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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
17 juin 2015

Du gaz de schiste au droit du sol, les sept revirements de Sarkozy

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A la conquête d'un nouveau mandat en 2017, l’ancien président a changé d’avis sur plusieurs sujets cruciaux, depuis son retour en politique.

«Il se trouve que je suis l’un des rares hommes politiques qui ne change pas d’avis après avoir été élu», proclamait Nicolas Sarkozy en septembre 2008. A la conquête d’un nouveau mandat présidentiel en 2017, l’ancien président n’hésite plus à prendre des libertés avec ses prises de position passées. Nous avons recensé sept volte-face.

1. Le droit du sol
2. Le vote des étrangers
3. Le gaz de schiste
4. L’aide médicale d’Etat
5. Le mariage homosexuel
6. La laïcité et le voile
7. Le front républicain contre le FN

1. Le droit du sol

Dernière transgression en date : la relance du débat sur le droit du sol dans l’acquisition de la nationalité française, l’un des thèmes favoris du Front national. «Faut-il remettre en cause le droit du sol ? Cette question, incontestablement, peut se poser», a assuré Nicolas Sarkozy le 13 juin.

Entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012, le président-candidat avait pourtant exclu sans ambiguïté cette proposition : «Je suis pour le droit du sol. Nous le garderons. J’ai été tout à fait constant sur cette position, même quand cela peut nous poser des problèmes. Le droit du sol, c’est la France».

2. Le vote des étrangers

Au cours de sa carrière politique, Nicolas Sarkozy a changé deux fois d’avis sur l’octroi du droit de vote aux étrangers extracommunautaires pour les élections locales, comme le racontait Le Parisien en 2012.

Il y était défavorable «sans ambiguïté» en 1997, avant de se prononcer pour en 2001, à condition qu’il concerne les étrangers en situation régulière qui «paient des impôts», «respectent nos lois» et justifient de cinq ans de résidence. En 2005, il remonte le seuil à dix ans de résidence, et ajoute la «condition de réciprocité» (que des Français puissent voter dans le pays d’origine de l’étranger) en 2006 dans son livre Libre (Robert Laffont)… mais renonce à intégrer la mesure à son programme présidentiel en 2007.

Encore «favorable à titre intellectuel» à cette proposition «sur la base de la réciprocité» en 2008, mais coincé par une absence de majorité, le président de la République finit par se rétracter en 2011. Le droit de vote des étrangers, sur lequel le PS commence à faire campagne dans l’optique de la présidentielle, devient une «proposition hasardeuse» qui risque de «diviser profondément les Français» dans le seul but d’attirer un «vote communautaire».

Précisons toutefois que si le PS fait preuve de constance sur la question depuis 1980 : ni François Mitterrand ni François Hollande n’ont tenu leur promesse de l’instaurer.

3. Le gaz de schiste

Lors de son retour à la vie politique, à l’automne 2014, pendant sa campagne pour la présidence de l’UMP, Nicolas Sarkozy a surpris en se prononçant pour l’exploitation du gaz de schiste, appelant à prendre exemple sur les Etats-Unis pour lutter contre le chômage avec cette nouvelle énergie créatrice d’emploi.

A l’Elysée, en 2011, il s’était pourtant personnellement opposé à l’exploitation de cette énergie par la technique de la fracturation hydraulique (seule éprouvée à ce jour), soutenant l’interdiction adoptée par le Parlement quelques mois plus tôt. «C’est clair et c’est définitif», avait-il assuré.

Candidat à sa propre réélection, M. Sarkozy avait commencé à infléchir sa position en 2012, en ne fermant pas la porte à l’exploitation «des ressources en hydrocarbures contenues dans notre sous-sol» – sans préciser s’il s’agissait des gaz de schiste – car elles représentent selon lui «un enjeu stratégique pour notre pays».

