mais pas triste" -

Ce concert si important pour lui, le chanteur a craint un temps de ne pouvoir l'assurer en raison d'une chute qui s'est soldée par une fracture du bras droit. Mais il sera finalement bien, là, assis à son piano entouré d'un second piano, d'un violoncelle et d'une basse.

"Souvent, la difficulté vous amène une bonne chose: je me suis rendu compte que, sur certains titres, je faisais trop de piano. D'être obligé d'en faire moins, ça m'a donné conscience que mon piano bouffait parfois les paroles", constate celui qu'on compare souvent aux "crooners" américains mais qui réfute ce terme: "Laissons ça aux Américains, qui le font tellement bien !"

"Je préfère être un chanteur de l'émotion, de la complicité avec le public. Que je sois un chanteur intimiste, oui, mais pas triste. Dire doucement à l'oreille d'une femme +Je t'aime+, ce n'est pas lui dire +Je suis triste+...", sourit un artiste dont le thème de prédilection transparaît à travers nombre de titres de ses chansons : "Les chansons d'amour", "Les gens qui s'aiment", "Les mots d'amour", "Ta cigarette après l'amour"... 

"Autrefois, la réussite, c'était de se marier pour toute la vie. Aujourd'hui, les gens se marient pour le temps où ils ont le sentiment de s'aimer. Eh bien, moi, je trouve que c'est beaucoup mieux, c'est ça la vraie réussite", glisse au passage cet éternel sentimental, toujours marié mais revenu des amours qui durent toujours. 

A La Rochelle, il promet de nouvelles chansons jamais entendues par le public, soulignant ne pas avoir arrêté de composer : "Bien sûr que j'écris... C'est comme si vous me demandiez : +Est-ce que vous respirez encore, Charles Dumont ?+"

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