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Le Blog de Daniel HUE le Crouycien
14 mai 2015

Jean-Marie Le Pen cible Philippot : une pierre, deux coups contre Marine

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La stratégie et le poids du jeune mentor de Marine Le Pen sont de plus en plus contestés au sein du FN. En créant une association, Jean-Marie Le Pen veut attiser la rébellion anti-Philippot pour mieux déstabiliser sa fille.

Epargner sa fille pour mieux accabler son inspirateur, dénoncer l’évolution programmatique du parti pour prôner un retour aux sources du frontisme, la stratégie de Jean-Marie Le Pen s’éclaire de jour en jour. Et commence à inquiéter sérieusement Marine Le Pen.

La patronne du FN mesure les dégâts que la contre-offensive de son père produit en interne. L’ambiance se fait plus pesante au sein du Carré, le siège du parti à Nanterre, car en vieux roublard, Le Pen a choisi de cibler la principale faille de Marine Le Pen : Florian Philippot.

Florian Philippot, une cible en interne

L’influence croissante et l’omniprésence médiatique du jeune vice-président du FN agacent de longue date au sein du parti. Au congrès de Lyon, en novembre dernier, il n’était d’ailleurs arrivé qu’en quatrième position lors de l’élection des membres du comité central, loin derrière Marion Maréchal-Le Pen, Louis Alliot et le maire d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois. Ce score décevant avait été un premier signal d’alarme pour Florian Philippot.

Depuis, l’échec relatif du Front national au second tour des élections départementales a grossi les rangs de ses détracteurs. Beaucoup le rendent responsable de l’incapacité du parti d’extrême droite à conquérir la présidence du département de l’Aisne et, surtout, celle du Vaucluse.

Au deuxième tour, les reports des électeurs de droite sur les candidats FN ont en effet été "calamiteux" selon l’expression d‘un dirigeant FN. Il en impute la faute à un programme économique et social étatiste "dépensier et délirant" (sortie de l’euro, retour à la retraite à 60 ans, hausse des pensions et des salaires des fonctionnaires, etc.) qui aurait inquiété l’électorat de droite, notamment âgé.

Concepteur et principal porte-voix de ce programme, Florian Philippot, qui était allé jusqu’à applaudir la victoire de Syriza en Grèce, est donc devenu une cible en interne. Il réplique en exhibant à profusion ces courbes de sondage qui illustrent la "dynamique positive" du FN depuis 2011. Surtout, protégé par Marine Le Pen, Philippot demeurait jusqu'ici inatteignable. C’est à cette muraille que Jean-Marie Le Pen s’attaque.

En lançant l’offensive contre le vice-président du parti, qu’il juge responsable de son éviction, le fondateur du FN espère que d’autres bouches s’ouvriront au sein du parti pour s’inquiéter du poids grandissant du jeune énarque. Et contester sa stratégie.

"Les homosexuels qui chassent en meute"

Le Pen fait même d’une pierre deux coups : il cible celui qu’il considère comme le mauvais génie de sa fille… pour mieux réduire cette dernière à l’état de marionnette. "Marine n’arrivera jamais au pouvoir, elle n’a aucune chance, elle n’est pas compétente…", a-t-il glissé à l’un de ses récents visiteurs.

Enfin, parce que ce n’est pas à bientôt 87 ans qu’il va abandonner ses éternelles phobies, Le Pen s’attaque de façon particulièrement violente à Philippot en multipliant les saillies homophobes. Il cible les "mignons" qui le secondent et fustige "les homosexuels qui chassent en meute" en espérant attiser parmi les militants cette homophobie qui continue de ronger le parti d’extrême droite comme l’avaient, par exemple, illustré les pages Facebook de plusieurs dizaines de candidats frontistes dévoilées par l’Obs à la veille des élections départementales.

Dans le même temps, Le Pen joue sur un autre ressort qui parle, d’ordinaire, aux cadres de l’extrême droite : le complotisme. Il pointe le pedigree "chevènementiste" de Philippot et accuse "l'énarque" de s’appuyer sur un clan, et même sur une communauté, pour prendre le contrôle du parti et en changer la nature. Florian Philippot, un "agent du système" introduit au sein du FN pour le pervertir de l’intérieur ? C’est en substance le même procès que Le Pen avait fait, avec succès, à Bruno Mégret lors de la scission du FN en 1998.

Régler les comptes une fois pour toutes

Sa vie durant, le vieux leader d’extrême droite n’a rien apprécié autant que de jouer le rôle de force de nuisance, de "grand perturbateur" comme il disait jadis. Il l’endosse de nouveau avec une évidente jouissance.

En annonçant la création d'une "association des amis de Jean-Marie Le Pen", le fondateur du FN entend d’abord tester ce qui lui reste de popularité en interne avant le congrès programmé d’ici trois mois pour le déposséder de son titre de président d’honneur.

Le Pen ne se fait guère d’illusion. "Pour l’instant, je n’ai pas vu grand monde, ça ne se bouscule pas", soupirait-il, lassé, auprès d’un de ses amis venu dîner avec lui la semaine dernière. Il a vu revenir vers lui quelques-uns de ses vieux fidèles, comme l’ancien para Roger Holeindre ou l’ex-député européen Jean-Claude Martinez, qui avaient été écartés ces dernières années pour faire place nette à sa fille. Mais il a résisté à ceux qui l’incitaient à se porter de nouveau candidat aux régionales en Paca maintenant que sa petite-fille, Marion, hésite à se lancer.

Fatigué, Le Pen n’a pas l’intention de mener une nouvelle campagne électorale. Mais quarante-trois ans après avoir inauguré une PME familiale devenue prospère, il entend bien rassembler ses dernières forces pour régler ses comptes une fois pour toutes. Et vider l’héritage plutôt que de le laisser en de mauvaises mains.

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