4. L’aide médicale d’Etat

Pendant la campagne présidentielle, le président-candidat Sarkozy s’était refusé à remettre en cause l’Aide médicale d’Etat (AME), un dispositif qui permet aux immigrés en situation irrégulière de bénéficier de soins médicaux. Il avait défendu cette «générosité française», tranchant avec la plateforme présidentielle de l’UMP pour 2012, qui proposait de la restreindre aux «situations d’urgence sanitaire» et aux «risques épidémiques».

Dans sa campagne pour la reconquête de l’UMP, en octobre 2014, il s’est pourtant aligné sur la ligne dure prônée par l’aile droite du parti, en réclamant sa suppression. «Le tourisme médical sous prétexte d’urgence, c’est un scandale !», s’est-il exclamé à Nice, avant de justifier dans Le Figaro son revirement une «explosion» du coût de l’AME… largement exagérée.

5. Le mariage homosexuel

Sans jamais proposer formellement d’ouvrir le mariage aux couples de même sexe, Nicolas Sarkozy a plusieurs fois changé d’avis sur le sort à réserver à l’union des couples homosexuels. Un long parcours, retracé l’an dernier par Libération, qui commence par l’intégration de l’union civile à son programme présidentiel de 2007. Une fois élu, il renonce toutefois à tenir sa promesse, arguant tantôt de la priorité de lutter contre la crise, tantôt des risques d’inconstitutionnalité de la mesure.

Pendant la campagne de 2012, M. Sarkozy renonce à reproposer l’union civile et se rabat sur une amélioration du pacs. Mais à l’occasion de son retour politique, à l’automne 2014, il juge finalement que «le pacs n’est pas suffisant», et propose d’abroger le mariage homosexuel de la loi Taubira pour le remplacer par… une union civile pour les homosexuels.

6. La laïcité et le voile

Nicolas Sarkozy semble également s’être largement éloigné de la «laïcité positive» qu’il défendait en 2004 dans son livre La République, les religions, l’espérance (Cerf).

Dès 2003, celui qui était alors ministre de l’intérieur s’opposait à François Hollande et à une bonne partie de son camp sur l’opportunité d’interdire les signes ostentatoires à l’école. «Avec cette loi, vous communautariserez les gens par ce que vous direz aux Français dont les familles croient qu’ils n’ont plus leur place dans l’école de la République», lançait-il au premier secrétaire du PS. Une position désavouée quelques mois plus tard par le vote de la loi dite «Stasi» par la droite.

«Totalement d’accord» avec Barack Obama quand celui-ci critiquait ceux qui dictent «les vêtements qu’une femme doit porter», le président Nicolas Sarkozy déclarait encore en 2009 qu’«en France, toute jeune fille qui veut porter le voile peut le faire. C’est sa liberté», à condition qu’il s’agisse d’un libre choix et que cela ne concerne pas des fonctionnaires au guichet des administrations.

A la fin de son mandat, en 2012, son ministre de l’éducation Luc Chatel avait toutefois pris une circulaire pour interdire aux femmes voilées d’accompagner les enfants lors des sorties scolaires. Après son retour politique, l’ancien chef de l’Etat a clairement repris à son compte cette ligne, en fustigeant la décision de la nouvelle ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, d’autoriser ledit voile au cas par cas lors des sorties scolaires. En mars 2015, il est même allé jusqu’à se prononcer pour l’interdiction du voile à l’université et contre les menus de substitution dans les cantines – positions à rebours du concept de «laïcité positive».

7. Le front républicain contre le FN

Tenant au début de sa carrière de la ligne traditionnelle du «front républicain» – consistant à appeler à voter pour la gauche en cas de risque de victoire du FN lors d’une élection –, Nicolas Sarkozy a changé son fusil d’épaule lors des cantonales de 2011, en inventant le concept du «ni-ni» : en cas de duel FN-PS, l’UMP n’appellera dès lors à voter «ni pour l’un ni pour l’autre».

Une tactique qui s’ancre dans les comportements des électeurs de l’UMP, qui sont de moins en moins nombreux à se reporter sur les candidats de gauche au second tour en cas d’élimination de leurs candidats. Et que l’ancien président a semble-t-il voulu appuyer en faisant rebaptiser son parti «Les Républicains».

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