Obscène

EDITORIAL - C’est l’un des principaux problèmes politiques français : en une ou deux décennies, la hausse des loyers a raboté comme jamais le pouvoir d’achat des Français. Dans les statistiques, celui-ci est stable : nous ne sommes pas dans les pays martyrs de l’Europe du Sud. Mais le coût du logement a réduit inexorablement la part du revenu disponible, jusqu’à atteindre des sommets obscènes à Paris ou dans certaines capitales régionales.

Le gouvernement a donc raison d’encadrer - raisonnablement - les loyers de la capitale, en attendant une extension ailleurs si l’expérience est concluante. Il ne fait d’ailleurs que s’inspirer d’un système depuis longtemps en vigueur en Allemagne. A une condition toutefois. Les mesures adoptées reviennent à mettre un couvercle sur la marmite pour l’empêcher de déborder. Fort bien. Mais tant que le feu restera vif, l’eau montera.

Le feu ? C’est évidemment le déséquilibre d’un marché immobilier où il manque quelque 800 000 logements pour satisfaire les besoins. Demande plus forte que l’offre : les prix montent. La relance de la construction est donc un impératif national dans un secteur qui a perdu 40 000 emplois en 2014.

Les professionnels estiment que l’encadrement risque de dissuader les investisseurs : éternel argument de l’effet pervers, qui n’est pas toujours faux. Il est pourtant une mesure simple qui pourrait améliorer la situation ici et maintenant : celle que propose le mouvement Nouvelle Donne, qui cherche dans tous les domaines de nouvelles solutions à gauche : investir le fonds de réserve pour les retraites (quelque 37 milliards d’euros) non sur les marchés financiers, comme aujourd’hui, mais dans l’immobilier. Avec cette force de frappe financière, l’Etat peut contribuer à rééquilibrer rapidement le marché.

Objections ? Impossibilités ? Peut-être. Il est temps de mettre la question sur la table.

Par Laurent Joffrin