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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
2 juin 2015

Pourquoi Sarkozy ne peut pas se passer de NKM

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ANALYSE - Agacé par la liberté de ton de sa numéro 2, le chef du parti Les Républicains avait de bonnes raisons de ne pas s'en débarrasser.

Je la garde ? Je la vire ? Le «Républicain» en chef a de graves problèmes à régler. Et il tient à ce que cela se sache. Certes, Nicolas Sarkozy a fini par décider de garder Nathalie Kosciusko-Morizet au poste de vice-présidente de l’UMP refondée. Mais personne ne devait ignorer que cette décision n’avait rien d’une évidence.

C’est pourquoi l’entourage de l’ancien chef de l’Etat avait fait savoir que NKM était convoquée mardi matin dans le bureau du chef et qu’elle serait sommée de dire clairement quelle est sa «priorité». User de sa «liberté de parole» sans craindre de contredire Sarkozy ? Ou au contraire «jouer collectif» à la tête du parti Les Républicains (LR) ? Dans la première hypothèse, elle prenait la porte. Dans la seconde, elle était confirmée à son poste de vice-présidente. C’est cette dernière qui a été retenue. Il faudrait donc en conclure que la frondeuse accepte de rentrer dans le rang. «Nicolas Sarkozy lui demande de travailler dans un esprit plus collectif. Elle l’a rassuré sur ce point», assure un proche du président de LR. Tout comme elle aurait accepté de se laisser déposséder de la définition de la ligne politique. Cette tâche revient désormais à l’ancien ministre Eric Woerth. Relaxé la semaine dernière dans l'affaire Bettencourt, il devient délégué général au projet.

«LIBERTÉ DE PAROLE»

NKM s’est empressée de faire savoir qu’elle n’avait pas du tout l’intention de «la fermer». En sortant du bureau de Sarkozy, elle a assuré que ce dernier avait «accepté le principe» de sa candidature à la primaire et qu’elle avait donc également obtenu de conserver sa «liberté de parole» pour défendre sa «ligne politique». Quant au projet de LR, elle avait elle-même, très logiquement, «demandé à en être déchargée». En tant que candidate à la primaire, n’a-t-elle pas vocation à développer ses propres propositions? Celles du parti ont de bonnes chances d’être négligée par les candidats.

Depuis l’installation de la nouvelle équipe dirigeante en décembre 2014, NKM ne s’est jamais retenue de donner son avis, souvent contraire à celui de Sarkozy. Elle est pour le mariage pour tous, pour les menus de substitution dans les cantines, pour le principe de précaution et pour le Front républicain anti-FN. Elle défend surtout ardemment le principe, comme Alain Juppé, d’une élection primaire aussi largement ouverte que possible aux électeurs de la droite et du centre pour 2017. Lors des dernières réunions de l’équipe dirigeante de l’ex-UMP, Sarkozy a sèchement recadré sa vice-présidente. Il n’avait pas apprécié que l’élue parisienne croie utile d’honorer de sa présence la cérémonie de panthéonisation présidée par François Hollande. Il n’avait pas supporté qu’elle se permette de critiquer l’organisation ce jeudi d’un débat sur l’islam au siège de LR. «Je trouve que c’est une mauvaise idée que ce soit la première convention de la nouvelle formation politique» avait-elle déclaré.

DEUX MAUX

Pour Sarkozy, NKM est un éternel dilemme. Il s’extasie devant son «talent» et l’assure de sa grande affection (d’ailleurs partagée par Carla Sarkozy, plus à l’aise avec cette droite branchée et mondaine qu’avec les gros bras de la Droite populaire). A ses côtés, elle est un gage d’ouverture et de modernité et sa candidature à la primaire aurait le mérite d’affaiblir Alain Juppé et Bruno Le Maire. Mais d’un autre côté, l’usage intensif qu’elle fait de sa liberté de parole est une insulte permanente à son autorité. Lui qui se vante sans cesse d’incarner le leadership, le voilà incapable de se faire obéir par sa vice-présidente. Mais en renvoyant NKM, il aurait paru se recroqueviller autour d’une poignée de disciples distribuant la bonne parole.

Entre deux maux, le patron de LR a donc choisi le moindre. Ce faisant, il rend un fier service à sa chère et impertinente protégée. Car pour exister, NKM a besoin du parti. Depuis sa défaite l'an passé aux municipales à Paris, elle n’a pas d’autre terrain de jeu. Sa bête noire Bruno Le Maire a pris un avantage considérable en se hissant, au côté de Juppé et devant Fillon, au rang de rival crédible de Sarkozy pour 2017. Les autres quadras ambitieux - Pécresse, Wauquiez, Bertrand - sont tous engagés dans la bataille des régionales avec de sérieuses chances de victoire. En attendant mieux, NKM avait donc tout intérêt à toper avec Sarkozy. Un accord gagnant-gagnant, comme on dit aussi au parti Les Républicains.

La Caricature de Daniel Hue

Je t'aime moi non plus 02

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