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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
26 mai 2015

Ça porte bonheur...

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Bactéries partoutHistoires d'urgences

C’est avec plaisir que je vous annonce que vous êtes un producteur très actif ! Certes, c'est de la merde, et beaucoup n’ont que ce talent dans la vie pendant que les autres l’évitent. À chaque selle, ce sont environ dix milliards d'entérobactéries et virus qui sortent de l’anus. N'ayez pas peur, ils ont toujours été là et le système immunitaire nous protège souvent. Une étude récente dans plus de 28 hôpitaux a cherché des solutions aux infections nosocomiales (infection potentiellement grave que vous attrapez lors d'une hospitalisation). Il est classique et médiatiquement facile de parler du lavage des mains. Un peu plus délicat d'expliquer les toilettes intimes et les soins quotidiens. Mais parler des chiottes, de l’évacuation des selles et du lavage du cul, ce n’est pas très facile dans la presse people, qui draine beaucoup de merde. Et pourtant : ce lieu est partout présent. Montrez les toilettes chez les particuliers, les cliniques, les lieux publics ou les restaurants... et vous aurez une idée assez précise de l’hygiène et des risques que vous frôlez.

Dans les hôpitaux, c'est pire que ce que vous pensez, car 13 % des malades utilisent des bassins. Vous savez, ce pot en plastique inconfortable et régressif pour les malades qui ne peuvent se lever. 43 % des malades ont des couches ! Eh oui, comme quoi la vie est une parenthèse entre deux couches, de la naissance à la fin. Enfin, 61 % des lits d'hospitalisation ont des chiottes partagées. Comme chez vous, en fait !

Alors, les chercheurs ont eu l’idée de mettre des petites boîtes de cultures bactériennes autour des toilettes et de laisser les gens aller faire leurs besoins. Résultat : les bactéries pullulent dès que vous faites vos besoins, tel un nuage d'attaque biologique. Ainsi, les cabinets de toilette avec la salle de bains intégrée se transforment doucement en immense salle de bactéries venues du tube digestif. Pire : ils ont mis en culture les brosses à dents et les affaires de toilette qui étaient à côté des chiottes... Tout est contaminé ! Vous vous lavez les dents avec les bactéries du voisin !

Alors, ils ont regardé ce que faisaient les douchettes de toilettes, souvent utilisées dans les hôpitaux : des geysers de germes avec projection nuageuse ! Ils ont examiné les tenues des médecins, les blouses des infirmières, les toilettes des blocs opératoires... Nous croyons être propres, et en fait nous sommes tous porteurs des projections de merde.

ALLEZ AUX TOILETTES OU EN GUERRE BACTERIOLOGIQUE

L'incidence dans les hôpitaux est majeure, car les infections nosocomiales viennent par là aussi. De plus, la récolte des selles et la propreté ont un coût financier comme des changements d’habitudes ! Par exemple, les lave-bassins ont été achetés aux États-Unis, mais conçus pour leurs modèles de bassins fendus au milieu, comme les cuvettes de leurs toilettes. Mais en France nous avons pris des bassins avec des cuvettes circulaires... Bilan, les machines ne les nettoient pas à fond et ils sont rarement propres, contaminant l'utilisateur. Il va falloir en acheter d'autres et ça va coûter des millions, sans oublier le détail : dans 65 % des cas, ils sont en panne au moins une fois par an.

Pour conclure, les chercheurs ont regardé les pratiques des personnels et des gens pour se nettoyer le cul après les selles... Catastrophique : les bactéries sont sur les mains, sur les vêtements et en particulier sur la cravate des hommes. Ainsi, les malades qui partagent les mêmes toilettes partagent, au bout de quelques jours, les mêmes bactéries digestives et se repassent des maladies !

Enfin, et peut-être le pire : les antibiotiques entraînent des résistances incroyables de la flore biologique digestive que vous déversez dans les égouts. L’incidence sur l’écologie est considérable. C'est donc toutes les chiottes qu’il faut revoir afin que nous ne soyons pas des bombes humaines à fragmentations multiples bactériennes. Alors, que faut-il faire ? Avoir des toilettes séparées de la salle de bains, se laver les mains avant et après, fermer la cuvette avant de tirer la chasse et utiliser de l’eau de javel diluée le plus souvent possible. Ainsi, l’un des lieux les plus tabous doit se moderniser pour ne pas mettre la santé publique dans la merde.

Patrick Pelloux

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